Une réflexion au sujet de « Football – PSG – Des blessures à répétition : fatalité ou sanction d’une mauvaise gestion d’un pépin physique ? »

  1. Afin de pouvoir développer ses « qualités » de médecin dans une équipe sportive de haut niveau, il y a un certain nombre de conditions à rassembler :
    – il faut que la direction de l’équipe soit convaincue de la nécessité d’avoir une équipe médico-sportive de qualité dans son organisation. Ce n’est pas au médecin d’offrir ses services, mais à la société de venir le chercher, par profonde conviction de l’importance de cette fonction.
    – Cette recherche d’un responsable d’une équipe médico-sportive, qui doit absolument être le médecin, doit se faire selon des critères classiques dans la recherche de personnel : une mise au concours dans des revues de médecine ou médecine du sport par exemple, sur la base d’un cahier de charge bien décrit, afin de pouvoir choisir parmi un nombre de candidats répondant aux critères, et dépassant la notion « le fils du copain du caissier ».
    – La recherche doit s’orienter vers un vrai médecin du sport, polyvalent, plutôt que sur un spécialiste de la traumatologie, même si la demande de ce domaine est importante !
    – Le médecin sera engagé avec un contrat, une définition précise du temps de travail, un salaire évidemment, et une assurance responsabilité civile professionnelle (RC) en rapport avec les salaires de ses patients potentiels (on peut s’imaginer les exigences d’une star du foot mondial en cas d’erreur médicale ! La RC conventionnelle du cabinet ne suffira jamais.)
    – Il est impossible de s’occuper seul d’une équipe professionnelle. Il est indispensable d’avoir avec soi une équipe de médecins de divers horizons, de physiothérapeutes, de spécialistes en sciences du sport, de masseurs, etc. . Cette équipe doit se constituer petit à petit sous la conduite du médecin responsable qui en est le chef.
    – Il sera établi d’emblée une façon de travailler et de collaborer entre le secteur médical et le secteur technique. Le préparateur physique, par exemple, est un élément très important dans cette collaboration indispensable : s’il est compétent, il y aura moins de blessures que s’il n’est que moyen ! Il faut déterminer les responsabilités et les compétences de chacun, et il faut surtout tendre à une bonne entente. Difficile !
    – La direction du club doit absolument gérer cette question !
    – Le médecin est placé en face d’un sérieux dilemme : il est engagé (et payé) par le club, mais il soigne des individus. Le conflit d’intérêt n’est donc jamais loin !
    – Lors de la signature de contrat avec le joueur, les modalités à suivre en cas de problème de santé doivent être absolument définies et formulées par écrit. Le joueur blessé ou malade a certes droit au libre choix médical, mais en tant qu’employé du club, il a des devoirs indiscutables dans le domaine de la santé. Le club est responsable que ces devoirs soient respectés.
    En général, ces quelques éléments parmi d’autres encore ne sont pas bien réglés par les dirigeants de club, et donc les conflits décrits dans ton article inévitables et fréquents. Mais pas insolubles si l’on accorde au domaine médico-sportif l’importance qu’elle a dans la pratique !
    Dr Peter Jenoure – Médecin du sport suisse. A exercé au FC Neuchâtel-Xamax de 1976 à 1979. Est aussi instructeur médical FIFA depuis 1986. Aujourd’hui, médecin du FC Lugano, club évoluant en Super League.

Laisser un commentaire