Réveillon – Faire la fête sous aspirine n’est pas forcément la meilleure tactique

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[publié le 31 décembre 2016]

En raison de son action supposée efficace sur la gueule de bois et sur les douleurs articulaires des addicts des dance-floor, l’aspirine va être omniprésente pendant la fiesta de la Saint-Sylvestre. Mais ce médicament le plus ancien et le plus consommé au monde n’est pas dénué d’inconvénients susceptibles de gâcher la fête.

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Comme toujours, il faut écouter la sagesse populaire avec son bon sens proverbial qui nous explique « qu’un homme averti en vaut deux ». Afin de vous aider à bien utiliser la fée aspirine en toutes circonstances : réveillon, gueule de bois, activités physiques… nous vous livrons toute une série de données pratiques plus faciles à capter que les informations de la notice que quasiment personne ne lit jamais, notamment avant de faire la fête.

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 George Cruikshank ‘’The Head Ache’’ (mal de tête), 1819

ASPIRINE – Une vieille dame plus que centenaire toujours en pleine forme

 Un tonique ancestral et universel au potentiel thérapeutique illimité…

 hoffmanLe chimiste allemand Félix Hoffmann (1868-1946) travaillant pour la compagnie Bayer réussit le 10 octobre 1897 la première synthèse simplifiée de l’acide acétylsalicylique (aspirine)

 La merveilleuse aspirine ou acide acétylsalicylique, est sans conteste le médicament le plus populaire au monde, et ce succès se maintient sans faille depuis sa découverte en 1897 par le chimiste allemand Félix Hoffmann.

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Le 1er février 1899, la firme allemande Bayer dépose la marque AspirinÒ qui est enregistrée sous le numéro 36433 par l’office impérial des brevets, le 6 mars suivant. Le terme Aspirin a été construit à partir de : « a » pour acetyl, « spir » pour acide spirique (ancien nom de l’acide salicylique) et « in », désinence commune en chimie industrielle de la fin du siècle dernier, le « e » final n’est que la francisation du mot allemand. En novembre, la Friedrich Bayer et Cie lance un analgésique breveté « Aspirin ». Ce nouveau médicament est d’abord fourni aux pharmaciens dans un flacon contenant 250 g de poudre. Cette dernière est ensuite proposée aux patients dans des sachets de 1 g.

 C’est un véritable tour de force si l’on songe aux bouleversements  intervenus dans la pharmacopée ces dernières décennies. Des molécules classiques ayant dû s’effacer devant de nouvelles venues, plus efficaces ou moins toxiques. Mais l’aspirine n’a pas été effleurée.

Non seulement elle a gardé toutes ses indications, mais de nouvelles voies thérapeutiques – et non des moindres ! – se sont ouvertes ces dernières années devant elle. Les pharmacologues n’ont-ils pas crédité cette substance, dont on croyait bien avoir épuisé toutes les possibilités, de propriétés antiagrégantes plaquettaires et de vertus inhibitrices de la formation de prostaglandines qui  interviennent dans les processus inflammatoires mais aussi dans la genèse de l’athérosclérose, atouts d’une portée inestimable qui font de ce vétéran un produit jeune, porteur de promesses nouvelles. En effet, bien des médecins estiment aujourd’hui qu’un des moyens les plus sûrs de prévenir l’infarctus du myocarde est de consommer de l’aspirine, à certaines doses cependant.  Parallèlement le sport lui aussi a découvert, très longtemps après sa mise sur le marché, qu’elle potentialisait l’effet stimulant de la caféine et qu’elle permettait de fluidifier le sang. Cette dernière action favorisant, à l’effort intense, la vélocité du transport de l’oxygène et des nutriments énergétiques mais aussi limitant l’épaississement du sang provoqué par un dopage à l’ÉPO.

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En 1999, les laboratoires Bayer fêtent les 100 cent ans de l’Aspirine

5 effets recherchés par les sportifs mais pas forcément validés par un consensus d’experts

 1 – Limiter la surchauffe de l’effort et du rayonnement solaire

 Elle réalise cette action par deux mécanismes. Elle fait transpirer et uriner en plus grande quantité. En règle générale, la température corporelle s’abaisse par diminution de la pro­duction de chaleur ou par augmentation de l’évacuation de la chaleur. L’aspirine abaisse la température du corps en favorisant la sudation. Elle ne ralentit pas le métabolisme. L’acide acétylsalicylique augmente aussi la diurèse en limitant la réabsorption d’eau au niveau des tubules rénaux. D’autre part, en rendant le sang plus fluide, l’aspirine facilite l’évacuation de la chaleur, notamment lors d’efforts de longue haleine tels que le mara­thon.

2 – Bloquer la douleur musculaire

 De nombreuses activités sportives favorisent les microtraumatismes et les douleurs qui en découlent. Les muscles à l’effort produisent certaines substances chimiques appelées prostaglandines. On pense que ce sont ces dernières qui provoquent les algies muscu­laires. L’aspirine bloquant la production de prostaglandine est largement utilisée par la gent athlétique.

 3 – Fluidifier le sang

Depuis 1954 il a été démontré que l’aspirine avait un certain pouvoir anticoagulant notamment en limitant l’agrégation plaquettaire. Cette fluidité accrue sous aspirine favorise l’endurance. En effet, lors d’un exercice musculaire soutenu, l’organisme se déshydrate en transpirant, il s’ensuit une concentration des globules rouges et un épaississement du sang. Par ricochet, les muscles étant moins livrés en oxygène, le rendement à l’effort baisse. Depuis des années, de façon empirique des sportifs spécialistes de l’endurance ont constaté qu’ils amélioraient leur prestation surtout s’ils s’activaient par temps chaud lorsqu’ils avaient absorbé de l’aspirine avant l’entraînement. En plus d’un meilleur apport en oxygène, la fluidité sanguine plus importante facilite l’apport des substances énergétiques vers les myofibrilles ou cellules musculaires. Son pouvoir fluidifiant est également recherché par les consommateurs d’érythropoïétine (ÉPO) dont le risque numéro un pour un athlète d’endurance est la thrombose. Toujours en raison de l’effet fluidifiant de l’aspirine, cette dernière « était fort appréciée par mauvais temps afin de détendre les muscles contractés par le froid ».

4 – Stimuler le système nerveux en association avec la caféine

 En dehors de rechercher une augmentation de la sécrétion d’ACTH par stimulation de l’hypophyse, les sportifs, afin de potentialiser leurs actions réciproques – analgésique et stimulante – associent l’aspirine et la caféine. Cette dernière bouste l’action antalgique de l’aspirine et de son côté l’acide acétylsalicylique renforce et prolonge l’action stimulante de la caféine en freinant son élimination rénale. Selon H. Gärtner et R. Pohl, les auteurs de ‘‘Stéroïde alternative’’ : « Il n’est pas nécessaire de recourir à de gros dosages pour obtenir un effet correct. L’expérience a prouvé que la bonne proportion serait 300 à 500 mg d’acide acétylsalicylique et 100 à 200 mg de caféine. » De même il a été démontré que l’aspirine potentialise l’action de l’éphédrine et qu’elle est un composant du cocktail ergogénique « éphédrine, caféine, aspirine », très prisé par les sportifs.

5 – Régénérer le tissu musculaire soumis à un entraînement intense avec des haltères très lourds

Selon les adeptes de cette indication de l’aspirine : « Durant ces phases d’entraînement très dur, les muscles, le tissu conjonctif, les tendons, les articulations et les os seront mieux protégés, étant donné que même les blessures les plus microscopiques guériront plus vite et ne conduiront pas à des blessures plus graves se révélant bien plus tard. »

POST-IT – Avantages et inconvénients médicaux

10 bonus

  1. Soulage à la fois les douleurs aiguës mais aussi chroniques
  2. Abaisse la température
  3. Action anti-inflammatoire (à doses élevées)
  4. Fluidifie le sang (antiagrégant plaquettaire)
  5. Prévient l’infarctus et les accidents vasculaires cérébraux
  6. Atténue les symptômes du coup de soleil
  7. Agit rapidement
  8. Effet analgésique accru si on l’associe à d’autres analgésiques mineurs
  9. N’entraîne pas de dépendance
  10. N’intervient pas sur le niveau de conscience ni sur l’état mental de la personne

6 malus

  1. Irrite la muqueuse de l’estomac et réactive les ulcères gastrique et intestinaux

  2. Provoque des éruptions cutanées chez certaines personnes allergiques

  3. Peut produire des troubles de la coagulation du sang

  4. Crée des problèmes respiratoires chez certaines personnes asthmatiques

  5. Potentialise les effets de l’éthanol : le pic de concentration en alcool dans le sang est augmenté de 25% en moyenne en cas de prise d’aspirine dans l’environnement immédiat du repas alcoolisé.

  6. Inefficace sur les douleurs des blessures de course telles que tendinites, élongations, périostites… A l’effort, les muscles produisent certaines substances chimiques appelées prostaglandines. On pense que ce sont ces dernières qui provoquent les algies musculaires. L’aspirine bloquant la production de prostaglandine est largement utilisée par la gent athlétique. Certains marathoniens absorbent jusqu’à huit comprimés d’aspirine en une seule prise trente minutes avant le départ afin d’obtenir un effet analgésique prolongé. Mais ce médicament ne bloquera pas la douleur qui accompagne une lésion authentique (tendinite, élongation, périostite …). Dans cette situation, il est plus que probable que de continuer à courir ne fera qu’empirer les choses et qu’en fin de compte, il faudra beaucoup plus de temps pour s’en sortir. En revanche, nous pensons, à la lumière de notre expérience prolongée, qu’il vaut mieux laisser au corps le soin de “crier” sa blessure afin de bien gérer, et sans délai, cette information. Face à une douleur de course, on peut adopter la règle suivante : s’arrêter impérativement si elle augmente avec le rythme de l’effort ou, au contraire, poursuivre son entraînement si elle n’empêche pas d’allonger la foulée et que son intensité demeure faible et constante

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Football – Décodage : pourquoi Samir Nasri ne risque rien… alors que dans le même temps l’Agence antidopage espagnole se trompe de cible et se ridiculise

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 énergétique[publié le 30 décembre 2016]

 

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L’Equipe, 29 décembre 2016

 

Les faits : dans une clinique privée de Los Angeles, pendant la nuit du mardi 27 au mercredi 28 décembre, Nasri – le milieu sévillan – a reçu une injection (perfusion ?) composée de polyvitamines (vit. C et B), oligoélément (zinc), acide aminé essentiel (lysine), ‘’combinés avec des nutriments spécialement formulés pour aider à combattre les superbactéries et les virus courants’’. Précisons que ces deux derniers termes n’apparaissent, pour appâter les gogos, que dans des centres anti-Age ou  de remise en forme et dans les instituts de beauté.

 Compte tenu de la notoriété de l’international français, la clinique en a profité pour publier sur son compte Twitter une photo de Samir Nasri en compagnie d’une infirmière de l’établissement accompagnée d’une légende révélant que le joueur de Séville a reçu un traitement par injection pour « le maintenir hydraté et au top de sa santé durant sa saison chargée de football avec son club espagnol ».

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Samir Nasri et l’infirmière de l’établissement spécialisé en soins vitaminés

Sur ce, l’Agence antidopage espagnole (AEPSAD) s’est crue autorisée d’ouvrir une enquête sur la nature des produits et la quantité de liquide injectées.

Commentaires – Pétard mouillé ou scoop sur le dopage d’un footeux ?

Déjà, c’est une première mondiale que sur la foi de tweets et d’images et en l’absence de tout prélèvement officiel, une Agence antidopage poursuive un sportif ! Mais là où ça devient comique c’est que le gendarme antidopage soit de nationalité espagnole alors que ce pays – depuis des décennies – a contribué efficacement à l’extension du dopage sportif notamment avec l’affaire Puerto en 2006.

Mais sur quels critères peut-on poursuivre Nasri dans la mesure où il n’a jamais subi – pour cette affaire – un contrôle antidopage dans les règles (urines, sang) ? Si le test a lieu dans les jours qui viennent, il est probable qu’il sera négatif de chez négatif. En ce qui concerne la perfusion, on voit mal comment l’AEPSAD peut l’épingler. Rappelons que les perfusions intraveineuses sont prohibées par l’Agence mondiale antidopage (AMA) depuis janvier 2005. Elles figurent  dans la rubrique « Manipulation chimique et physique » au paragraphe 2 : « Les perfusions intraveineuses et/ou injections de plus de 50 ml par période de 6 heures, sauf celles reçues légitimement dans le cadre d’admissions hospitalières, les procédures chirurgicales ou lors d’examens clinique ».

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Liste Agence mondiale antidopage 2016-2017

 En clair, cela veut dire qu’en dehors et/ou en compétition, les sportifs peuvent recevoir toutes les 6 heures une injection de 50 ml d’un produit de son choix à condition qu’‘il ne soit pas prohibé par l’AMA.

Au final, l’Agence antidopage espagnole sera bien sûr en peine d’apporter la preuve que Nasri a subi une perfusion supérieure à 50 ml.

Signalons que la méthode de la perfusion (500 ml), couramment utilisée dans le monde du sport notamment en récupération entre, par exemple, les matches de foot ou les étapes d’une épreuve cycliste de plusieurs jours, n’entraîne jamais de sanction puisqu’il faudrait que le contrôleur assiste de visu à la perfusion. On sait depuis les propos de François Hollande que les footballeurs ne sont pas fute-fute mais à ce point-là, difficile de croire qu’ils laissent entrer dans la pièce où se déroule la perfusion prohibée l’officiel des expertises biologiques.

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Samir Nasri sous les couleurs du club espagnol de Séville

 Ajoutons que l’Agence antidopage espagnole se trompe de cible. En effet, tout le monde l’a compris : ce sont les médecins et les établissements qui pratiquent ce genre de soins qui doivent en priorité maximale être éradiqués.

4 repères – La perfusion est prohibée depuis janvier 2005 :

  1. Lorsqu’elle dépasse 50 ml toutes les 6 heures [précisons que le principe de la perfusion est proscrite en dehors d’un acte thérapeutique (voir plus haut les exemples de l’AMA : collapsus…) car cette injection accélère de façon sensible les délais de la récupération hydrique et énergétique]

  2. Lorsqu’elle contient bien sûr une substance interdite ; c’est seulement dans ce cas précis que le sportif peut être contrôlé positif et sanctionné,

  3. Lorsqu’elle est administrée dans l’environnement immédiat d’une compétition mais aussi lorsqu’elle est utilisée en dehors d’une épreuve sportive,

  4. Mais tout cela – en dehors du point 2 – n’a qu’une valeur théorique car même si la perfusion ne contient aucune substance figurant sur la liste de l’AMA, cette technique est indétectable par un contrôle antidopage classique portant sur l’urine et le sang.

Punchlines Dr de Mondenard

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[publié le 28 décembre 2016]

N° 79

Dopage généralisé – Le pétard mouillé d’une responsable russe fait le buzz dans la presse occidentale

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Pour tous ceux qui suivent les soubresauts de la lutte antidopage depuis les années 1970, de vouloir faire le buzz sur « la reconnaissance par les responsables russes de l’existence d’un système de dopage des sportifs » montre bien l’amnésie chronique des médias occidentaux, français compris.

Depuis 60 ans, les Soviétiques puis les Russes ont toujours considéré que la compétition de haut niveau fragilisait les sportifs et qu’il fallait médicalement les soutenir. En clair, depuis le début de la participation des Soviétiques en 1952 et ensuite des Russes, le dopage est sous la coupe de l’Etat comme toutes les autres activités de ce pays. Bien entendu, la naïveté deviendrait pathologique si les mêmes médias croyaient que seuls les Russes sont dopés à grande échelle !

N° 80

‘’C’est caricatural’’ , le seul argument des politiques

 L’homme politique dès qu’on lui met le nez dans ses contradictions, ses mensonges, ses réponses bidon, n’a qu’un mot à la bouche : « C’est caricatural », croyant ainsi dénoncer la faiblesse des critiques. Comme de bien entendu, il n’apporte aucun contre-argument à ces mêmes critiques. Par exemple, vous expliquez que le dopage est beaucoup plus répandu qu’indiqué par les services de l’Etat. Il vous rétorque que les chiffres des contrôles ne donnent que 1% de positifs démontrant ainsi que le dopage est peu répandu. Sauf qu’un test négatif est la preuve de rien du tout puisqu’il y a plusieurs possibilités d’échapper au contrôle. Et c’est là où on touche le fond de l’imposture car pour seule défense il ne sait qu’éructer : « C’est caricatural ».

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 Comme les trois singes, l’homme politique ne veut rien entendre qui le dérange, ne rien voir qui le confonde et… ne pas avouer ses ‘’comptes à l’étranger’’

 

Lendemains de réveillons arrosés 3 XL – Afin de ne pas déchanter, rien ne sert de courir pour transpirer, il faut dessaouler à point !

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[publié le 27 décembre 2016]

A lire avant le réveillon de la Saint-Sylvestre.

 On « ramasse une banane » et on se retrouve avec « le nez dans le pâté », la « tronche en vrac » avec une bonne « gueule de bois ». On croit qu’une petite sortie cycliste ou un jogging seront efficaces pour « éliminer le charpentier de chez soi » alors que la seule mesure bénéfique consiste à prendre tout simplement l’air.

En raison de son statut d’homme sain et de l’entraînement de ses muscles à éliminer les nuisances du corps, un sujet hyperactif tel que le sportif de compétition, serait moins exposé que le gros peloton des sédentaires aux difficultés des lendemains de fêtes organisées après une victoire ou un podium. La pratique de l’exercice physique fait partie des innombrables moyens utilisés pour essayer d’atténuer les désagréments de la « gueule de bois ». Mais, comme les autres, il a fait preuve de son inefficacité dans ce domaine…

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 L’ALCOOL DIMINUE LA RÉSISTANCE À L’EFFORT

Au contraire, l’alcool diminue les possibilités d’adaptation de l’organisme à l’effort. En effet, lors d’une activité musculaire intense réalisée à la suite d’une ingestion excessive d’alcool, le rythme cardiaque et la tension artérielle atteignent des niveaux inhabituels, l’irrigation sanguine de la peau se fait au détriment de celle des muscles; ces derniers voient ainsi leur force et leur résistance s’altérer rapidement. De plus, la cure de mouvements provoque des impulsions mécaniques, surtout au niveau de la tête et de l’abdomen, qui n’arrangent pas la situation !

Comme on le voit, le sport ne constitue pas le remède idéal pour dissiper les conséquences d’une soirée un peu trop « arrosée » d’autant que même la transpiration, facteur souvent invoqué comme très efficace, n’élimine pas plus vite l’alcool.

 

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 Gueule de bois : courir, c’est pas la bonne méthode pour ne plus avoir mal ‘’à la tronche’’

 

Pas de remède miracle 

« Très mauvaises nouvelles pour les fêtards ! Après une analyse fouillée de tous les remèdes de grands-mères, des pseudo-conseils de copains avertis et de toute une pharmacopée plus ou moins folklorique le verdict est sans appel : rien ne permet d’éviter une gueule de bois si l’on a trop bu d’alcool. Rachel Vreeman et Aaron Carroll tous deux chercheurs à l’École de médecine de l’Université de l’Indiana (Etats-Unis) viennent ainsi d’en dresser le constat dans le British Medical Journal après avoir épluché toutes les études scientifiques menées avec rigueur sur le sujet. Qu’il s’agisse donc d’un jus de fruit, un café bien serré, un verre de lait, une cuillerée d’huile supposée tapisser les parois de l’estomac, ou encore comme y invitent moult sites Internet un bouillon salé, un œuf poché ou du pain grillé… Rien n’y fait. Côté médicaments ou compléments alimentaires, les résultats ne sont pas plus satisfaisants : les conclusions d’un examen exhaustif montrent que le propranolol (un bêtabloquant), le tropisétron (qui prévient les nausées et vomissements dans le cas de chimiothérapie) ou l’acide tolfénamique (un analgésique anti-inflammatoire surtout prescrit en médecine vétérinaire), tout comme les pilules à base de bourrache, d’artichauts ou encore de figues de barbarie. Tous ont échoué à soigner la gueule de bois. Glucose ou fructose ne sont pas plus efficaces soulignent les scientifiques. » [Le Figaro.fr, 24.12.2008]

 UNE BONNE SUÉE NE SUFFIT PAS

Par exemple,  lorsqu’un homme pesant 70 kg fait la fête en trinquant avec un litre de vin à 12°, il absorbe du même coup 96 g d’alcool (un litre à 12° contient 120 ml d’alcool. La masse volumique étant 0,8, cela donne : 120 ml x 0,8 g = 96 g) (*). Une faible partie (5 %) est rejetée par la respiration (alcootest), les urines et la peau.

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 Transpirer ‘’ça fait suer’’ et ça n’élimine pas plus l’alcool

 En transpirant abondamment, le sportif n’en éliminera par ces trois voies que 4,8 g. Tout le reste, soit 91 g est évacué au rythme lent habituel, à raison de 1 g par heure et par 10 kg de poids (70 kg = 7 g). Donc, malgré une bonne suée, il faut 13 heures pour que l’alcool contenu dans le litre de vin à 12° soit complètement éliminé du corps de ce sujet pris pour exemple (91 g : 7g/h = 13 h). En conséquence, on peut donc affirmer que, contrairement aux discours souvent entendus, la transpiration n’accélère pas l’élimination du grand coup de trop ! Les douches froides, les bains turcs, les saunas favorisant la fuite de liquides sont également inopérants. Le temps semble être le seul remède efficace contre l’ivresse causée par l’alcool.

 Sauna : la grande illusion

Contrairement à une idée très répandue dans le milieu sportif, le sauna n’entraîne pas une élimination importante de l’alcool ou même des toxines musculaires telles que l’acide lactique.

Si la sueur de l’exercice physique ou du sauna ne sert pas à favoriser la fuite des toxines et des déchets métaboliques, elle permet plus simplement de lutter contre l’élévation de la température corporelle en s’évaporant. C’est ce que l’on appelle techniquement le mécanisme de thermorégulation. De même, l’acide lactique évacué par la transpiration ne provient pas du métabolisme mais des glandes sudoripares elles-mêmes. Il convient donc d’utiliser le sauna sans excès et en gardant à l’esprit son but : faire transpirer pour éliminer et boire ensuite pour renouveler.

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 Sauna : il faudra forcément boire plus… d’eau

Ce que l’on appelle familièrement la « gueule de bois » est un état fort désagréable mais en réalité ces symptômes sont dus, moins à la drogue elle-même, qu’à ses conséquences. En particulier, le mal de tête épouvantable que l’on ressent – pour lequel les Norvégiens ont une expression imagée : « Il y a des charpentiers chez moi » – est provoquée en partie par la fatigue due à la fête (manque de sommeil, décibels, suralimentation etc.), en partie par la modification des fluides cérébraux due aux boissons alcoolisées. L’alcool n’est certes pas étranger à la nausée qui accompagne souvent ce mal de tête consécutif à l’ivresse mais les diverses substances chimiques incorporées au cours de la fabrication des liquides euphorisants y sont également pour quelque chose. Les liqueurs riches en « congénères » comme on appelle ces ingrédients – additifs, engendrent une griserie particulièrement mal ressentie le lendemain, alors que le gin et la vodka qui en contiennent peu, sont relativement mieux supportés.

 La veisalgie du fêtard

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La veisalgie, terme médical pour la gueule de bois, est une affection de lendemain de fête. Les symptômes interviennent en effet plusieurs heures après la consommation d’alcool au moment alors même que les taux dans le sang approchent la valeur zéro. La digestion de l’alcool suppose un énorme travail du foie : dans le meilleur des cas il peut éliminer environ 35 ml d’alcool en une heure, soit une bière ou un verre de vin (…) Petite précision, les alcools sombres tels que le vin rouge, la tequila ou le whisky riches en toxines appelées « congénaires » présentent plus de risque d’induire des veisalgies que des alcools blancs tels que vodka, rhum ou encore vin blanc. Il est également recommandé d’éviter les mélanges. [Le Figaro.fr, 24.12.2008]

 LA SOIF DU LENDEMAIN

Le symptôme le plus caractéristique qui se manifeste à la suite de l’ivresse est, au contraire, uniquement le fait de l’alcool. Nous voulons parler de la langue sèche (d’où « gueule de bois »), allant de pair avec une soif dévorante. L’alcool non seulement accélère l’élimination de l’eau dans la vessie, ce qui entraîne la soif, mais encore a pour effet de transférer l’eau demeurant dans l’organisme de l’intérieur des cellules vers les liquides extracellulaires. Cette déshydratation partielle des cellules se répercute sur certains centres du cerveau, créant une sensation de soif très pénible et qui n’est pas totalement justifiée par le besoin en eau de l’organisme.

 Les méfaits de l’aspirine

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En raison des vertus tous azimuts de l’aspirine, certains s’imaginent qu’elle peut expulser  « les charpentiers de chez soi ». Bien au contraire, l’association alcool-aspirine fait monter très rapidement le taux d’alcoolémie. Une étude américaine réalisée par le docteur Risto Roine et son équipe du centre médical des vétérans du Bronx (New York) a mis en évidence que l’aspirine augmente la concentration d’alcool dans le sang quand elle est prise au moment d’un repas. D’autres travaux précédents n’avaient pas montré de lien, car les expériences s’étaient déroulées avec la collaboration de volontaires à jeun. En comparant les résultats repas + alcool avec ou sans aspirine, les médecins ont montré que le pic de concentration en alcool était augmenté de 25 % en moyenne en cas de prise d’aspirine. Ce qui est loin d’être négligeable et peut avoir une influence sur le comportement, notamment d’un sportif intempérant au sein d’un peloton. Il faut quand même que le dit sportif associe un repas arrosé et un comprimé d’aspirine.

Au total, on s’aperçoit qu’il est tout à fait inutile de se mettre à faire du sport quand on a la « gueule de bois ». Les maux de tête de cette très désagréable sensation correspondent à une augmentation de la pression intracrânienne liée à une dilatation de la substance cérébrale. Cet œdème du cerveau est très perceptible en raison de son carcan osseux inextensible. Dans cette situation, il est particulièrement mal venu de se mettre en action dans la mesure où l’effort augmente à la fois la pression sanguine et la transpiration, deux facteurs particulièrement efficaces pour « retenir les charpentiers chez soi ».

En revanche, il est souvent bénéfique de prendre tout simplement l’air… en marchant.

Après quelques heures – suivant la dose d’alcool ingérée – lorsque les ‘’charpentiers’’ ont pris congé, il est recommandé de reprendre ses activités sportives ou non.

 

RUGBY – La casse toujours en première ligne des bilans. Les dirigeants changent, le problème demeure en l’état au moins depuis… 1912 ! Comment changer de braquet ?

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[publié le 27 décembre 2016]

Cela fait donc plus d’un siècle que les ‘’gros pardessus’’ ne font rien d’efficace. Un grand coup de balai s’impose.

 En début d’année 2016, c’est Mourad Boudjellal – le patron du RC Toulon – qui déplore l’épidémie de pépins physiques concernant ses joueurs.

 Le nombre de blessures est démentiel

« Quand on voit le nombre de blessés c’est démentiel. La coupe du monde nous aura coûté très cher car on a  perdu quatre joueurs clés à cause de cette compétition (outre Paul O’Connell, Leigh Halfpenny, Matt Giteau et Frédéric Michalak). Je me demande même s’il ne va pas falloir lâcher une compétition (Top 14 ou coupe d’Europe). Si cela continue comme ça, on sera effectivement contraint de le faire. Aujourd’hui, avec l’effectif qu’il nous reste, on ne peut plus prendre le risque, sachant que l’on aura le plus de chance d’être au complet en mai seulement. »

Cette ‘’sortie’’ du président toulonnais a été publiée dans La Provence du 9 février dernier. Plus récemment, L’Equipe s’inquiète des commotions cérébrales en hausse et donne la parole à des experts en neurologie qui critiquent la fiabilité du protocole institué par World Rugby et les délais de repos insuffisants après un traumatisme crânien avec commotion cérébrale.

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                                                               L’Equipe, 26 décembre 2016

Rappelons que comme pour le dopage rien d’efficace ne sera fait tant que ce sont les instances sportives – ici celles du rugby – qui devront mettre en place les bonnes mesures et les faire appliquer.

Des conflits d’intérêt omniprésents

 C’est toujours pareil quand il y a conflit d’intérêt, on assiste au surplace des instances. Déjà en 1912, l’hebdomadaire La Vie au Grand Air s’insurgeait contre les dégâts traumatiques du rugby. C’était il y plus d’un siècle. On constate ainsi que le milieu du rugby est incapable de gérer les dérives inhérentes à la compétition.

Le nombre de blessures est en hausse sur tous les terrains. Refrain connu depuis… 1912 !

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  Indépendants du pouvoir fédéral

 Comme pour tout ce qui concerne le sport, quel que soit le niveau, c’est seulement la mise en place d’organismes totalement indépendants du pouvoir fédéral qui fera changer les comportements. On attend depuis des lustres que le dopage, la triche, la violence, le suivi médical, la casse, l’arbitrage soient sous la coupe de commissions affranchies des instances.

A chaque nouvelle élection à la tête du rugby, on nous annonce : « Vous allez voir comme cela va changer » et au final c’est toujours la même chose.

FRAUDE DE MASSE SUR LE MARATHON – Des “doublures” pour le compte d’autres qui veulent être classés sans se fouler et des “transferts” de parcours prémédités

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[publié le 24 décembre 2016]

    « Honni soit qui mal y pense »

 Tricher ! Une dérive de la compétition qu’elle soit professionnelle ou amateur, de haut niveau ou de masse.

Tout récemment, le 10 décembre 2016, alors qu’il court le semi-marathon de Xiamen (une ville de la côte sud-est de Chine), un concurrent s’écroule à 4,5 km du terme de l’épreuve victime d’une défaillance cardiorespiratoire fatale. Un accident de ce genre dans une course d’endurance n’est pas exceptionnel. En revanche, l’enquête va démontrer une pratique en pleine expansion : faire le parcours pour le compte d’un autre concurrent non partant.

 Des doublures en nombre

Selon le Quotidien de la jeunesse de Pékin, rapporté par l’Agence France-Presse du 19 décembre dernier, trente personnes ont été disqualifiées sur les 18 000 qui s’étaient inscrites pour participer l’épreuve. Le journal n’a pas précisé le motif de ces disqualifications mais selon lui, les lycéens qui parvenaient à se hisser parmi les cent premiers pouvaient obtenir des points en plus à l’examen d’entrée à l’université. Un enjeu susceptible de pousser à la fraude ? La triche est dénoncée par les internautes qui accusent la mode du marathon de conduire certains à des excès. « Sans entraînement ni même la volonté de gagner, tout ce qu’ils veulent c’est avoir leur photo sur les réseaux sociaux pour dire au monde entier qu’ils mènent une vie saine » peste un internaute cité par Chine nouvelle ».

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 AFP / L’Equipe, 22 décembre 2016

 Toujours dans l’Empire du Milieu, lors d’un marathon le 2 janvier 2010, un tiers des cent premiers ont fait une partie du parcours, tranquillement assis dans… un bus !

Cette pratique, bien sûr prohibée, est loin d’être inédite. Dès les premiers marathons olympiques, les bipèdes tricheurs utilisaient déjà des moyens de locomotion non mû par la seule force humaine tels que charrette à traction hippomobile. La triche, dérive séculaire, touche toutes les formes de compétition qu’elles soient scolaires, sociales, professionnelles, scientifiques, amoureuses (aphrodisiaques), politiques (corruption) et, bien sûr, sportives.

Parmi les ingrédients disponibles pouvant faire la différence, on trouve pêle-mêle la corruption, la simulation, l’antijeu, les agressions verbales et physiques, le dopage et en course à pied, réunissant des stars ou des anonymes, des ‘’doublures’’ pour le compte d’un autre, des « transferts » de parcours prémédités mais aussi d’autres impostures dont les cas sont rapportés plus loin.

Cette liste est loin d’être exhaustive dans la mesure où l’ingéniosité de l’homme pour tricher n’a pas de limite.

 70 ans avant J.-C.

Des écrits très anciens rappellent qu’en l’an 70 avant J.-C., un dénommé Eudelos inscrit aux Jeux olympiques, avait vendu ses chances à Philostrate, un autre compétiteur. Nous avons retrouvé dans La Vie Au Grand Air, une revue illustrée de tous les sports paraissant pendant le premier quart du XXe siècle, une grande enquête datant de 1910 consacrée « aux truquages dans le sport ». Comme pour le dopage où la confusion règne sur sa définition, l’éthique sportive paraît floue pour certains.

Par exemple, le cycliste français Jean Graczyck, lorsqu’il fut mis hors course du Tour d’Italie 1959, pour s’être accroché à une moto, eut une réponse assez inattendue : « Personne n’est venu me dire que c’était interdit !… »

 Effectivement, de nombreux athlètes ont résolu le problème en éliminant le mot « triche » pour le remplacer par « se débrouiller », beaucoup moins négatif pour leur image publique. Au fil des décennies, cette habitude consistant à contourner la règle n’a fait que s’amplifier. Les résultats d’une enquête publiée aux Etats-Unis en 1983, émanant de l’Institut de criminologie de New York, laissaient d’ailleurs bien augurer de ce qui se passe aujourd’hui. Sur huit mille sept cents personnes soumises au détecteur de mensonge entre 1972 et 1976, cinq mille trois cents – soit 61% – s’accusaient en priorité d’avoir triché dans une compétition sportive entre douze et dix-huit ans. On dit toujours, avec justesse, que l’exemple vient d’en haut. Or, les caméras indiscrètes de la dernière coupe du monde de football au Brésil, nous ont montré, et par la même occasion à tous les jeunes joueurs de la planète voulant s’identifier aux stars du ballon rond, une épidémie de tirages de maillots et bras étendus pour bloquer l’adversaire. Cette tactique n’a qu’un seul but : entraver et stopper les meilleurs.

 Tout le monde s’y met

C’est, bien sûr, toujours la différence de qualités et d’aptitude entre les hommes qui génère la tricherie des moins bons ou des plus faibles et, ensuite, avec la banalisation, tout le monde s’y met. Autre évolution perverse, à partir du moment où plus personne ne respecte la règle, il n’y a plus de « hors-la-loi ». C’est en tout cas l’analyse du canadien Ben Johnson après sont contrôle positif du 100 m des JO de Séoul en 1988 : « Je prenais des stéroïdes comme tous les autres qui étaient au départ avec moi ce jour-là. Nous nous sommes battus à armes égales, il n’y a pas eu de tricherie. Un tricheur contourne les règles pour gagner, ce n’est pas ce que j’ai fait, j’ai suivi les mêmes règles que les autres. Ceux qui m’ont traité en paria sont des hypocrites. »

Au début de l’année 1995, Madame Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Jeunesse et des Sports, déclarait la guerre à la tricherie. En s’adressant aux responsables du sport français lors de la traditionnelle cérémonie des vœux, elle affirmait : « Ne demandons pas à des jeunes de se comporter mieux que certains dirigeants ou certains commentateurs. » A cette occasion, elle voulait mettre en place un « comité de l’esprit sportif » et un code de déontologie du sport destiné à lutter « contre les nouvelles formes de déviance qui affectent la pratique sportive contemporaine ». Pour Mme Alliot-Marie, une telle opération « contre la tricherie et l’élégance du geste » devait s’inscrire dans la durée.

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 « Avoir du métier »

Or, on attend toujours et notamment que les commentateurs télévisés adoptent un langage moins pervers en supprimant de leur vocabulaire des expressions telles que « à du métier » pour signifier en fait : il est truqueur mais il le fait bien ou « saine agressivité » pour évoquer un joueur rugueux et à la limite de la violence.

Ainsi tout concoure pour que la mauvaise éducation se perpétue à grande échelle. De même, la plupart des entraîneurs sont des anciens sportifs connaissant tous les trucs ou ayant déjà goûté aux fruits défendus.

Répétons-le, la triche sportive sous toutes ses formes est inhérente à la compétition et peu importe le niveau qu’il soit très haut comme très bas. Afin de limiter cette dérive, il faut contraindre tous les acteurs – dirigeants, sportifs, officiels, éducateurs, journalistes – à respecter les règles et pour cela s’en donner les moyens.

En attendant que ce vœu pieux soit pris en compte, nous vous proposons toute une série d’impostures concernant la course à pied.

la suite…

Jours de fêtes, les contre-performances de l’alcool

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[publié le 23 décembre 2016]

Son association avec l’effort ne fait pas partie des ‘’gains marginaux’’ efficaces. Mieux vous connaîtrez les impacts négatifs de ce liquide euphorisant sur vos muscles et vos neurones, plus vous serez enclins à respecter votre corps tout en modérant les coups de pouce éthyliques afin de ne pas vous réveiller « la tête en vrac » car selon Ovide ‘’Plus on boit, plus on a soif…’’.

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Idée reçue – Zatopek, en course, carburait à la bière… la preuve du contraire

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[publié le 21 décembre 2016]

Sur la toile, nombreux sont ceux qui sans aucune légitimité de CV conseillent de consommer une bière après l’effort pour favoriser la réparation des fibres musculaires endommagées par la course. Afin d’accréditer leur thèse, ils mettent en avant que le célèbre coureur tchécoslovaque Emil Zatopek, triple champion olympique en 1952 (5000 m, 10000 m, marathon), buvait de la bière, même en compétition.

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Emil Zatopek

 

La Locomotive humaine buvait même en course… pas sûr !

 Ce fait m’a interpellé et j’ai voulu en avoir le cœur net. De tout ce que j’ai lu sur la locomotive humaine, le seul qui s’exprime sur cette boisson aux propriétés supposées énergétiques c’est Marcel Hansenne, un athlète olympique devenu journaliste à L’Equipe. C’était en 1947 lors du match France-Tchécoslovaquie, Hansenne témoigne : « Zatopek avait aussi cette particularité de ne jamais se sentir en forme. Avant les 5000 de France-Tchécoslovaquie, en 1947, il me déclara : ‘’ Je suis très fatigué en ce moment. C’est pourquoi je vais courir lentement aujourd’hui’’.  A la suite de quoi, il s’élança comme un fou et faillit doubler Alain Mimoun. Le soir du match, nous plaisantâmes ce dernier en annonçant le résultat de l’épreuve à la façon des six jours : 1. Zatopek, 2. Mimoun, à un tour. Cela faisait rire Mimoun aux larmes. C’était l’époque  où la course à pied ne faisait que l’amuser. Pendant ce temps, Zatopek buvait demi de bière sur demi de bière. Par le tempérament, il ressemblait sans doute au Jamaïcain Herbert Henry McKenley, un coureur de 400 m. Mais pas pour ce qui est du régime alimentaire. C’était un gouffre. »

Donc, suivant le 3e du 800 m des JO de Londres en 1948, Zatopek, s’en jetait quelques-unes après l’effort ; en revanche rien pendant la compétition.

Aucunes des nombreuses photos prises en course ne le montrent en train de boire

J’ai donc repris mes recherches, par exemple débusquer une photo du Terrassier de Prague – un autre surnom du Tchèque –  en train de boire une pale-ale en pleine course.

Dans mes archives, j’ai consulté un ouvrage écrit par l’un de ses biographes Frantisek Kozik qui, en 1954, lui a consacré du début de sa carrière à son apogée 78 pages de texte et 142 pages de photos. Dans cette iconographie abondante balayant entraînement et course aucun document ne montre Zatopek une bière à la main. Une seule photo le présente avec un bâton de relais. Rappelons qu’à l’époque, le règlement interdit les boissons en course sauf pour le marathon.

En 1952, lors de sa victoire à Helsinki sur 42.195 km de l’épreuve olympique, il va refuser toute boisson malgré un départ à 15 h 30 sous une chaleur torride. Une photo le montre passant près d’un contrôle de ravitaillement, alors qu’il est seul en tête, depuis la mi-parcours, il néglige le gobelet tendu par une officielle de l’épreuve olympique.

 

De nombreux spectateurs observèrent la course ; tous furent témoins du refus de Zatopek d’accepter le moindre rafraîchissement

 

Boire une fois pousse à boire plusieurs fois

Témoignage de Zatopek sur sa course victorieuse au marathon olympique d’Helsinki en 1952 :  « Des fruits et des boissons furent offerts aux coureurs au poste de secours placés au vingt-cinquième kilomètre. Le Suédois Gustaf Jansson [NDLA : il terminera 3e de l’épreuve] ne put résister à la tentation et prit un verre de jus de fruit qu’il but à longs traits; Zatopek dont la gorge était desséchée par la soif aurait aimé prendre le rafraîchissement que son corps réclamait impérieusement, mais impitoyable comme toujours envers lui-même, il s’abstint. Il savait par l’expérience acquise au cours de son entraînement que la plus minime quantité d’un liquide quelconque suffit à renverser l’équilibre de l’organisme. Si l’on commence à boire on éprouve un besoin irrésistible de boire encore et encore. On ne peut plus courir ; le corps une fois relâché ne réagit plus aux ordres de la volonté [NDLA : c’était le dogme de l’époque ‘’qui imposait de ne pas boire à l’effort car cela ‘’coupe les jambes’’’’]. Voilà pourquoi il refusa tout rafraîchissement, et, résolument, se, mit à grimper la côte suivante. » Frantisek Kozik. – Emil Zatopek. – Prague, éd. Artia, 1954. – 189 p (p 155)

Au final, Zatopek ne boit pas de bière en course ni pendant ni juste après mais ne se prive pas de ce type de boisson en dehors de l’effort.

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Emil Zatopek

Running et activités d’endurance : les malus de la bière

  1. La bière ne peut à la fois réhydrater tout en en éliminant les toxines
  2. Déshydrate : la bière bloque la sécrétion de l’hormone antidiurétique qui contrôle les quantités d’eau éliminées par les urines. En réalité, la bière est un puissant diurétique, à ce titre souvent utilisée pour faire pisser les sportifs, notamment les footeux en difficultés de miction lors des contrôles antidopage.
  3. Limite la tolérance à la chaleur et au froid
  4. Détruit la vitamine B1 ou théamine, un facteur-clef du métabolisme énergétique
  5. Affaiblit les facultés de coordination
  6. Réduit la force musculaire
  7. Diminue la capacité d’oxygénation
  8. Même une seule canette de bière peut couper les jambes, cet effet pouvant perdurer un à deux jours.
  9. Un seul avantage : facilite le sommeil post-effort (de façon empirique, plusieurs sportifs ont constaté cet effet facilitant l’induction du sommeil après un effort intense et prolongé).

La bière ne réussit pas à tout le monde

 A la même époque que Statu-Pekka (‘’Pierre le fabuleux’’, surnom donné à Zatopek par les Finlandais), Marcel Hansenne, spécialiste du 800 m et futur journaliste à L’Equipe, raconte ses démêlés avec la binouze.

C’est ce qu’il explique en faisant référence à sa médaille d’argent acquise dans la capitale belge : « La bière m’a d’ailleurs peut-être coûté le titre de champion d’Europe en 1950. Je m’étais présenté à Bruxelles avec trois kilos à perdre et fort décidé, en accord avec Gaston Meyer, à faire le nécessaire pour les éliminer. J’étais saturé d’athlétisme, à l’époque, mais un coup de collier d’une semaine était encore une chose possible. Deux fois par jour j’allais donc sur la piste d’un hippodrome de la banlieue bruxelloise où j’effectuais chaque fois, sous un soleil ardent dix kilomètres, revêtu de deux survêtements. Au bout de cinq jours de ce régime de forçat, je me présentai tout confiant sur la bascule. Mais ce fut pour m’apercevoir avec horreur que j’avais grossi de plus d’un kilo. Je crus que Gaston Meyer allait éclater de fureur quand je lui avouai qu’il n’y avait qu’une seule explication possible : les quatre ou cinq demis que je m’empressais d’avaler goulûment après chaque entraînement. A mon poids de forme, ce 800 mètres des Championnats d’Europe eût été fait sur mesure pour moi. Mais tel que j’étais, j’aurais dû le finir aux dernières places alors que je faillis le gagner. »

Emil ZATOPEK  – Repères

le 22 septembre 1922 à Koprivnica (Moravie du Nord)

Décédé le 22 novembre 2000 à Prague (78 ans)

Taille : 174,3 m (selon la presse : 1,78 – 73 kg ; 1,72 – 70)

Poids : 66 kg

Capacité pulmonaire : 5 litres

Pouls : 56

TA : 13 / 9

Apnée : 127 secondes

Palmarès :  JO 1948         1 er 10 000 m

                    JO 1952        1er 10 000 m

1er  5 000 m

1er marathon

18 records du monde (a battu tous les records du monde du 5 000 m aux 30 km)

38 courses de 10 000 m remportées d’affilée entre 1948 et 1954

 

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L’Equipe et Le Monde toujours aussi incompétents sur le dopage !

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[publié le 20 décembre 2016]

Dans L’Equipe du 20 décembre et Le Monde de la veille, on a droit à la même erreur concernant le mystérieux paquet reçu par Bradley Wiggings lors du Dauphiné 2011.

Selon le manageur de l’équipe Sky, Dave Brailsford : « Richard Freeman [le médecin de l’équipe Sky] m’a dit que c’était du Fluimicil, un décongestionannt nasal, autorisé par l’Agence mondiale antidopage », a précisé le dirigeant.

 

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L’Equipe, 20 décembre 2016

 

Les textes de l’Equipe et du Monde sont très proches, pas signés, donc probablement tirés d’une dépêche d’agence. Le travail d’un journaliste est de contrôler les informations, voire les reconsidérer à l’aune d’expertises plus importantes. Or, le Fluimicil n’est pas un ‘’décongestionnant nasal’’ mais un fluidifiant bronchique actif sur la zone anatomique de l’appareil respiratoire très en-dessous après le nez et la gorge (voir schéma). Le Fluimicil en fluidifiant les sécrétions bronchiques facilite leur écoulement et ainsi favorise leur expulsion par la toux.

En revanche, un décongestionnant nasal est prescrit pour combattre l’inflammation de la muqueuse nasale et ses sécrétions exagérées.

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Schéma de l’appareil respiratoire. De haut en bas : muqueuses nasales, trachée, bronches

N’appartenant pas à une gazette de supermarché, les journalistes de ces deux médias prestigieux, L’Equipe et Le Monde, ont un devoir de précision dans l’information et ne pas gober sans aucune vérification les dépêches reçues. Un constat que je fais régulièrement est leur carence sur les médicaments et autres drogues de la performance.

De plus, on relève une autre bourde. En 2011, la course à étapes de la région de Grenoble ne s’appelle plus Dauphiné Libéré mais Critérium du Dauphiné. Elle a été rachetée par ASO en 2010 et, pour cette raison, a changé de nom.

Un conseil aux deux quotidiens : entourez-vous d’un sachant confirmé pour relire les textes.

 

La Justice lâche la lutte antidopage…

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[publié le 20 décembre 2016]

Dopage-justice : deux poids, deux mesures.

Un pharmacien dopeur prend 6 mois de prison avec sursis alors que pour les mêmes faits un sportif professionnel au minimum arrête sa carrière deux ans ferme.

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Pour la même faute, un sportif se retrouverait écarté de son activité professionnelle pendant un minimum de deux ans. C’est ce que l’on appelle une justice à deux poids deux mesures ou à deux vitesses et dont l’arbitrage est différent selon l’échelon social du fraudeur.

Le 13 décembre, Ouest-France nous apprend qu’un pharmacien choletais de 38 ans vendait à des amis des produits dopants tels que stéroïdes anabolisants et Ventipulmin (un médicament vétérinaire destiné aux chevaux asthmatiques). Au final, le tribunal le condamne à 6 mois d’emprisonnement avec sursis mais le PHARMACIEN un professionnel qui est le gardien des toxiques, autrement dit celui qui fait la différence entre un produit salvateur ou néfaste, et qui, selon la profession, est un conseiller et un garant de la santé de ses concitoyens et non un prescripteur de produits dopants, PEUT CONTINUER D’EXERCER. De plus, la condamnation ne sera pas inscrite sur son casier.

Les sportifs licenciés à une fédération peuvent l’avoir mauvaise, eux qui pour des faits similaires, risquent au minimum 2 ans de suspension de toute compétition, ainsi qu’une sanction pénale pour vente à autrui.

Rappelons qu’en 1985, une enquête sur 5 000 étudiants de l’université de Besançon montrait que 48% des futurs pharmaciens et 42% de leurs homologues médecins se dopaient aux examens. C’était il y a 30 ans ! Nul doute qu’aujourd’hui, comme pour le chômage, le chiffre ne peut être qu’à la hausse. Avec un tel MESSAGE MOU « 6 mois de prison avec sursis sans interruption de son activité professionnelle » il est clair que la justice des Pays de la Loire ne contribue pas efficacement à la lutte contre le dopage !

 

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Tribunal de Cholet