Ce n’est pas parce que les Wundermädchen de RDA, en natation, étaient archidopées, que leurs adversaires américaines l’étaient moins. Le bilan des médailles olympiques entre 1968 et 1988 incite à la suspicion légitime même si les ondines étatsuniennes étaient moins baraquées. Ainsi, sur les 166 médailles disponibles, on en dénombre 66 pour la RDA – soit 40% – et 73 pour les USA – soit 44%.
Kornelia Ender (RDA) a collectionné les records en natation durant les années soixante-dix
Dans un but de performance athlétique, il est plus efficace de viriliser une femme (stéroïdes anabolisants) que de surviriliser un homme. Depuis plusieurs années, dans les stades d’athlétisme, les femmes sont autant épinglées par la brigade antidopage – voire plus – que les hommes. Pour mémoire, c’est dans les spécialités féminines (notamment athlétisme et natation) que grâce aux hormones mâles, l’Allemagne de l’Est avec ses Wundermädchen dominait le reste du monde.
Epoque où elle est sous stéroïdes anabolisants
Christiane Knacke quelques années après la fin de sa carrière et l’arrêt des stéroïdes anabolisants
La caféine ou triméthylxanthine, un dopant universel consommé par les sportifs depuis plus d’un siècle, à, en 2004, sur décision de l’AMA – bras armé du CIO – disparu de la liste rouge.
Ce retour en grâce par l’instance olympique a été motivé pour ne pas déplaire à Coca-Cola, son principal sponsor.
Olympisme et Coca Cola, un vieux couple toujours très complice
Cette interrogation, très pertinente, me met dans l’embarras car je n’ai pas de réponse suffisamment étayée par des études scientifiques.
Quoi qu’il en soit, on sait que 80% des individus ont été en contact avec le virus de la mononucléose infectieuse (MNI) sans le savoir. Généralement, la première rencontre se manifeste par une angine ou un refroidissement sans effets collatéraux surajoutés.
Il faut ajouter que l’on parle souvent de mononucléose à tort car bien longtemps après une première infection, à l’occasion d’une vraie grippe ou d’un ‘’coup de moins bien prolongé’’, on peut réactiver la production d’anticorps de la MNI initiale et les analyses sanguines pratiquées à l’occasion de ce deuxième évènement (grippe…) peuvent en imposer pour une nouvelle MNI.
Ces dernières années, des cyclistes de renom ont dû interrompre leur activité sportive plusieurs mois en raison d’une MNI : Rein Taaramae en 2012, Andrey Amador en 2013, Julian Alaphilippe, Marcel Kittel et Stefan Kung en 2015 et cette année Julie Bresset, la championne olympique de VTT de Londres 2012.
Dans les autres sports, on trouve également des têtes d’affiche comme en tennis : Henri Leconte en 1986, Justine Hénin en 2004, Mario Antic en 2007, Roger Federer en 2008, Robin Söderling en 2012. En ce qui concerne les explications de ce surnombre de cyclistes victimes de MNI, il faut rappeler que les cadences infernales sont propices pour faciliter la contamination par ce virus.
Attention aux cadences infernales
Une étude scientifique récente confirme que les cadences infernales à longueur d’année sans microcycle de repos compensateur, provoquent une dépression des défenses immunitaires. D’où, effectivement, une fréquence augmentée des infections chez les stakhanovistes du coup de pédale à haute intensité qui accumulent sans temps mort les sorties cyclistes et enchaîne les compétitions de haut niveau. Infections des voies respiratoires (rhumes, bronchites), fièvres et ganglions persistants, susceptibilité à l’hépatite virale, à la grippe et à la mononucléose infectieuse, sont la rançon de la gloire chez les pratiquants boulimiques.
Il faut savoir également que certaines drogues de la performance, notamment les glucocorticoïdes, peuvent diminuer les défenses de l’organisme et favoriser ainsi la MNI.
Problème : aucune étude n’a été entreprise afin de quantifier cette influence. Pour l’instant, ce n’est donc pas une certitude.
POST-IT
Dans un précédent article sur MNI et cyclisme paru dans le blog en juin dernier nous avions listé depuis les années 1970 les coureurs professionnels ayant eu une MNI symptomatique, nous vous proposons ici quelques cas d’athlètes et de joueurs (ses) de tennis connus(es) victimes de la MNI.
TENNIS
1986
Henri Leconte (FRA)
23 ans
Conséquences :
Deux ans avec des hauts et des bas
2004
♀ Justine Hénin (BEL)
22 ans
Conséquences :
Handicapée toute la saison 2004
Justine Hénin
2007
Mario Antic (CRO)
23 ans
Conséquences :
6 mois sur le carreau en 2007 (poussé à la retraite par la MNI)
2008
Roger Federer (SUI)
26 ans
Conséquences :
De Noël 2007 à avril 2008
Roger Federer
2009
♀ Jelena Dokic (AUS)
26 ans
Conséquences :
Se retire en 2014
2012
Robin Söderling (SUE)
28 ans
Conséquences :
Convalescent d’une MNI de 2012 à 2015, il décide de prendre sa retraite
2015
♀ Petra Kvitova (RTC)
25 ans
Conséquences :
Performances décevantes à Roland-Garros et Wimbledon
ATHLETISME
1968
Jym Ryun (USA)
800 / 1 500 m
Conséquences :
« Ce qui l’a arrêté de longues semaines dans sa préparation pour les Jeux de Mexico ». Donné grand favori du 1 500 m, ne termine que second
1985
Stéphane Caristan (FRA)
110 mh
Conséquences :
« Affaiblissement général depuis un mois et demi avec impossibilité de forcer à l’entraînement et des douleurs musculaires » [L’Équipe, 07.06.1985]
1988
Fatima Withbread (GBR)
Javelot
Conséquences :
« Pourrait manquer les Jeux »
Épilogue : elle remportera quand même la médaille d’argent à Séoul aux JO 1988
1991
Thierry Pantel (FRA)
Cross / 10 000 m
Conséquences :
« Une saison blanche »
1992
Roger Black (GBR)
400 m [JO 400 m 1996 (2e); JO 4 x 400 1996 (2e)]
Conséquences :
« A mis toute une année pour revenir et retrouva les podiums en 1994 pour devenir sur 400 m le dauphin de Michael Johnson aux Jeux d’Atlanta en 1996 » [L’Équipe, 12.02.1999]
1994
Elsa Devassoigne (FRA)
400 m
Conséquences :
« Stoppée deux ans et demi par la maladie d’Epstein-Barr, d’abord et par une double fracture de fatigue à chaque pied ensuite, la demi-finaliste du 400 m des JO de Barcelone (1992) fera sa rentrée le 01 mai à Fort-de-France [L’Équipe, 26.04.1996]
1997
Patricia Girard (FRA)
100 / 100 mh
Conséquences :
« Cela explique que parfois je vais bien et qu’à d’autres moments, par contre, j’ai un gros coup de barre » [L’Équipe, 15.08.1997]
1997
Marie-José Pérec (FRA)
200 / 400 m
Conséquences :
« Après une année blanche, je me réconcilie avec mon corps »
Marie-José Pérec
2008
Yohann Diniz (FRA)
Marche (50 km)
Conséquences :
« Ma mononucléose (fin avril, début mai) m’avait pompé beaucoup d’énergie » [L’Équipe, 09.10.2008]
Personnellement, nous nous intéressons à la Grande Boucle depuis les années Louison Bobet, notamment à l’occasion de sa victoire dans le grand Prix de la Montagne 1950. Depuis cette date, cela fait donc soixante-six ans, régulièrement, les organisateurs et leurs médias satellites, nous « vendent » le nombre de douze à quinze millions de spectateurs.
Or, si on compare la population française métropolitaine des années 1950 (42 600 000 habitants) et celle d’aujourd’hui (66 600 000 en janvier 2016 dont 64,5 en métropole), on compte une progression de 36%,ce qui en clair signifie que le nombre de spectateurs restant au bord des routes pendant des heures ne variant pas, on doit en déduire qu’ en proportion le Tour intéresse beaucoup moins les Français qu’à l’époque de la dream team du vélo où cohabitaient dans le même peloton les Fausto Coppi, Gino Bartali, Ferdi Kubler, Hugo Koblet, Louison Bobet, Jean Robic, Charly Gaul, Federico Bahamontès, Rik Van Steenbergen, etc.
Ajoutons que, de nos jours, le Français déserte de plus en plus les campagnes pour rejoindre les villes et comme, parallèlement, ces quinze dernières années on a enregistré une démographie très positive, le spectacle du Tour devrait mathématiquement drainer beaucoup plus de monde. Mystère des slogans… « Le Tour est une banderole publicitaire de quatre mille kilomètres »
Afin de démontrer que le chiffre des spectateurs n’a pas varié depuis 1948, du moins dans la presse, nous avons réunis au fil du temps, des extraits de journaux et autres documents témoignant de cette stagnation
1948 – Miroir Sprint – « Records battus »
« L’appareil à évaluer à un millier près le nombre de spectateurs ayant assisté du bord de la route, de leur fenêtre ou de leur balcon au passage du Tour de France, n’est as encore inventé…
Mais les avis sont unanimes : jamais le Tour n’a suscité d’aussi vastes mouvements de foule. Nul suiveur n’oubliera la mer humaine entre laquelle la caravane s’engagea aux approches de Toulouse. La traversée de la Sarre effaça des pensées cette image frémissante. Sarrebruck, Sarrelouis ! Sur des centaines et des centaines de mètres, les coureurs défilèrent entre deux haies épaisses de spectateurs où dominent, curieuse frise de têtes blondes, les ‘’moins de dix ans’’ (…) De Bastogne à Liège, le spectacle pour être plus classique, n’en restait pas moins impressionnant ! A Liège, des personnes payèrent jusqu’à 1 000 francs belges (35 euros d’aujourd’hui), une place de balcon qui leur permit de voir passer à 45 à l’heure quelques groupes anonymes de maillots bariolés. Et dimanche, le Nord de la France n’était qu’une Belgique multipliée par dix. Où s’arrêtera le pouvoir d’attraction du Tour ? » [Miroir Sprint, 1948, n° 114, 26 juillet, p 12]
1950 – Sport Digest – Quinze millions de spectateurs
Dans un article paru dans Sport Digest, un mensuel des années 1950, Pierre About, un journaliste de L’Équipe, fait pénétrer le lecteur à l’intérieur même de la caravane qui, sur 4 773 kilomètres de route, roule à 40 kilomètres de moyenne autour de la France, et démêle les rouages de cette mécanique complexe qu’est le Tour, avec sa caravane publicitaire, ses directeurs de course, ses journalistes, ses mécaniciens, sa police, ses infirmiers et… ses coureurs, sans oublier le public dont il évalue le nombre : « Le Tour de France touche en passant quelque chose comme quinze millions de spectateurs. » [1]
1953 – Le Miroir des Sports – Plus de quinze millions de français
Dans un hors série du Miroir des Sports, un hors série publié en juin 1953, avant le Tour de France, il est annoncé en titre d’un article : « Le dessinateur Paul Ordner a reconstitué (pour vous) ce défilé (impressionnant) du Tour de France. Une vision unique offerte tous les ans à plus de quinze millions de Français. »
1973 – Douze millions
« L’on estime à douze millions le nombre de spectateurs qui se rendent sur la route du Tour de France : 47,7% d’hommes, 26,7% de femmes, 27,6% d’enfants. 66,2% viennent des villes de plus de 60 000 habitants ; 19,5% de communes de 8 à 60 000 habitants ; 14,3% des villages. » [2]
1989 – Société du Tour de France : dix-huit millions
Claude Sudres (1931-2005), le responsable du service de presse de la Grande Boucle et des épreuves organisées par la Société du Tour de France de 1980 à 1989, dans le Magazine officiel du Tour 1989, révèle différents chiffres dont le nombre de spectateurs présents sur le parcours : « Le public sur la route du Tour est estimé à environ dix-huit millions de personnes. » [3]
2002 – Plus de vingt millions
Selon Pascal Charroin, maître de conférences et directeur du département STAPS de Saint-Etienne, dans l’ouvrage collectif « Pour un maillot jaune » publié avant le centenaire du Tour en juin 2003 : « Le Tour attire plus de 20 millions de spectateurs sur le bord des routes. » [4]
Dans le dossier de presse distribué le mercredi 24 octobre 2012, lors de la présentation du Tour 2013, ASO – la société organisatrice de l’épreuve – a fourni quelques chiffres relatifs au public :
« – 12 à 15 millions de spectateurs
– 70% d’hommes et 30% de femmes
– 80% de français et 20% d’étrangers
– 6 heures de présence en moyenne au bord de la route ».
Miracle à Lourdes – « On se lève tous pour le Tour de France ! »
Dans le dossier de presse distribué le mardi 20 octobre 2015 lors de la présentation du Tour 2016, ASO a fourni les chiffres relatifs au public :
10 à 12 millions de spectateurs,
65% d’hommes et 35% de femmes,
80% de spectateurs français et 20% d’étrangers
Plus de 6 heures de présence en moyenne au bord de la route.
POST-IT
Pourquoi le chiffre de spectateurs stagne autour de 10 à 12 millions (source ASO) alors que, compte tenu de l’augmentation de la population française de 36% depuis 1950, on devrait noter une progression du même ordre, soit de 5,4 millions donnant un total de 20 millions. Or, en 2016, on est toujours selon ASO – l’organisateur de la Grande Boucle – à 10/12 millions.
Deux éléments sont à considérer pour expliquer ce recul des aficionados massés sur le bord des routes que fréquente en juillet le peloton des géants de la route : la télévision et le dopage.
La télévision – en 1950, on estimait à 3 500 le nombre de téléviseurs présents sur l’Hexagone.
Une télé des années 1950
Aujourd’hui, 98,5% des Français sont équipés de télévisions, ce qui donne une population d’appareils de 63,5 millions.
Ainsi, il est facile de comprendre qu’il est tentant de rester confortablement installé dans son fauteuil avec la clim ou le ventilo tout en regardant les très belles images de la course mais aussi la nature environnante avec ses sites remarquables. Pour cette raison de facilité, il y a beaucoup moins de gens qui se rendent voir la course lorsqu’elle passe loin de leur domicile.
Le dopage – En 1965, une loi antistimulants est promulguée, ce qui fait du recours aux drogues de la performance un acte délictueux. S’ensuit la mort de Tom Simpson en 1967 sur les pentes du Mon Ventoux, l’exclusion de Michel Pollentier en 1978 alors qu’il est maillot jaune, l’abandon en 48 h de toute l’équipe PDM victime d’un dopant mal réfrigéré, l’affaire Festina en 1998, l’opération Puerto en 2006… En 1950, d’une pratique ponctuelle (compétition) par absorption de pilules multicolores que les étudiants, les cols blancs, les médecins, les camionneurs consommaient eux aussi, la grande majorité du peloton est passé dans les années 1980 à la médicalisation high tech-performance. Nul doute que ce changement de comportement a pesé négativement sur l’enthousiasme du public pour voir passer de visu des « Rois de la Pédale » trop portés vers la divine seringue.
[1] Pierre About, Les Mille et une nuits modernes, Sport Digest, 1950, n° 21, août, pp 9-21 (p 17)
[2] Robert Janssens, Le Tour, Fleurs et Pleurs, Amsterdam (NED), éd. Hélios, 1988, 231 p (p 49)
[3]Le magazine officiel, L’évènement média : le Tour de France 1989, HS n°1, juin, 114 p (p 25)
[4]Maillot Jaune. Regards sur cent ans du Tour de France, Anglet (64), éd. Atlantica, 2003, 610 p (p 334)
Avec nostalgie, la plus grande épreuve cycliste du monde vient de se terminer. Rien de tel pour entretenir la passion pendant tout l’été que de distinguer faits et chiffres remarquables.
Irlande –
Une lanterne rouge « verte » : Sam Bennett (174e) inaugure le palmarès
L’Irlandais Sam Bennett, lanterne rouge du Tour 2016
174 –
Plus élevé nombre de coureurs terminant l’épreuve : 174 (sur 198 partants), soit 87,9%. Pourcentage jamais atteint depuis le 1er Tour en 1903, le 2e plus élevé date de 2009 (86,7%, 156 sur 180)
3 799 km –
Distance parcourue au total des 21 étapes. Il faut remonter 19 ans en arrière pour trouver plus : 3 943,8 km en 1997
11 ans –
C’est depuis la Deuxième Guerre mondiale et la reprise en 1947, le plus grand écart – 11 années – entre deux participations au Tour de France. Ce fait étonnant, on le doit à l’Espagnol Angel Vicioso Arcos qui, en 2005, a terminé 64e et en 2016 129e alors que dans l’intervalle, il n’a participé à aucune Grande Boucle.
L’Espagnol Angel Vicioso Arcos patiente 11 ans entre deux Tours (2005-2016)
17 ans –
Dans le classement du plus grand intervalle entre deux participations au Tours, ils sont 13 à avoir fait mieux que le coureur de la Katusha. Le plus grand écart appartient au Français Auguste Dufour participant à cinq Tours de France entre 1907 et 1928 mais surtout établissement un écart-record sans Tour de 17 ans entre 1910 (37e) et 1927 (ab 1re étape). Les treize premiers de ce classement à l’inverse de Vicioso n’ont pas terminé l’une ou les deux éditions aux extrémités de l’intervalle. Par ailleurs, les deux conflits mondiaux ont joué pour chacun des 13 « champions de l’intervalle », un élément majeur dans la responsabilité de ces années sans Tour de France.
42 ans –
L’Italien Matteo Tosatto, âgé de 42 ans au moment du Tour 2016 où il a pris la 145e place était donc le plus vieux concurrent de la 103e édition. En tenant compte que de ceux qui ont terminé le Tour depuis 1903, il est devancé par l’Italien Giovanni Rossignoli qui, en 1927, âgé de 44 ans a terminé 32e à Paris. Mais aussi par l’Américain Chris Horner et l’Allemand Jens Voigt, qui tous deux âgés également de 42 ans comme Tosatto, ont fait mieux au niveau du classement général : 17e pour Horner et 108e pour Voigt.
L’Italien Matteo Tosatto, âgé de 42 ans est le plus vieux concurrent du Tour 2016
Depuis le 1er juin 2016, Martial Saugy est remplacé par Tiia Kuuranne, une Finlandaise ayant fait des études de chimie et de pharmacie, jusqu’alors directrice du labo d’analyse du dopage d’Helsinki.
Tiia Kuuranne, directrice du LAD depuis le 1er janvier 2016
Bon courage à Mme Kuuranne et bon vent à Martial Saugy dans ses nouvelles attributions d’inventeur de nouvelles techniques de détection des substances dopante encore indécelables.
Tous les deux ont du pain sur la planche !
Matial Saugy, désormais concentré sur la détection des nouvelles substances
Le jeudi 14 juillet sur les pentes du Ventoux, Chris Froome, à la suite d’une chute provoquée par l’arrêt intempestif d’une moto bloquée par les spectateurs, se retrouve courant sur la chaussée et sans vélo à la main. La scène a bien sur fait le Tour de la planète.
Mais ce n’était pas une première pour un leader de la Grande Boucle parcourant pédestrement l’asphalte, le vélo tenu par la main.
Le maillot jaune n’étant apparu qu’en 1919, dix ans plus tôt, François Faber le leader du Tour en raison d’un incident mécanique (chaîne cassée) accomplit à grandes enjambées les derniers hectomètres de la 4e étape Belfort-Lyon ceint du maillot Alcyon et non de la tunique dorée emblématique.
Quelques années plus tard, Eugène Christophe, en 1913, leader de la course au début de la descente du Tourmalet casse sa fourche l’obligeant à parcourir à pied 14 km pour rejoindre une forge et rafistoler sa fourche afin de terminer l’étape à Luchon.
La House – 29 juin 1966 : manif contre le contrôle antidopage du Tour
Depuis ces deux exploits de la légende du Tour, le peloton maillot jaune compris a mis pied à terre pour quelques centaines de mètres : en 1976 à La House près de Bordeaux et en 1978 à Valence d’Agen.
Tour de France 1966 – 9e étape Bordeaux-Bayonne, 29 juin
Les géants de la route font, à la sortie du chef lieu de la Gironde au lieu-dit La House, 200 à 300 m à pied de protestation contre l’instauration des contrôles antidopage effectués pour la 1re fois de l’histoire du Tour, la veille à Bordeaux. Sur la photo, le maillot jaune du jour – Rudi Altig – n’est pas visible.
Valence d’Agen, tout le monde descend
Tour de France 1978 – 12e étape Tarbes-Valence d’Agen, 12 juillet
Protestant contre les horaires (le départ de cette étape était prévu à 7 h 35 du matin), les coureurs disputent la manche à très faible allure (entre 10 et 20 km/h) puis à 100 m de la ligne d’arrivée mettent pied à terre. Après un moment d’arrêt total, le peloton, porteurs des maillots distinctifs et nationaux en tête, franchi à pied l’arrivée, sous les coups de sifflets des spectateurs. Le jury des commissaires et les organisateurs décident d’annuler l’étape et tous les classements. Parmi les maillots de leaders des principaux classements, seul le maillot jaune Joseph Bruyère n’est pas visible sur la photo.
POST-IT :
effectivement un maillot jaune courant vers l’arrivée sans vélo, c’est vraiment du jamais vu. Rien d’étonnant à ce que le pionnier Chris Froome soit d’ascendance british. Si le Kenyan Blanc (surnom de Froome) avait participé aux Tours de France des années 1903-1920 et suivants, il aurait vite appris que courir sans vélo, c’est la disqualification assurée. Lors d’un incident mécanique (roue, fourche ou chaîne cassées), on pouvait changer la pièce sur le parcours mais pour prouver sa bonne foi, on devait ramener obligatoirement au prochain contrôle l’élément accidenté et inutilisable.
Interviewé par Philippe Brunel dans la rubrique « Entretien » de l’Equipe du 23 juillet, le neveu du cofondateur du journal Le Dauphiné Libéré, Thierry Cazeneuve nous explique qu’il a en 1998 appris l’existence du dopage organisé au sein même des équipes : « On découvrait que le dopage n’était plus une affaire individuelle, de pastoches, avec des bégaiements dans la nuit, comme à l’époque de Simpson, mais le fait d’une organisation au sein de Festina, de la Telekom, qu’il fallait financer. »
Le refus de savoir
Pour un journaliste sportif, c’est pas fort d’ignorer que la consommation des drogues de la performance sous la responsabilité d’un médecin d’équipe avait commencé environ trois décennies en amont. Par exemple, le team Peugeot du début des années 1970 était complètement médicalisée avec des substances interdites, la plupart indécelables. Un coureur présent sur le podium du Tour 1976 appartenant à une autre équipe a remportétrois étapes grâce à trois transfusions sanguines.
La responsabilité d’un journaliste sportif commence avec le refus de savoir.
En 2002, pour Sport et Vie, un bimestriel consacré au décryptage des compétitions et des performances, je m’étais intéressé dans ma chronique « Sur le front du dopage » au comportement de Thierry Cazeneuve dans les suites de l’affaire Festina.
J’avais intitulé cet écho : « Chassez Willy »
Sport et Vie, 2002, n° 74, septembre-octobre, p 69
POST-IT : l’effet pour la cause
Cazeneuve, comme la plupart de ses confrères, prend l’effet pour la cause en voyant en Willy Voet le responsable du cataclysme de 1998 et, par ricochet pour l’ancien patron du Dauphiné Libéré, sa perte d’enthousiasme pour la chose cycliste. Quelle hypocrisie !
198 coureurs au départ du Mont St-Michel le 02 juillet
Le nombre de nouveaux concurrents n’ayant jamais participé à la Grande Boucle (33), le 1er abandon (8e étape), le maigre peloton des renoncements (24), le fantastique pourcentage d’arrivants parmi les ‘’débutants’’ayant terminés (94%)
les 174 finalistes sur les Champs-Elysées le 24 juillet
Dites 33
Après les 33 néophytes sur la ligne du km 0 de l’édition 2016, alors que la moyenne annuelle des nouveaux concurrents de la Grande Boucle depuis 2000 est de 46 (soit un débours de 28%), on constate aussi lors de cette 103e édition que le premier abandon est enregistré au cours de la 8e étape – un record – puisque depuis 1947, la marque précédente d’un abandon se situait pendant la 5e étape en 2002 et 2005.
Dernier chiffre distinctif, accréditant la sélection de plus en plus rigoureuse des engagés par les équipes et la forte motivation des heureux élus pour atteindre les Champs-Elysées, concerne le faible nombre des abandons dans la majorité des cas après une chute. Ils sont seulement 24 à avoir quitté la course avant la ligne d’arrivée de la 21e étape le dimanche 24 juillet (174 arrivants pour 198 au départ du Mont St-Michel). C’est le chiffre le plus bas jamais atteint depuis 1986 année où le peloton avait grimpé à 210 unités pour se stabiliser depuis sept ans à 198. Le deuxième meilleur score est de 28 renoncements en 2010, le troisième de 29 en 2013.
Adam Hansen, le strongman des grands Tours
Avec sa 100e place au Tour de France 2016, Adam Hansen, le coureur australien de l’équipe Lotto-Soudal qui depuis septembre 2011 enchaîne sans interruption les trois grands Tours (Vuelta, Giro, Tour de France), en est à 15 participations toutes terminées. Cerise sur le gâteau, il n’a jamais fini lanterne rouge.
L’Australien Adam Hansen
Son concurrent le plus proche très éloigné dans le temps est l’Espagnol Bernard Ruiz, 3e du Tour 1957 qui entre la Grande Boucle 1954 et la Vuelta 1958 a couru 10 grands Tours consécutifs.
« Le Tour de France favorise la course aux armements biologiques non pas parce c’est une épreuve ‘’surhumaine’’ mais en tant que compétition hypermédiatisée.
En 2015 : diffusion TV dans 190 pays, 2000 journalistes, 46 millions de fans et followers. »
« Les complices passifs de la triche sous toutes ses formes sont omniprésents dans le sport de compétition. Dirigeants, journalistes, staffs, entraîneurs, directeurs sportifs voient maisne disent rien. Leur responsabilité commence avec le refus de savoir et de témoigner, au prétexte qu’ils ne sont pas des balances. Tout ce petit monde de lâches participe à la loi du silence et booste ainsi la triche, notamment le dopage. »