Football – Décodage : pourquoi Samir Nasri ne risque rien… alors que dans le même temps l’Agence antidopage espagnole se trompe de cible et se ridiculise

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 énergétique[publié le 30 décembre 2016]

 

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L’Equipe, 29 décembre 2016

 

Les faits : dans une clinique privée de Los Angeles, pendant la nuit du mardi 27 au mercredi 28 décembre, Nasri – le milieu sévillan – a reçu une injection (perfusion ?) composée de polyvitamines (vit. C et B), oligoélément (zinc), acide aminé essentiel (lysine), ‘’combinés avec des nutriments spécialement formulés pour aider à combattre les superbactéries et les virus courants’’. Précisons que ces deux derniers termes n’apparaissent, pour appâter les gogos, que dans des centres anti-Age ou  de remise en forme et dans les instituts de beauté.

 Compte tenu de la notoriété de l’international français, la clinique en a profité pour publier sur son compte Twitter une photo de Samir Nasri en compagnie d’une infirmière de l’établissement accompagnée d’une légende révélant que le joueur de Séville a reçu un traitement par injection pour « le maintenir hydraté et au top de sa santé durant sa saison chargée de football avec son club espagnol ».

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Samir Nasri et l’infirmière de l’établissement spécialisé en soins vitaminés

Sur ce, l’Agence antidopage espagnole (AEPSAD) s’est crue autorisée d’ouvrir une enquête sur la nature des produits et la quantité de liquide injectées.

Commentaires – Pétard mouillé ou scoop sur le dopage d’un footeux ?

Déjà, c’est une première mondiale que sur la foi de tweets et d’images et en l’absence de tout prélèvement officiel, une Agence antidopage poursuive un sportif ! Mais là où ça devient comique c’est que le gendarme antidopage soit de nationalité espagnole alors que ce pays – depuis des décennies – a contribué efficacement à l’extension du dopage sportif notamment avec l’affaire Puerto en 2006.

Mais sur quels critères peut-on poursuivre Nasri dans la mesure où il n’a jamais subi – pour cette affaire – un contrôle antidopage dans les règles (urines, sang) ? Si le test a lieu dans les jours qui viennent, il est probable qu’il sera négatif de chez négatif. En ce qui concerne la perfusion, on voit mal comment l’AEPSAD peut l’épingler. Rappelons que les perfusions intraveineuses sont prohibées par l’Agence mondiale antidopage (AMA) depuis janvier 2005. Elles figurent  dans la rubrique « Manipulation chimique et physique » au paragraphe 2 : « Les perfusions intraveineuses et/ou injections de plus de 50 ml par période de 6 heures, sauf celles reçues légitimement dans le cadre d’admissions hospitalières, les procédures chirurgicales ou lors d’examens clinique ».

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Liste Agence mondiale antidopage 2016-2017

 En clair, cela veut dire qu’en dehors et/ou en compétition, les sportifs peuvent recevoir toutes les 6 heures une injection de 50 ml d’un produit de son choix à condition qu’‘il ne soit pas prohibé par l’AMA.

Au final, l’Agence antidopage espagnole sera bien sûr en peine d’apporter la preuve que Nasri a subi une perfusion supérieure à 50 ml.

Signalons que la méthode de la perfusion (500 ml), couramment utilisée dans le monde du sport notamment en récupération entre, par exemple, les matches de foot ou les étapes d’une épreuve cycliste de plusieurs jours, n’entraîne jamais de sanction puisqu’il faudrait que le contrôleur assiste de visu à la perfusion. On sait depuis les propos de François Hollande que les footballeurs ne sont pas fute-fute mais à ce point-là, difficile de croire qu’ils laissent entrer dans la pièce où se déroule la perfusion prohibée l’officiel des expertises biologiques.

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Samir Nasri sous les couleurs du club espagnol de Séville

 Ajoutons que l’Agence antidopage espagnole se trompe de cible. En effet, tout le monde l’a compris : ce sont les médecins et les établissements qui pratiquent ce genre de soins qui doivent en priorité maximale être éradiqués.

4 repères – La perfusion est prohibée depuis janvier 2005 :

  1. Lorsqu’elle dépasse 50 ml toutes les 6 heures [précisons que le principe de la perfusion est proscrite en dehors d’un acte thérapeutique (voir plus haut les exemples de l’AMA : collapsus…) car cette injection accélère de façon sensible les délais de la récupération hydrique et énergétique]

  2. Lorsqu’elle contient bien sûr une substance interdite ; c’est seulement dans ce cas précis que le sportif peut être contrôlé positif et sanctionné,

  3. Lorsqu’elle est administrée dans l’environnement immédiat d’une compétition mais aussi lorsqu’elle est utilisée en dehors d’une épreuve sportive,

  4. Mais tout cela – en dehors du point 2 – n’a qu’une valeur théorique car même si la perfusion ne contient aucune substance figurant sur la liste de l’AMA, cette technique est indétectable par un contrôle antidopage classique portant sur l’urine et le sang.