UEFA – Sakho innocenté c’est un camouflet de plus pour la lutte antidopage du football

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Déjà que les bilans des contrôles antidopage de l’UEFA – que ce soit en saison régulière ou à l’Euro – surfe autour de zéro positif, lorsqu’elle épingle un joueur l’instance n’a qu’un seul objectif : trouver une excuse ou un vice de forme pour blanchir le fautif.

Le contrôle positif du Français Mamadou Sakho à un brûleur de graisse en est un bon exemple.

Rappelons les faits :  le 17 mars 2016, le vice-capitaine des Bleus est contrôlé positif à un fat burner (brûleur de graisse) à la suite de la rencontre Liverpool (son club) – Manchester United (1-1) en huitième de finale retour de la Ligue Europa. Le 23 avril, la radio RMC révèle que le défenseur français de Liverpool aurait consommé un brûleur de graisse dont il ne connaissait pas la composition « dans un intérêt purement personnel et thérapeutique afin d’éliminer sa masse graisseuse ».

 

MAMADOU

Mamadou Sakho

Privé de sélection pour l’Euro

Le joueur, dans un premier temps, est suspendu provisoirement par Liverpool, d’un commun accord, en attendant « des examens complémentaires ». Dans la foulée, l’UEFA s’empare du dossier et le suspend à titre conservatoire pour 30 jours jusqu’au 28 mai dernier. Premier effet collatéral de cette bourde : Didier Deschamps ne le sélectionnera pas pour l’Euro. Le 8 juillet, deux jours avant la finale perdue par la France (0-1) contre le Portugal, la commission de discipline de l’UEFA blanchit Sakho de son contrôle positif et dans un communiqué justifie ses motivations : « Après audition des avocats du joueur, des experts de laboratoires agréés par l’Agence mondiale antidopage (AMA) la commission de contrôle, d’éthique et de discipline a décidé de classer le dossier. »

De nombreux éléments montrent que l’instance européenne du foot s’assoit sur les faits.

–   Le produit incriminé – l’higénamine, un bêtastimulant brûleur de graisse comme le clenbutérol – est détecté dans les urines de Sakho. Si le laboratoire antidopage britannique (le match ayant eu lieu à Liverpool) transmet un procès-verbal de test positif c’est que le produit obligatoirement fait partie de la liste sinon il ne l’aurait pas mentionné dans son rapport.

 Mise en garde sur l’higénamine, faux ami

 –       Le 12 février, donc un mois avant le test non-négatif du défenseur des Reds, l’Organisation nationale antidopage de Wallonie (ONAD) mettait en garde les consommateurs :

–      « Higénamine : attention, faux ami

L’higénamine (ou norcoclaurine), composante de compléments alimentaires, fait partie de la liste des substances interdites. Prudence. Non, un produit d’origine naturelle n’est pas forcément sans dangers. C’est le cas de l’higénamine ou norcoclaurine, un composant chimique naturel, extrait de plantes et utilisé dans la composition de compléments alimentaires. Ce composant est un bêta 2 agoniste et peut être dangereux pour votre santé. C’est pourquoi il fait partie de la liste des substances et méthodes interdites. En consommer est donc un fait de dopage. Nous vous rappelons de rester vigilant lors de l’achat et de la consommation de tout complément alimentaire. » Commentaire de l’ONAD du 12.02.2016

Donc l’higénamine est bien un produit prohibé connu comme tel par des instances antidopage et ce avant le match Liverpool-Manchester United.

–       Par ailleurs, même si la substance n’est pas listée nominativement, il n’y a aucun doute sur son classement parmi les dopants. En effet, à propos des stimulants, il est précisé dans la nomenclature établie par l’AMA depuis 2004 que sont interdites une bonne soixantaine de molécules mais aussi « d’autres substances possédant une structure chimique similaire ou un (des) effet(s) biologique(s) similaire(s). »

C’est le cas de l’higénamine, un bêtastimulant ayant des propriétés voisines de celles de l’éphédrine.

Pour les mêmes faits que Sakho, Diego Maradona a pris 15 mois ferme 

Pour mémoire, rappelons qu’aujourd’hui Diego Maradona devant cette mansuétude de l’UEFA envers Mamadou Sakho, doit l’avoir mauvaise, lui qui, en juin 1994, lors de la Coupe du monde aux Etats-Unis, a été exclu de l’épreuve pour un contrôle positif à un brûleur de graisse contenant de l’éphédrine. Il avait pris 15 mois ferme et 15400 euros d’amende.

MARADONA

Diego Maradona

Devant une telle mascarade de justice antidopage de l’UEFA, on attend que l’AMA et la FIFA fassent appel de cette non-sanction. Les deux instances ont le pouvoir de faire redresser le jugement. Peu probable qu’elles le fassent !

Au final, on a la confirmation une fois de plus que les affaires de dopage ne peuvent être traitées sereinement, sans conflit d’intérêt, par les instances sportives.

A quand une lutte efficace forcément assurée par une structure véritablement indépendante ?

Question subsidiaire : pourquoi des brûleurs de graisse ?

Pour quelle raison des sportifs de haut niveau qui s’entraînent au moins deux fois par jour sont-ils amenés à consommer de tels produits, surtout qu’à la fin des matchs, lorsqu’ils enlèvent leur maillot pour montrer leur musculature, on s’aperçoit qu’ils sont hyper affûtés avec un faible pourcentage de graisse ? On comprend mieux lorsqu’on sait que ces compléments alimentaires contenant de l’higénamine (le produit incriminé chez Sakho) ont des effets stimulants améliorant à la fois le temps de réaction, la vitesse de démarrage, la vista, la lecture du jeu et même la détente verticale. En clair, toutes les prises d’informations le sont en accéléré.

3 réflexions au sujet de « UEFA – Sakho innocenté c’est un camouflet de plus pour la lutte antidopage du football »

  1. Gérard BOUTTEVILLE

    Il faut lutter contre les consommateurs, contre ceux qui les encouragent ( clubs, fédérations, sponsors)Il faudrait faire le ménage dans certaines instances internationales (CIO, AMA) Il faudrait empêcher les fournisseurs et leurs complices de prospérer.Toutes les structures sportives professionelles devraient contribuer financièrement au soutien de la lutte antidopage

    • Merci de lire mon blog et de commenter mes analyses sur le dopage. En ce qui concerne la lutte antidopage le changement n’est pas pour demain lorsqu’on constate que depuis un demi-siècle le monde du sport professionnel (organisateurs, dirigeants sportifs…) ne met que très peu de ‘’billes’’ pour éradiquer le fléau et que les agences antidopage – AMA en tête – gèrent le contrôle et les règlements à la tête du client. Dans la récente affaire des rugbymen du Racing 92 épinglés à l’higénamine – un bêta stimulant – l’AFLD n’est pas exempte de reproche, loin de là. Et ce n’est pas vraiment la première fois qu’elle est carencée.
      Les sportifs sont souvent sanctionnés, les agences jamais.

  2. Gérard BOUTTEVILLE

    Et les médias, subventionnées…., effleurent rarement le sujet … et ensuite n’ insistent jamais : on a un exemple en cours avec le biathlon. Martin Fourcade a le courage de mettre l’ équipe russe en cause mais il est bien seul à protester. Agence mondiale , fédérations et autres complices traînent les pieds. Faut-il être inquiet pour sa sécurité ?

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