Dans un but de performance athlétique, il est plus efficace de viriliser une femme (stéroïdes anabolisants) que de surviriliser un homme. Depuis plusieurs années, dans les stades d’athlétisme, les femmes sont autant épinglées par la brigade antidopage – voire plus – que les hommes. Pour mémoire, c’est dans les spécialités féminines (notamment athlétisme et natation) que grâce aux hormones mâles, l’Allemagne de l’Est avec ses Wundermädchen dominait le reste du monde.
Epoque où elle est sous stéroïdes anabolisants
Christiane Knacke quelques années après la fin de sa carrière et l’arrêt des stéroïdes anabolisants
La caféine ou triméthylxanthine, un dopant universel consommé par les sportifs depuis plus d’un siècle, à, en 2004, sur décision de l’AMA – bras armé du CIO – disparu de la liste rouge.
Ce retour en grâce par l’instance olympique a été motivé pour ne pas déplaire à Coca-Cola, son principal sponsor.
Olympisme et Coca Cola, un vieux couple toujours très complice
Cette interrogation, très pertinente, me met dans l’embarras car je n’ai pas de réponse suffisamment étayée par des études scientifiques.
Quoi qu’il en soit, on sait que 80% des individus ont été en contact avec le virus de la mononucléose infectieuse (MNI) sans le savoir. Généralement, la première rencontre se manifeste par une angine ou un refroidissement sans effets collatéraux surajoutés.
Il faut ajouter que l’on parle souvent de mononucléose à tort car bien longtemps après une première infection, à l’occasion d’une vraie grippe ou d’un ‘’coup de moins bien prolongé’’, on peut réactiver la production d’anticorps de la MNI initiale et les analyses sanguines pratiquées à l’occasion de ce deuxième évènement (grippe…) peuvent en imposer pour une nouvelle MNI.
Ces dernières années, des cyclistes de renom ont dû interrompre leur activité sportive plusieurs mois en raison d’une MNI : Rein Taaramae en 2012, Andrey Amador en 2013, Julian Alaphilippe, Marcel Kittel et Stefan Kung en 2015 et cette année Julie Bresset, la championne olympique de VTT de Londres 2012.
Dans les autres sports, on trouve également des têtes d’affiche comme en tennis : Henri Leconte en 1986, Justine Hénin en 2004, Mario Antic en 2007, Roger Federer en 2008, Robin Söderling en 2012. En ce qui concerne les explications de ce surnombre de cyclistes victimes de MNI, il faut rappeler que les cadences infernales sont propices pour faciliter la contamination par ce virus.
Attention aux cadences infernales
Une étude scientifique récente confirme que les cadences infernales à longueur d’année sans microcycle de repos compensateur, provoquent une dépression des défenses immunitaires. D’où, effectivement, une fréquence augmentée des infections chez les stakhanovistes du coup de pédale à haute intensité qui accumulent sans temps mort les sorties cyclistes et enchaîne les compétitions de haut niveau. Infections des voies respiratoires (rhumes, bronchites), fièvres et ganglions persistants, susceptibilité à l’hépatite virale, à la grippe et à la mononucléose infectieuse, sont la rançon de la gloire chez les pratiquants boulimiques.
Il faut savoir également que certaines drogues de la performance, notamment les glucocorticoïdes, peuvent diminuer les défenses de l’organisme et favoriser ainsi la MNI.
Problème : aucune étude n’a été entreprise afin de quantifier cette influence. Pour l’instant, ce n’est donc pas une certitude.
POST-IT
Dans un précédent article sur MNI et cyclisme paru dans le blog en juin dernier nous avions listé depuis les années 1970 les coureurs professionnels ayant eu une MNI symptomatique, nous vous proposons ici quelques cas d’athlètes et de joueurs (ses) de tennis connus(es) victimes de la MNI.
TENNIS
1986
Henri Leconte (FRA)
23 ans
Conséquences :
Deux ans avec des hauts et des bas
2004
♀ Justine Hénin (BEL)
22 ans
Conséquences :
Handicapée toute la saison 2004
Justine Hénin
2007
Mario Antic (CRO)
23 ans
Conséquences :
6 mois sur le carreau en 2007 (poussé à la retraite par la MNI)
2008
Roger Federer (SUI)
26 ans
Conséquences :
De Noël 2007 à avril 2008
Roger Federer
2009
♀ Jelena Dokic (AUS)
26 ans
Conséquences :
Se retire en 2014
2012
Robin Söderling (SUE)
28 ans
Conséquences :
Convalescent d’une MNI de 2012 à 2015, il décide de prendre sa retraite
2015
♀ Petra Kvitova (RTC)
25 ans
Conséquences :
Performances décevantes à Roland-Garros et Wimbledon
ATHLETISME
1968
Jym Ryun (USA)
800 / 1 500 m
Conséquences :
« Ce qui l’a arrêté de longues semaines dans sa préparation pour les Jeux de Mexico ». Donné grand favori du 1 500 m, ne termine que second
1985
Stéphane Caristan (FRA)
110 mh
Conséquences :
« Affaiblissement général depuis un mois et demi avec impossibilité de forcer à l’entraînement et des douleurs musculaires » [L’Équipe, 07.06.1985]
1988
Fatima Withbread (GBR)
Javelot
Conséquences :
« Pourrait manquer les Jeux »
Épilogue : elle remportera quand même la médaille d’argent à Séoul aux JO 1988
1991
Thierry Pantel (FRA)
Cross / 10 000 m
Conséquences :
« Une saison blanche »
1992
Roger Black (GBR)
400 m [JO 400 m 1996 (2e); JO 4 x 400 1996 (2e)]
Conséquences :
« A mis toute une année pour revenir et retrouva les podiums en 1994 pour devenir sur 400 m le dauphin de Michael Johnson aux Jeux d’Atlanta en 1996 » [L’Équipe, 12.02.1999]
1994
Elsa Devassoigne (FRA)
400 m
Conséquences :
« Stoppée deux ans et demi par la maladie d’Epstein-Barr, d’abord et par une double fracture de fatigue à chaque pied ensuite, la demi-finaliste du 400 m des JO de Barcelone (1992) fera sa rentrée le 01 mai à Fort-de-France [L’Équipe, 26.04.1996]
1997
Patricia Girard (FRA)
100 / 100 mh
Conséquences :
« Cela explique que parfois je vais bien et qu’à d’autres moments, par contre, j’ai un gros coup de barre » [L’Équipe, 15.08.1997]
1997
Marie-José Pérec (FRA)
200 / 400 m
Conséquences :
« Après une année blanche, je me réconcilie avec mon corps »
Marie-José Pérec
2008
Yohann Diniz (FRA)
Marche (50 km)
Conséquences :
« Ma mononucléose (fin avril, début mai) m’avait pompé beaucoup d’énergie » [L’Équipe, 09.10.2008]