Indépendance : le maître mot de l’antidopage

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Les Fédérations internationales (FIFA, UCI, IAAF, etc.) et le CIO sont des entreprises de spectacles. Elles ne peuvent être à la fois l’organisateur et le garant des règles de l’éthique sportive et médicale. En droit, cela s’appelle un conflit d’intérêt et pourtant cette situation dure depuis cinquante ans  et ne pose aucun problème aux responsables politiques de tous bords.

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Ces instances sportives sont en conflit d’intérêt pour lutter efficacement contre le dopage

1988 – LE SPORT – Stephan Caron (FRA) : un organisme supranational de type UNESCO

« Si la lutte antidopage continue comme ça, on n’arrivera plus à faire la part entre la vraie performance et la vraie fausse performance. Je ne vois qu’une solution au problème : il faut que les sportifs prennent en main leur destin en créant par exemple une fondation dotée de moyens financiers qui serait placée sous l’autorité d’un organisme supranational de type UNESCO pour lui donner une véritable légitimité. Cette fondation permettrait de financer la recherche, d‘assurer la prévention et de mettre en place des moyens juridiques adaptés. C’est à ce prix seulement que le sportif retrouvera toute sa grandeur et qu’il pourra continuer à jouer pleinement son rôle de modèle vis-à-vis des jeunes. » Stephan Caron, 3e du 100 m nage libre des JO 1988 [Le Sport, 13.12.1996]

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Stephan Caron

1998 – L’EQUIPE – Jacques Chirac (FRA) : un organisme indépendant

« C’est très difficile de maîtriser le phénomène du dopage si on n’accepte pas une vraie discipline. C’est difficile aussi pour une fédération de sanctionner. Il faudrait un organisme indépendant, pour juger de tous les cas, scientifiquement, techniquement. Et les sanctions doivent aller au-delà du sportif. Mais, là aussi, il faudra une harmonisation européenne, bien sûr, mais surtout mondiale. » Jacques Chirac, président de la République française de 1997 à 2007 [L’Équipe, 28.01.1998]

 1998 – LIBÉRATION – Daniel Baal (FRA) : les fédérations ne doivent pas s’occuper du  dopage

« Les fédérations ne doivent pas s’occuper de la lutte antidopage. Mais si on veut attendre qu’un organisme indépendant se mettre en place, il faudra patienter des années… » Daniel Baal, président de la FFC de 1993 à 2001 [Libération, 12.10.1998]

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1999 – LE FIGARO – Philippe Lamblin (FRA) : totalement indépendant des fédérations, une sorte d’ONU

« Personnellement, je souhaite que soit mise en place une sorte d’ONU pour la lutte contre le dopage. Une structure totalement indépendante des fédérations. Une structure transversale tous sports confondus, qui éviterait que, pour le même produit, on prenne trois mois en athlétisme, six en football, ces derniers généralement purgés pendant la trêve. Mais en la matière, je suis considéré comme un Don Quichotte. » Philippe Lamblin, président de la Fédération française d’athlétisme de 1997 à 2001 [Le Figaro, 20.08.1999]

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Philippe Lamblin

 2000 – AGENCE FRANCE-PRESSE – Greg LeMond (USA) : le cyclise doit se distancer du  CIO, de l’UCI

« Je suis en faveur d’une coopération entre différents organes indépendants qui pourraient par exemple contrôler toutes les irrégularités, les corruptions ou les pots-de-vin concernant les histories de dopage. Je ne veux pas paraître critique mais le Comité international olympique n’est pas lavé de tout soupçon. Le cyclisme doit se distancer du CIO, de l’UCI pour éviter les conflits d’intérêts. Ainsi pourra-t-on enfin aboutir à un environnement sain. » Greg LeMond, cycliste professionnel de 1981 à 1994 [Agence France-Presse, 16.12.2000]

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Greg LeMond

2016 – ASSOCIATION MONDIALE DES OLYMPIENS (AMO) – Création d’un organisme de  contrôle indépendant des pays, des sports et des organisateurs

« Le plan Joël Bouzou. A la veille de la réunion de Lausanne, l’Association mondiale des olympiens présidée par l’ancien pentathlète tricolore Joël Bouzou (quatre participations aux JO de 1980 à 1992) a lancé hier un appel pour la création ‘’d’un mécanisme permanent permettant aux athlètes propres de concourir, même si leur pays ou leur sport est suspendu’’. Il s’agit là d’un des trois points d’un plan contre le dopage, dont les autres piliers sont un plus grand financement de la lutte antidopage et la création d’un organisme de contrôle indépendant des pays, des sports et des organisateurs. » Joël Bouzou (FRA), président de l’AMO et ancien pentathlète olympique [L’Equipe, 21.06.2016]

2016 – L’ÉQUIPE – Gilles Simon (FRA) : l’exception sportive a vécu

« L’affaire de l’IAAF, comme les accusations de l’ancien directeur du laboratoire de Moscou sur des contrôles russes truqués lors des JO de Sotchi en 2014, rappelle la nécessité de confier l’antidopage à une institution indépendante, structurellement et financièrement, des fédérations. L’exception sportive a sans douté vécu et les idéaux dont on pare le sport ne se sont jamais cognés aussi frontalement à la réalité de nos sociétés. » Gille Simon, responsable de la rubrique cyclisme à l’Equipe et du mensuel Vélo Magazine[L’Equipe, 24.06.2016]

Indépendance tous azimuts : chronologie des punchlines du Dr JPDM

« Les déclarations du prince de Mérode qui affirmait en 1992 que « seuls les imprudents se laissent prendre » confirment l’impuissance du CIO. Pour être efficace les contrôles antidopage devraient être faits par un organisme indépendant. » [in « Le CIO est complice », propos recueillis par Régis Gasquet). – Sport’s Magazine, 1996, n° 25, septembre, p 92]

« Il faut évacuer la lutte antidopage du milieu sportif ou la confier à un pouvoir réellement indépendant comme lors des enquêtes sur le sang contaminé ou les hormones de croissance. » [L’Humanité, 17.07.1998]

« La solution est la création d’une commission internationale indépendante du mouvement sportif et qui comprendrait des chercheurs de très haut niveau qui soient aussi bien payés que les grands sportifs. » [Le Journal du Dimanche, 26.07.1998]

« Il ne faut plus attendre pour mettre les moyens ; dès maintenant, il faut créer des laboratoires performants avec des chercheurs indépendants. Des médecins qui ne sont plus les copains des dirigeants sportifs ou des directeurs d’équipes. Des scientifiques bien payés et qui ne font que ça. » [Pèlerin Magazine, 1998, n° 6035, 31 juillet, p 16]

« La seule façon d’agir efficacement consisterait à sortir la lutte antidopage des griffes du CIO. C’est comme si le patron d’une entreprise était aussi le délégué syndical. » [Info Dimanche, 20.12.1998]

« Le problème réside dans le mélange des genres. Tant que les fédérations et les pouvoirs publics organiseront des contrôles en binôme, les résultats seront sujets à caution. » [Impact Médecin Hebdo, 1999, n° 455, 4 juin, p 41]

« Pour sortir de l’enfer de la tricherie, il faut retirer au monde sportif la responsabilité des contrôles pour la confier à un organisme indépendant comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS). » [Pèlerin Magazine, 25.06.1999, p 32]

« De même qu’un chef d’entreprise ne peut être délégué syndical, les instances sportives ne peuvent pas organiser et veiller sur la morale des épreuves. » [Pèlerin Magazine, 25.06.1999, p 32]

« Il faut retirer les contrôles et les sanctions aux pouvoirs sportifs et au ministère des Sports et les confier à un organisme indépendant. C’est la condition sine qua non pour éviter les dérives. Par ailleurs, cet organisme indépendant doit être aussi contrôlable et intégrer dans son enceinte un laboratoire d’observation et de recherche. » [Impact Médecin Hebdo, 1999, n° 472, 3 décembre, p 51]

« Quant à l’information et l’éducation, elles sont du ressort des fédérations. Si cette mission n’est pas remplie, l’organisme indépendant doit veiller à pénaliser. » [Impact Médecin Hebdo, 1999, n° 472, 3 décembre, p 51]

« Le ministère des sports ne peut être à la fois celui de la performance comme celui de la lutte antidopage. Il ne peut d’un côté vouloir engranger un max de médailles et de l’autre faire la chasse aux tricheurs. C’est ce que l’on appelle un conflit d’intérêt. »

« Depuis des lustres, les fédérations et les organisateurs ont cherché à préserver l’image de leur sport plutôt que d’affronter le dopage. »

« Dans le sport, la triche, le mensonge, l’hypocrisie sont des défauts humains très répandus.

Mais ce qui est particulièrement choquant, c’est l’inefficacité complice des gardiens du temple de l’éthique (instances antidopage, corps arbitral, commissaires de course…) » [blog JPDM, 20.07.2016]

« Les dirigeants sportifs les plus hauts dans la hiérarchie sont les responsables n° 1 du dopage par leurs aptitudes à minimiser le fléau. Depuis 50 ans, afin de glorifier leur action, leur message sous-évalue la réalité. »

 

Une réflexion au sujet de « Indépendance : le maître mot de l’antidopage »

  1. Laurent Grélot

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