Football – Helenio Herrera, un adepte des pastilles atomiques

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Dans L’Equipe du 27 mai, Vincent Duluc retrace la carrière du premier entraîneur français, Helenio Herrera dit Il Mago (le Magicien), vainqueur de la C1 avec l’Inter Milan en 1964. A la tête du même club, il récidivera en 1965. Dans l’excellent papier de Duluc, ce dernier rappelle que la supériorité de l’Inter surnommée « La Machine de guerre » s’accompagnait de rumeurs évoquant l’influence des amphétamines.

EQUIPE - HERRERA (1)    EQUIPE - HERRERA (2)

L’Equipe, 27 mai 2016

Si l’on en croit la presse sportive de la fin des années 1940 – soit près de vingt ans avant les deux finales remportées contre le Real Madrid (3-1) en 1964 et Benfica (6-1) en 1965 – H-H (son deuxième surnom) était un adepte des « pastilles atomiques » autrement dit des amphets. Ainsi, dans l’hebdomadaire Sprint, Henry Berne, le responsable de la rubrique « Le match de la vie sportive » s’intéresse aux produits ergogènes facilitant la performance : « Les footballeurs russes prennent du sucre de raisin, comme doping avant chaque match. Le rendement de ce stimulant s’est avéré très efficace. Mais les « pastilles atomiques » que l’entraîneur du Stade Français, Helieno Herrera, fait absorber à ses poulains ne semblent  pas avoir les mêmes propriétés chimiques, bien que ce dernier se montre satisfait du résultat obtenu. Le brun Helieno se lamentait il y a quelque temps sur la méforme de ses internationaux André Grillon et Jean Grégoire. Le moral de ces joueurs à quelques jours d’une rencontre internationale méritait d’être remonté. Ces deux vedettes du Stade Français souffraient moralement de constater, eux-mêmes, cette méforme physique. Herrera, en véritable sorcier, résolut de remonter la mécanique. Et, au cours d’un entraînement, il fit ingurgiter à ces deux joueurs des pastilles soi-disant pourvues de qualités extraordinaires et mirifiques. Pendant la guerre, les Américains auraient utilisé ce produit pour doper les pilotes effectuant des missions importantes [NDLR : il s’agit bien sûr des amphétamines]. Et immédiatement, le stimulant porta ses fruits. Grillon comme Grégoire se déclarèrent enchantés et promirent de récidiver pour mystifier la « forme ».

D’aucuns prétendent maintenant que ces « pastilles atomiques » ne seraient que de simples « boules de gomme ». Autrement dit, et si cette dernière information se révèle exacte, Herrera serait un adepte de l’autosuggestion. Il nous rappelle un peu ces docteurs à qui il suffit de dire à leurs malades qu’ils sont bien portants pour qu’immédiatement ces derniers recouvrent la santé. »

SPRINT

Sprint, 1947, n° 106, 24 novembre, p 2

Commentaires JPDM : il est peu probable que H-H, tel était le surnom de l’entraîneur du Stade Français, n’est utilisé que l’autosuggestion afin de booster le mental de ses joueurs. En 1947, depuis déjà plusieurs années, les amphétamines (le dopant n° 1 de l’époque) avaient pénétré les aires de jeu et elles étaient connues comme nettement plus performantes que de simples « boules de gomme ». D’ailleurs, en 1961, deux joueurs de l’Inter de Milan, club avec lequel H-H remporta consécutivement deux Coupes d’Europe des clubs champions en 1964 et 1965, l’accuseront de les avoir dopés. Ces derniers ne faisaient pas référence à de simples bonbons à la boule de gomme.

L’Equipe traite les blessures par-dessus la jambe

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Les connaissances des journalistes du quotidien sportif sont, sur tout ce qui concerne la traumatologie et la physiologie des footballeurs et autres compétiteurs, du niveau du « Café des Sports ». Exemples.

BAR DES SPORTS (3)

« Mathieu s’en va aussi » – L’Equipe du 29.05

JEREMY MATHIEU Jérémy Mathieu

« Le Barcelonais n’avait pas ménagé ses efforts pour disputer sa première compétition internationale, le grand objectif de sa fin de carrière : blessé au genou face à la Russie (4-2), le 29 mars dernier, il avait préféré se faire retirer entièrement le ménisque plutôt que de suturer pour intégrer les 23. Quitte à boiter à soixante-dix ans. »

Le mot entièrement est de trop puisque depuis 40 ans, on ne retire plus un ménisque dans sa totalité. L’un des derniers footballeurs à avoir subi une méniscectomie totale est Michel Platini en avril 1977 (ménisque interne gauche).

A partir des années 1980, les spécialistes ont compris que pour préserver au maximum le devenir de l’articulation du genou (arthrose), il fallait pratiquer « une méniscectomie la plus partielle possible ». Depuis une quinzaine d’années, on suture les lésions méniscales localisées chez un sujet jeune. Dans le cas de Jérémy Mathieu, il a subi une ablation partielle de la zone abimée (mobile) mais comme d’habitude il n’est pas précisé par le rédacteur si c’est le ménisque interne ou externe..

MENISQUES

Les ménisques interne et externe du genou

« Tsonga les pleurs du mal » – L’Equipe du 29.05

 TSONGA Jo Wilfried Tsonga

« Contraint à l’abandon après s’être à nouveau blessé à l’adducteur droit J.W Tsonga a quitté Roland-Garros… »

Les muscles adducteurs de la cuisse sont au nombre de quatre : le grand adducteur, le moyen (ou long) adducteur, le petit adducteur et le muscle pectiné. On sait exactement par échographie ou IRM l’adducteur touché et on précise alors lequel. Si on ne le connaît pas, on écrit blessé aux adducteurs droit ou gauche suivant le côté. Mais en aucun cas, on écrit ‘’blessé à l’adducteur droit’’. Dans un compte rendu médical, on ne trouvera jamais une telle expression. Pour sortir de l’impasse, il faut vraiment qu’un professionnel de la traumatologie sportive briefe l’ensemble de la rédaction de L’Equipe. Si rien ne bouge, cela prouve que l’information au lecteur n’est pas la priorité du quotidien sportif.

ADDUCTEURS

Les 4 muscles adducteurs de la cuisse

L’Equipe – ”L’erreur ne devient pas vérité parce qu’elle se propage et se multiplie”

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Un journaliste sportif a pour mission numéro un de commenter et d’expliquer aux lecteurs les performances du corps. Or, la lecture de L’Equipe montre qu’il est anormalement carencé sur la question. Prenons trois types de blessures fréquentes dans les sports d’équipe, d’autant qu’avec l’Euro de foot elles vont faire l’actualité : les ligaments croisés et les ménisques des genoux ainsi que la confusion entre contracture et lésion musculaire.

Les croisés – Il y en deux par genou : un antérieur (LCAE), un postérieur (LCP)

Pour se rompre les deux croisés en même temps, il faut percuter un camion ! Difficile à imaginer sur un terrain de foot. Le croisé antérieur est 10 fois plus touché que le postérieur. De la même manière, il est exceptionnel que l’on se fracture les deux jambes d’un coup sur un tacle ! Donc, pour cette lésion, on doit écrire : un tel s’est blessé au ligament croisé antérieur (LCAE) du genou droit ou gauche mais on n’écrit pas que le footballeur ’’X’’ s’est rompu les croisés du genou.

Les ménisques – Là aussi, ils sont deux par genou : un externe (latéral) et un interne. L’interne est plus souvent touché (81%) que l’externe (19%).

POIROTL’Equipe, 04.05.2016

Cela a son importance de préciser quel est le ménisque impliqué car la récupération est beaucoup plus longue pour l’externe. Christophe Dugarry et Bernard Lama peuvent confirmer que la lésion du ménisque externe peut demander plusieurs mois avant de pouvoir retrouver les pelouses.

Amalgame entre contracture et lésion musculaire.

Contracture : détérioration de la commande neuromusculaire sans lésion des fibres,

Lésions musculaires (un contingent plus ou moins important de fibres est déchiré) : élongation, claquage, déchirure.

L’Equipe du 15.05.2016 : Dan Carter « juste avant la mi-temps, j’ai ressenti une contracture ». Laurent Labit (entraîneur  du Racing) : « priant que le mollet de son ouvreur n’ait pas saigné »

Ligaments croisés des genoux

L’Equipe, 21.05.2016

P 21 Aurélie Kaci indisponible plusieurs mois « victime d’une rupture du ligament croisé d’un genou » (il y a deux ligaments croisés par genou. Il faut préciser lequel)

L’Equipe, 30.03.2016, p 31 – « après une rupture des ligaments croisés » Quel genou ? Quel ligament ?)

L’Equipe, 07.04.2016 – « Les croisés pour Mory Koné » Quel genou ? Quel ligament ?

LES CROISES L’Equipe, 07.04.2016

Ménisques

L’Equipe, 03.05.2016 – « Lésion au niveau de son ménisque du genou droit »Quel ménisque : interne ou externe ?

L’Equipe, 04.05.2016« Jefferson Poirot opéré du ménisque gauche » – Lequel : interne ou externe ?

L’Equipe, 07.05.2016« Trémoulinas met un terme à sa saison après avoir été victime du ménisque externe du genou gauche » Pour une fois c’est correct !

L’Equipe, 08.05.2016« Jérémy Mathieu blessé au ménisque gauche » Lequel : interne ou externe ?

L’Equipe, 09.05.2016« Opération du genou droit » mais la veille L’Equipe écrit le gauche.

L’Equipe, 23.05.2016 – « L’ancien bordelais s’est blessé au ménisque gauche » Lequel : interne ou externe ?

BOUFAL L’Equipe, 03.05.2016

Ces différents exemples – et encore ce ne sont qu’un faible échantillon – tirés du journal L’Equipe, montrent que cette publication n’est pas relue par un sachant alors qu’elle se targue d’apprendre à ses lecteurs l’anatomie du corps humain.

ECORCHE Illustration parue dans L’Equipe du 24 février 2016 

On constate que celui qui a légendé l’écorché n’a pas étudié l’anatomie même élémentaire. Il écrit ischio-jambiers au pluriel. Effectivement il y a plusieurs muscles ischio-jambiers. Pour la même raison, il doit écrire adducteurs avec un S (4 adducteurs par cuisse) ainsi que ménisques (2 par genou), ligaments croisés (2 par genou), malléoles (2 par cheville), ligaments externes de la cheville (3 par cheville). Lorsqu’on signale une blessure sur un membre, il faut préciser le ménisque en cause (interne ou externe), le ligament croisé touché (antérieur ou postérieur), et. Les suites opératoires ne sont pas les mêmes suivant l’élément lésé.

 Aujourd’hui, L’Equipe et la presse pour une grande part sont plus dans le créneau de la désinformation que dans celui de l’info.

Hyperthermie et médicaments

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Faisant suite au texte sur chaleur + effort physique + amphétamine ou la ‘’trilogie infernale’’, à l’attention des pratiquants de compétition ou de loisir, nous le complétons avec la liste des drogues les plus à risque en cas de surchauffe thermique (température de l’air et degré hygrométrique élevés). Si, pour une raison quelconque, vous prenez des médicaments prescrits ou non par un praticien, informez votre médecin référent que vous pratiquez un sport de plein air ou non à haute dépense énergétique.

Liste des drogues les plus à risque en cas de surchauffe thermique

La température corporelle est déterminée par un thermostat siégeant au niveau du noyau préoptique de l’hypothalamus antérieur. Elle résulte d’un équilibre entre les processus de thermogenèse ou production de chaleur (métabolisme, activité musculaire) et de thermolyse ou évacuation de la chaleur (perspiration cutanée, sudation, expiration). La fièvre désigne une hyperthermie en réponse à un dérèglement du thermostat, sous l’effet de cytokines leucocytaires (IL-1, TNF, IL-6, interférons) appelées « pyrogènes endogènes » qui stimulent la synthèse de prostaglandine E2 au niveau de l’hypothalamus. Il en résulte diverses manifestations métaboliques, neurovégétatives et somatiques à l’origine d’un syndrome fébrile où l’élévation de la température ne représente qu’un symptôme. Le syndrome fébrile doit être différencié du syndrome hyperthermique qui témoigne d’une faillite des mécanismes de thermorégulation par excès de production et/ou défaut de dissipation de chaleur. Compte tenu de ces données physiopathologiques certains médicaments, par le biais de leurs propriétés pharmacologiques ou par celui des effets secondaires qu’ils entraînent, peuvent être responsables de la survenue de troubles liés aux températures extrêmes. L’hyperthermie provoquée par un médicament peut survenir par deux mécanismes : un effet sur les mécanismes physiologiques de thermorégulation (refroidissement) et/ou une augmentation de la production de chaleur (thermogenèse).

THERMOREGULATION CHALEUR

Médicaments ayant un effet sur la thermorégulation

Les neuroleptiques tendent à perturber l’initiation de la thermorégulation.

Au niveau périphérique, un certain nombre de médicaments s’opposent aux mécanismes physiologiques de déperdition de chaleur, à savoir la vasodilatation capillaire et la sudation :  les catécholamines,  les sympathomimétiques

Parallèlement la sudation (transpiration) est limitée par l’effet des substances anticholinergiques comme :

. l’atropine,

. les antidépresseurs tricycliques,

. les antihistaminiques,

. les antiparkinsoniens anticholinergiques,

. les anticholinergiques antispasmodiques,

. les neuroleptiques : l’effet a été démontré pour les phétothiazines.

Principales causes du « syndrome hyperthermique »

Production excessive de chaleur

¨        Hyperthermie d’effort

¨        Etat de mal convulsif

¨        Delirium tremens

¨        Syndrome malin des neuroleptiques

¨        Hyperthermie maligne des anesthésiques

¨        Intoxications : salicylés, amphétamines (ecstasy), cocaïne, éphédrine,

¨        Thyrotoxicose (surdose d’hormones thyroïdiennes : bodybuilding)

Dissipation insuffisante de chaleur

 ¨        Déshydratation ++

¨        Sujets trop couverts (style K-Way)

¨        Anticholinergiques

¨        Syndrome malin des neuroleptiques

¨        Alcool (inhibe l’hormone antidiurétique et par ricochet augmente la diurèse)

Enfin, certaines substances empêchent l’adaptation cardiaque en réaction à la vasodilatation, à savoir augmentation du rythme cardiaque et du début systolique. Ce sont : les bêtabloquants, les diurétiques

 Médicaments augmentant le risque de survenue d’une pathologie

liée à la surchauffe

CORYDRANECorydrane® : association d’amphétamine et d’aspirine

Médicaments altérant la fonction hypothalamique (avec production excessive de chaleur) Médicaments provoquant une hypovolémie Médicaments altérant la perception de chaleur Médicaments altérant la réponse cardiovas-culaire
amphétamines ⊕ (1)

anesthésiques- anticholinergiques antidépresseurs   tricycliques sédatifs antihistaminiques antiparkinsoniens cocaïne ⊕ éphédrine ⊕ (2) IMAO  (type B) ⊕ lithium neuroleptiques salicylés (aspirine) sérotoninergique :  fluoxétine (Prozacâ)

– alcool ⊕

– ARA2   (hypotenseurs)

– dérivés nitrés  (trinitrine)

– diurétiques ⊕

– IEC (hypotenseurs)

 

Association médicamenteuse contenant notamment des diurétiques hypokaliémiant

 

alcool ⊕

hypnotiques

opiacés (morphine,

héroïne) ⊕

sédatifs

alphabloquants

antiarythmiques

bêtabloquants ⊕

calcium bloqueurs

 

      ⊕  Substances figurant sur la liste du Code mondial antidopage

(1)   exemples : le Danois Knud Enemark (JO 1960, décédé lors de l’épreuve du 100 km clm/équipes), le Français Jean Malléjac (malaise et hospitalisation faisant suite à une insolation dans la montée du Ventoux lors du Tour 1955), le Luxembourgeois Charly Gaul (abandon Tour de France 1957), le Britannique Tom Simpson (décédé dans le Ventoux le 13 juillet 1967)

(2)   exemple : le joueur de baseball Steve Bechler (USA)

 

 

”Avoir la certitude que les autres ne prennent rien” !

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Récemment, dans L’Express.fr du 16 avril 2016, Jeff Novitsky, l’agent fédéral du gouvernement américain chargé d’enquêter sur le dopage sportif – c’est lui qui s’est ‘’occupé’’ du cycliste Lance Armstrong, de l’athlète Marion Jones et du joueur de baseball Barry Bonds – a remis dans l’actualité le postulat que les sportifs étaient prêts à arrêter de tricher à la seule condition qu’ils soient sûrs que leurs adversaires ne fraudent pas : « J’ai réalisé de 100 à 150  entretiens avec des athlètes dopés et je leur ai toujours posé cette question. 9 fois sur 10, leurs réponses renvoient à la notion de croyance : ‘’J’ai choisi de le faire car je ne croyais pas à la propreté de mes concurrents’’, ‘’parce que je croyais que mes coéquipiers le faisaient’’ ou ‘’je ne croyais pas que les instances de mon sport s’en soucieraient.’’ »

Le but ultime de la compétition est de pouvoir se valoriser sur sa performance. C’est-à-dire que pour exister, il faut atteindre le podium, voire ses proches alentours (Top 10). Or, tous les athlètes pensent que leur vainqueur n’est pas plus fort qu’eux-mêmes mais « à un truc de plus ».

A partir de cette analyse, le dopage devient une quête permanente d’autant plus qu’il n’est pas difficile de se booster s’en se faire prendre (substances indécelables, borderlines, masquantes). Des éventuels problèmes de santé provoqués par les drogues de la performance ne les rebutent pas. La seule chose qui pourrait les faire changer de comportement serait qu’ils soient sûrs à 100 pour cent qu’ils concourent à armes égales, c’est-à-dire sans que leurs adversaires puissent se sublimer en toute impunité. Plusieurs spécialistes arrivent à la même conclusion que Jeff Novitsky.

NOVITSKY

                                                         Jeff Novitsky

CITATIONS : AVOIR LA CERTITUDE QUE LES AUTRES NE PRENNENT RIEN

 Jacques Marchand (FRA), journaliste à L’Equipe de 1955 à 1976 : « Les coureurs eux-mêmes sont effrayés, ils ont été entraînés dans le cercle empoisonné, avec la mauvaise raison : ‘’Nous nous dopons pour ne pas être désavantagés par rapport à ceux qui se dopent’’. Ils accepteraient de cesser, s’ils avaient la garantie que tout le monde cesse. » [Le Miroir des Sports, 21.10.1965]

Dr Philippe Miserez (FRA), médecin du Tour de France de 1971 à 1981 : « Tous sont au courant des catastrophes physiologiques que peut entraîner le dopage et notamment l’abus des corticoïdes. Cela ne les émeut pas. Ils consentiraient, éventuellement, à cesser d’en prendre, si tout le monde en faisait autant. Puisque ce n’est pas le cas, ils continuent. Un avenir grabataire ou peuplé de cannes anglaises et de chaises roulantes ne les effraye pas. Chacun est persuadé que « lui » saura s’arrêter à temps. Le seul argument qui les touche directement est le spectre d’une probable impuissance sexuelle. A la moindre défaillance, ils cessent leur « traitement » et accourent chez le médecin. » [Le Figaro, 23.01.1979]

Philippe Miserez  Dr Philippe Miserez

 Dr Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport depuis 1973 : « Les sportifs, dans leur majorité, sont pour les contrôles à condition d’être certains que ceux qui se dopent soient pris et sanctionnés à coup sûr. Malheureusement, cette certitude réclamée par les sportifs et les entraîneurs n’est pas envisageable dans un avenir proche. » [La Recherche, supplément au n° 245, juillet-août 1992, p 896]

 Howard Payne (GBR), lanceur de marteau, entraîneur d’haltérophilie, université de Birmingham : « La presque totalité des athlètes auxquels j’ai parlé accueillerait avec joie les examens antidoping s’ils étaient certains qu’aucun médicament n’y échapperait. Dans l’ensemble, les sportifs veulent se débarrasser des stéroïdes. » [in « La Médecine sportive. Prévention – entraînement – alimentation – soins » de Gabe Mirkin .– Montréal (CAN), Les Éditions de l’Homme, 1981. – 322 p (p 160)]

 

 

“Ne marche pas quand il fait chaud”…

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En réalité, c’est l’association effort physique-chaleur et amphets qui provoque les ratés du moteur !

Qualifié par les experts comme étant le meilleur grimpeur de l’histoire de la Grande Boucle, le Luxembourgeois Charly Gaul adorait le froid, la pluie et… les amphétamines. Ces dernières le terrassaient lorsqu’il faisait chaud et le sublimaient lorsque la froidure s’abattait sur la course.

la suite…

RUGBY – L’éthique médicale bafouée, piétinée, plaquée depuis des lustres

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Dans la série « Le Grand Témoin », L’Equipe revisite chaque jeudi un évènement passé avec l’un des acteurs de l’époque. Le 12 mai, le quotidien sportif revient sur la finale du championnat de France 1990 remportée par le Racing contre Agen (22-12 AP), la dernière finale du club ciel et blanc avant celle contre les Saracens. Philippe Guillard, l’ailier du Racing, raconte comment il a pu jouer le 26 mai 1990 avec une luxation des péroniers (cheville) anesthésiée par injection.

PAGE EQUIPE

Les 4 jours précédant la finale, je marche avec des béquilles 

Revenons aux faits. Le mardi précédant la finale lors de l’entraînement, La Guille (son surnom) rappelle : « Je m’étais écroulé d’un coup, lors de l’échauffement, sans que personne ne me touche. ‘’Oh non ! Pas ça’’ La gaine du long péronier, le tendon qui passe sous la malléole et qui te permet de faire les appuis, les extensions, avait lâché. En clair, je ne pouvais plus marcher. Le tendon se baladait au-dessous du pied. Dans les vestiaires, je me mets à chialer (…) A partir du mercredi où on est partis préparer le match à la Voisine, le centre d’entraînement du Quinze de France, j’ai passé trois jours de calvaire au bord du terrain, avec mes béquilles. On me faisait des séances d’acupuncture, des massages pour enlever l’inflammation. Le soir, je ne dormais pas. Je cauchemardais toute la nuit : je vais rater la finale… »

GUILLARD

Philippe Guillard

Me faire piquer au dernier moment 

Le feu vert pour être sur le terrain en tenue de joueur sera effectué le samedi matin de la finale. Pizzaïolo, son autre surnom, raconte la scène : « On m’avait fait une piqûre d’antidouleur pour tenir une demi-heure. Je ne sentais plus ma jambe. J’ai dû me tester sous les chandelles, sur les contre-pieds, les appuis. Le président du club, Jean-Pierre Labro, était là avec Robert Paparemborde et Christian Lanta, notre entraîneur. Au bout d’un moment, Robert me dit : ‘’C’est bon La Guille, tu joues ce soir’’. Mais Lanta lui en voulait plus : ‘’Je te mets deux plots et tu fais quinze allers-retours en prenant appui sur le pied où tu as mal. Si tu sors de là, tu joues’’. Je pensais que ça n’allait pas tenir, mais je l’ai fait à fond, j’étais comme sous anesthésie. » Ensuite, c’est le transfert au Parc des Princes. Guillard se souvient parfaitement de ces instants : « Je suis descendu du bus avec mes béquilles. Un journaliste de Sud-Ouest me lance : ‘’Tu ne joues pas finalement ?’’ Je lui réponds : ‘’Qu’est ce qui te fais dire ça ?’’ Mon but, c’était de me faire piquer au dernier moment et je suis resté dans les vestiaires jusqu’au bout. Pas d’échauffement, pas de traditionnelle photo d’avant-match, d’ailleurs, je ne suis pas dessus. »

Dominique Issartel, la journaliste intervieweuse, pose une dernière question à Guillard dont la réponse est à la hauteur de l’ignorance abyssale du corps des sportifs de compétition.  Que vous reste-t-il de cette expérience vingt-six après ? « Un seul joueur aurait dit : on ne peut pas prendre La Guille, on a envie d’être champions et il nous met en danger, je n’aurais pas disputé cette finale. Mais ce mec, il n’existait pas dans ce groupe, il n’existait pas dans le rugby de cette époque où on jouait des années ensemble. Pourtant, que les mecs m’aient laissé jouer avec cette blessure – ce n’était pas une côte cassée ou un coup à l’épaule – alors que je n’étais pas un joueur utile, je n’en reviens toujours pas. Il y aurait eu un autre mec à ma place, ils étaient champions pareil. Alors, d’avoir pris le risque, je leur dis merci. »

Contraire à l’éthique médicale

 De tout temps et aujourd’hui plus que jamais, le mépris du corps fait partie intégrante du comportement des sportifs face à la douleur. Tout le monde comprend que consommer des amphétamines quand on a un coup de mou, c’est du dopage alors qu’à l’inverse se piqouzer pour jouer un match malgré une blessure, ça n’a rien à voir avec un coup de pouce artificiel, ce n’est que de la médecine ! Belle subtilité de langage !

En réalité, de jouer blessé grâce à une piqûre anesthésiante est aux antipodes de l’éthique médicale. On peut remonter dans le temps, on trouvera des cas similaires en pagaille. Depuis la finale Racing-Agen en 1990, l’état d’esprit des combattants des pelouses n’a pas changé. En milieu hippique, il y a des vétérinaires indépendants qui examinent les chevaux avant les courses. Tout quadrupède blessé ou malade est interdit de départ. Pourquoi dans un but de préserver leur santé, on règlemente leur présence sur les champs de course alors que dans les enceintes sportives humaines les instances, les dirigeants, les staffs médico-sportifs ferment les yeux ? Au final, pour assister aux prémices d’un véritable changement de comportement, il est clair qu’il n’y a pas grand-chose à attendre du milieu du rugby puisque cela perdure depuis plus d’un siècle.

DOCUMENT –  Joueurs blessés : le mépris du corps (quelques cas exemplaires)

1965 – Jean-Baptiste  Amestoy (FRA) : quatre piqûres anesthésiantes avant et pendant le match 

Rugbyman international en 1964 au poste de pilier, le Basque originaire d’Ustaritz se plie aux exigences du sportif de compétition qui doit jouer coûte que coûte. Un écho paru dans Le Miroir des Sports confirme cette pratique contraire à l’éthique médicale : « Bel acte de courage à l’actif de Jean-Baptiste Amestoy, le pilier du stade Montois : il a joué dimanche 1er novembre contre Lourdes avec une tendinite très prononcée. Il dut subir quatre piqûres anesthésiantes qui lui furent faites, avant et pendant le match. » [Le Miroir des Sports, 1965, n° 1104, 4 novembre, p 39]

AMESTOY

Jean-Baptiste Amestoy

 1978 – Pascal Ondarts (FRA) : « Orbite fracturée, mais je n’avais pas quitté le terrain »

« Mon premier derby entre le BO et l’AB c’était en 1978, j’avais perdu à Biarritz contre Bayonne. C’était chaud. J’avais eu l’orbite fracturée au bout de cinq minutes de jeu. Francis Haget (deuxième ligne du BO, 40 sélections de 1974 à 1987) poussait derrière moi. Il avait loupé le pilier en face et j’avais chargé. Orbite fracturée mais je n’avais quitté le terrain ! Ça c’était le derby. Ce n’est pas parce qu’on avait l’épaule pétée ou l’arcade arrachée qu’on sortait, on était là pour défier le mec en face. Et puis, un derby, si tu ne le finissais pas avec un marron, le match d’après, il n’y avait personne au stade ! C’était la moindre des choses, il fallait bien prouver qu’on avait envie de jouer (il rigole). »

ONDARTS

Pascal Ondarts, international (42 sélection) [L’Equipe, 25.05.2015]

 2005 – Raphaël Poulain (FRA) – Jouer malgré une blessure

« L’échauffement d’avant match est bientôt terminé. Je­ pique une dernière accélération le long de la ligne d’en-­but : « Clac ». Le bruit me résonne du mollet jusqu’aux tempes. La déchirure est brutale. Le muscle est fissuré, ce n’est pas une simple contracture. Tout craque. Je rejoins les copains dans le vestiaire, sans rien laisser paraître. J’avale un cri de douleur au moment de serrer les lacets de mes crampons. Je prends ma place, à l’aile, face a une meute de Corréziens bien  décidés à défendre leur terre contre les parigots. La déchirure s’accentue à chaque course. A la vingtième minute, idéalement place, en surnombre, je reçois une passe parfaite de Jérôme Fillol. Je n’ai que cinq mètres à courir vers le poteau de coin pour marquer l’essai. Mais je ne peux courir que tout droit. Je fonce dans un défenseur briviste, perd le ballon et gâche l’action. Sur le banc de touche, l’entraîneur a de la foudre dans les yeux et un masque grimaçant. » Raphaël Poulain (FRA) [in « Quand j’étais superman ». – Paris, éd. Robert Laffont, 2011. – 248 p  (p 106)

POULAIN

Raphaël Poulain

2015 – Jacques Burger (Namibie) – « Chaque partie de mon corps me fait mal »

Témoignage du capitaine de l’équipe de Namibie lors de la Coupe du monde 2015 : « Souvent, après un match, je me réveille en plein milieu de la nuit et je crie : aie ! Je ne peux plus sortir de mon lit. Chaque partie de mon corps me fait mal comme si je venais d’avoir un accident de voiture. Le rugby est un sport de brutes mais je n’en changerais pour rien au monde. » [L’Equipe, 25.09.2015]

BURGER

Cyclisme – Chronique de la triche ordinaire

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Télévision : “rien n’est plus contagieux que l’exemple”

Ces derniers mois, la fraude technologique ou pour être plus clair le vélo électromagnétique, a alimenté l’actualité cycliste. Depuis cinquante ans, le dopage biologique secoue le peloton. La presse des deux roues sans moteur s’insurge sur le procès  orienté exclusivement à l’encontre de son cher sport en titrant « Haro sur le cyclisme… et les autres ?». Problème : je n’ai jamais lu dans un mensuel spécialisé « Haro sur les tricheurs du vélo » ! Ces derniers temps, avec la multiplicité des épreuves cyclistes télévisées, j’ai assisté à plusieurs faits de triche ordinaire sans que cela ne mobilise le MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) ni l’UCI (Union cycliste internationale).

Coup de pouce ‘’légal’’ n° 1 : bidons motorisés

Le premier acte se déroule pendant le Tour de Romandie. C’est la chaîne qatarie Bein Sports qui assure la couverture télévisée de l’épreuve suisse. On y voit un échappé qui, a une trentaine de kilomètres de l’arrivée, plafonnait avec une minute d’avance sur le peloton. Visiblement, il y avait peu de chance qu’il termine en vainqueur. Le consultant, Cédric Vasseur – ancien professionnel vainqueur d’une étape sur le Tour – s’est interrogé, alors que la voiture du directeur sportif était aux côtés de l’homme seul, pourquoi celui-ci ne sollicitait pas un bidon pour bénéficier d’un coup de pouce motorisé. Pour ce consultant, s’accrocher à un bidon-motorisé fait donc partie du métier et, visiblement n’est pas répréhensible. Signalons que ces jeux de mains ne sont pas récents puisque dès les années 1950, la presse sportive s’en faisait l’écho. Ainsi, Albert Baker d’Isy, le journaliste envoyé spécial sur le derby de la route – la classique Bordeaux-Paris – légendait une photo où l’on voyait un concurrent s’accrocher à un ‘’bidon’’ : « Savez-vous qu’en tenant solidement un gobelet, on peut se faire aider un peu… sur 100 mètres’’.

TIRE LE GOBELETLa deuxième triche ordinaire se déroule pendant le Tour de Croatie (19-24 avril). La retransmission télévisée étant assurée par Eurosport. Toujours un homme seul en tête, le Canadien Guillaume Boivin, échappé avec 1’30 sur le peloton.

BIDON MOTORISE

 

 

Aujourd’hui, la banalisation des bidons motorisés fait partie des mœurs du peloton

 

Coupe de pouce ‘’légal’’ n° 2 : coupe-vents motorisés

 Le vent défavorable de ¾ face est de la partie. Pendant que l’isolé peine dans le vent, le peloton se met en mode éventail pour essayer en les mettant dans la bordure  afin de provoquer des cassures dans la file, d’écarter certains leaders. Là, la sélection se fait à la régulière. Sauf que pendant le même temps, on voit l’échappé protégé par la voiture de son directeur sportif venu à sa hauteur sur le côté droit pour l’abriter du vent et ce sur plusieurs centaines de mètres. Curieusement, pendant cette manœuvre sauvetage le véhicule du directeur de course est étrangement absent. Quoi qu’il en soit, pendant que Boivin est préservé du vent par sa voiture, on entend à l’antenne le consultant Steve  Chaisnel – ancien pro de 2007 à 2015 – nous annoncer tout de go que le directeur sportif de Cycling Academy Nicki Sorensen a ’’du métier’’ et que cette pratique est autorisée’’. Le comble c’est que le journaliste présent à côté du consultant acquiesce sans réserve. Ben voyons…

coureur derrière voitureLe coup de pouce du coupe-vent motorisé

Bref dans le milieu cycliste c’est connaître les ficelles du métier !

Ces deux anecdotes m’en rappellent une troisième qui concerne l’athlétisme et le saut à la perche.

Coups de main des équipiers et des spectateurs 

1952 – Coppi - Ses équipiers le poussent de temps en temps 

Témoignage du Français Pierre Pardoen, un « anonyme » du Tour de France : « Ce qui m’a frappé le plus, c’est l’organisation des Italiens. Certes, leurs leaders sont de grands champions, Coppi surtout, mais il faut voir comme Fausto est aidé. On lui donne à boire, on lui verse de l’eau sur la tête, on le pousse de temps en tempsIl ne quitte jamais la tête du peloton, il reste dans les dix premiers. Mais il ne mène presque jamais car dès qu’il se trouve en tête, un de ses domestiques surgit pour se placer devant lui.» [Miroir-Sprint, 28.07.1952]

2014 – Tirreno-Adriatico – « Sans les pieds » 

Professionnel depuis 2008, Yoann Offredo n’a pas eu peur de la pente pourtant effrayante (passages à plus de 30%) du mur de Guardiagrele, dans Tirreno-Adriatico 2014. ‘’Après que les coureurs qui jouaient la gagne sont passés, le public s’est mis à pousser tous ceux qui arrivaient. J’ai dû mettre trois coups de pédale dans la bosse. Derrière, dans le gruppetto, certains avaient gardé des barres vitaminées et des bidons. Ils les tendaient aux spectateurs, en disant Spingi, spingi (pousse, pousse).’’ »[L’Equipe, 23.03.2014]

« Avoir du métier »

On est dans les années 1990, je m’entretiens avec un ancien recordman du monde devenu rédacteur dans un mensuel de course à pied. Je lui fais remarquer que sa spécialité athlétique me pose problème. En effet, à l’époque, lors du passage de la barre, il était autorisé si elle tremblait de la maintenir avec la main afin bien sûr qu’elle ne chute pas. Tout cela n’est plus de mise. Mais l’ancien sauteur défendait mordicus que ce n’était pas de la triche. C’était probablement là aussi avoir du métier.

Dernier exemple récent. C’est l’Allemand Simon Geschke qui s’insurge. Professionnel depuis 2009 et lauréat de la 17e étape du Tour de France 2015, membre de l’équipe Giant-Alpecin, il n’a pas vraiment été enthousiasmé par la victoire du Français Nacer Bouhanni le 18 février à Cordoue dans le Tour d’Andalousie 2016. Le barbu de Giant témoigne : « Pas fan des sprinteurs qui sont poussés par leurs coéquipiers dans la dernière côte et gagnent l’étape ensuite. »

« Avoir du métier » et « se soigner » sont deux doux euphémismes

Même si la majorité du peloton ne connaît pas la signification exacte du mot euphémisme, il s’en sert à longueur de commentaire lorsqu’il évoque son activité de cycliste de compétition confronté aux fraudes en tous genres et au dopage. Dans le premier cas, il nous sert l’expression « avoir du métier » lorsqu’il profite de l’abri de la moto ou d’une voiture, surtout si c’est trop voyant ; de même pour évacuer la suspicion de la consommation de drogues de la performance, il se défend en affirmant que plus simplement il se soigne. Rappelons qu’euphémisme se définit comme une expression atténuée d’une notion dont l’expression directe (triche, dopage) aurait quelque chose de choquant, de déplaisant.

Au final, ces différents actes de triche ordinaire tempèrent de plus en plus fortement mon intérêt à suivre les courses cyclistes. Parallèlement, on peut s’interroger : pour réguler les fraudes aveuglantes sur les écrans que font d’efficace l’UCI et le MPCC ? Poser la question, c’est y répondre …

 

 

 

 

Cyclisme – Mononucléose : attention aux retours de manivelle

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Julian Alaphilippe, comme d’autres ces derniers temps, a été arrêté plusieurs mois depuis septembre par une mononucléose infectieuse (MNI). Cette maladie entraîne une fatigue sévère et des accès de température qui mettent à plat. Le risque principal est la rechute parce que l’on ne respecte pas suffisamment le temps de récupération qui peut être plus ou moins long suivant les sujets. Lors de sa reprise au Tour de Provence fin février, il bâche pour un accès de fièvre et doit attendre fin mars pour retrouver des jambes de compétition : « J’ai commencé à me sentir mieux à partir du Tour de Catalogne » reconnaît le puncheur tricolore. A partir de là, en avril, il va enchaîner de bonnes prestations : 6e à La Flèche Brabançonne le 13 avril, cinq jours plus tard 6e à l’Amstel Gold Race et 2e à la Flèche Wallonne le 20. Et là, on apprend dans L’Equipe que durant les semaines précédant les courses ardennaises, il s’est offert un marathon en guise de préparation. « 9 h 40 de selle, précise-t-il. 315 km tout seul. C’est mon record. Mais quand on veut être en mesure de jouer la gagne au bout d’une course de 250 km, il faut être capable d’en faire plus à l’entraînement. » Pour perturber le rendement des enzymes et des hormones impliquées dans la restauration des réserves, il est difficile de faire mieux ! Ainsi avec un tel régime, on comprend mieux pourquoi Alaphilippe n’avait plus de carburant dans la dernière bosse de Liège-Bastogne-Liège (23e sur la ligne) !

ALAPHILIPPE

Julian Alaphilippe

Dans la suite d’une MNI, la sortie de 315 km (quel intérêt ? Bordeaux-Paris pro n’est plus organisé depuis 1989), associée à l’enchaînement des courses de haut niveau forcément à intensité maximale, équivaut à un programme a priori indigeste pour un organisme qui a subi plusieurs mois d’arrêt pour maladie.