CIO – Lutte antidopage : le message est de plus en plus mou

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Alors que les affaires de dopage se multiplient, notamment en Russie, au Kenya, au Maroc, en Jamaïque, le président du Comité international olympique (CIO) l’Allemand Thomas Bach – ancien champion olympique de fleuret par équipes en 1976 – n’arrête pas de temporiser et de ne pas prendre les décisions fortes qui s’imposent.

BACH

Il est certain qu’aucun président du CIO n’est la bonne personne pour combattre le dopage. On ne peut être à la fois patron de l’entreprise organisant le spectacle et en même temps le gendarme qui, par ses actions antidopage, pénalise la fête.

Cela fait cinquante ans que ce conflit d’intérêt existe, qu’il se renforce à chaque olympiade avec des droit TV exponentiels et que le dopage est toujours en pleine forme !

Merci, président Bach.

Ventoux – Défaillance de Jean Malléjac et arrêt de carrière de Kubler. L’Equipe nous la raconte !

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Le 18 juillet 1955, le Ventoux est au menu des géants de la route. La montée s’effectue par Bédoin, le versant sud, le plus dur surtout lorsque le soleil tape. Dans L’Equipe du 14 juillet 2016, Eric Caritoux avec l’aide de l’ancien Tour de France Raphaël Géminiani – fantastique coureur mais baratineur invétéré – nous raconte le malaise de Jean Malléjac sur les pentes surchauffées du géant de Provence. La question est posée par le journaliste de L’Equipe Philippe Brunel : La réputation du Ventoux comme col meurtrier a longtemps été liée au décès de Simpson en 1967. C’est toujours vrai ?

Eric Caritoux : “Avant lui, Malléjac en plein malaise était reparti à l’envers (en 1955) et c’est là aussi que Kubler (vainqueur du Tour 1950) a fini sa carrière. Géminiani me l’a raconté ! Il était dans sa roue et l’avait averti : ‘’Ferdi fais gaffe, le Ventoux c’est pas un col comme les autres’’ et Kubler avait répondu : ‘’Ferdi aussi, pas comme les autres’’. Mais il s’est effondré. »

Nous préférons comme toujours les commentaires des témoins visuels, en l’occurrence le journaliste Georges Pagnoud correspondant du Télégramme de Brest : « Le 18 juillet, lors de la onzième étape Marseille-Avignon (198 kilomètres), le Français Jean Malléjac (1929-2000), l’équipier tricolore de Louison Bobet (futur vainqueur de cette édition) est victime d’une terrible défaillance sur les pentes surchauffées du mont Ventoux.  

Il fallait lui desserrer les mâchoires 

Le journaliste Georges Pagnoud témoin de la scène, raconte : « Il fallait lui desserrer les mâchoires pour essayer de le faire boire et ce n’est qu’un quart d’heure plus tard, après qu’il eut reçu une piqûre de Solucamphre et respiré un ballon d’oxygène, que Malléjac sortit de son évanouissement. Transporté dans l’ambulance, il n’avait pas cependant recouvré complètement ses esprits. Il se débattait, gesticulait, criait, demandait son vélo, voulait sortir, si bien qu’il fallut l’attacher. »

Évacué vers une clinique d’Avignon, Malléjac fut soupçonné d’avoir pioché dans la boîte à pharmacie, mais il protesta véhémentement contre cette accusation. Une enquête judiciaire a même été ouverte, sans résultat d’ailleurs sauf la mise à l’écart d’un lampiste, le soigneur du grimpeur luxembourgeois Charly Gaul mais aussi de Malléjac. En 1981, soit vingt-cinq ans plus tard, le Breton niait toujours s’être dopé. Devant les caméras de télévision d’Antenne 2 et le micro de Jean-Paul Ollivier, il contestait cette accusation : « Je ne vois absolument pas pour quelle raison je serais allé me doper pour une étape aussi dure que celle du Ventoux. » Donc,  si l’on comprend bien Malléjac « la charge » s’avère tout juste suffisante pour un simple échauffement ! Le Gars de Landerneau aurait dû trouver autre chose pour espérer nous convaincre.

Malléjac 1

Mlléjac 2

 

 

 

 

 

 

 

 

Mallejac 3

Difficile au vu de ces trois photos de croire que Malléjac est « reparti à l’envers » à vélo ! C’est plutôt en ambulance que le Français a rejoint un bâtiment médicalisé en Avignon.

Ce n’est que deux ans après le Ventoux que l’Aigle d’Adliswil a pris sa retraite

 En ce qui concerne Ferdi Kubler ce n’est bien sûr pas le Ventoux qui a mis un terme à sa carrière puisque le Suisse sera encore coureur professionnel en 1956 et 1957.

ferdi kublerD’ailleurs, un mois après le TDF 1955, il finira 14e au Championnat du monde et le 11 mars 1956 remportera Milan-Turin.

A mon point de vue, je me répète, mais je préfère les faits, c’est-à-dire la réalité qui est toujours plus intéressante que la légende.

Tour de France – Le ”colosse” François Faber, pedestrian occasionnel, alors qu’il est leader du Tour 1909, remporte l’étape Belfort-Lyon… à pied

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FABER PIED

FR court

Chris Froome, ”coureur à pied”

 

Le Luxembourgeois François Faber – qui domine la 7e édition du Tour (1909) de la tête et des épaules, et leader de la course depuis la 2e étape – lors de la 4e est victime d’un incident matériel qui le contraint à finir l’étape en courant pédestrement le vélo à la main.

Cette épopée, je l’ai racontée dans « 36 histoires du Tour de France ». A posteriori, elle a été quelque peu romancée par la presse. Dans ces cas-là, il faut toujours privilégier la version de l’intéressé : « Ça marchait trop bien, soudain, un choc ! C’est ma chaîne qui, bloquée par la boue, s’en va au septième ciel. Et dire que je suis à l’entrée de Lyon. Je songe à Cambronne et à la Vieille Garde. Je pousse un juron aussi énergique que le courageux Georges Devilly (NDLR : six Tours de France entre 1906 et 1913, cinq abandons et lanterne rouge en 1909). Mais moi, je me rends… pédestrement jusqu’au contrôle. Ah ! je ne « rigolais plus », comme dirait Georges Abran ! (NDLR : collaborateur de l’organisation du Tour). J’enviais à ce moment critique les jambes de Jacques Keyser (NDLR : champion de course à pied de l’époque Faber). Enfin, tant bien que mal, je gagnai le contrôle, la sueur de mon corps faisant frissonner mon maillot ! »        [in « Tour de France : 100 ans, tome 1 » .- Paris, éd. L’Équipe, 2002 .- 255 p (p 69)]

36 HISTOIRES DU TDF

 « L’histoire de la chaîne cassée, du soulier perdu, de la bécane portée sur le dos et du footing de 7 km, pour le seul François Faber, vainqueur de la 4e étape Belfort-Lyon avec 10 minutes d’avance, est entrée pour l’éternité dans la légende du Tour »

 En réalité, en passant la ligne, le géant de Colombes tenait son vélo par la main droite, ses chaussures aux pieds.

Lors de la septième édition du Tour, le Luxembourgeois François Faber – un géant de la route au double sens figuré et physique (1,78 m pour 86-91 kg) – domine l’épreuve de la tête et des épaules et de bout en bout. Il va réussir l’exploit, dans des conditions climatiques défavorables, inégalé à ce jour, de remporter cinq étapes successivement.

Le géant de Colombes mène le train  

Lors de la 4e étape Belfort-Lyon, le géant de Colombes, tel est son surnom, pendant 300 km, se laisse accompagner par Constant Ménager, beaucoup plus petit et donc peu efficace pour mener le train et le protéger du vent. Faber va le laisser en plan afin de poursuivre seul son odyssée. Il atteindra l’avance maximale d’une heure et dix minutes. Mais, à l’entrée de Lyon terme de l’étape, sa chaîne se bloque et se casse en raison de la boue accumulée depuis Belfort. Dans un texte publié après le Tour, le Luxembourgeois expliquera qu’il s’est rendu « pédestrement jusqu’au contrôle ». Les historiens de la Grande Boucle vont s’en donner à cœur joie pour bâtir la légende sur ce final hors du commun.

Certains vont nous dire qu’il perdit une chaussure et passa la ligne nu-pieds, d’autres qu’il portait la bécane sur le dos et, enfin, suivant les auteurs dont la plupart n’étaient pas présents, la distance parcourue en course à pied, variait de un à sept kilomètres !

Courant à côté de son vélo

 Bien sûr, nous non plus n’étions pas sur place ou dans une voiture suiveuse le 11 juillet 1909 pour observer cet incident de course.

Mais une photo de Faber pedestrian publiée à l’époque, montre le leader du classement général courant à côté de son vélo, ce qui bien sûr est beaucoup plus facile que de le porter sur le dos, tout en le tenant de la main droite, par la potence.

En raison de la foule massée le long de la chaussée et de la présence de photographes, il est probable que le cliché témoigne du proche passage de la ligne d’arrivée.

Froome en 2016 a eu des prédécesseurs : Faber en 1909, Deloffre en 1913, c’est donc bien du déjà vu

 Jules Deloffre termine pieds nus ( ?) la quinzième et dernière étape Dunkerque-Paris du Tour 1913 

L’acrobate Jules Deloffre, deuxième au général de la catégorie des isolés, casse sa roue quelques mètres avant de pénétrer au Parc. Il apparaît, en dixième position sur la piste en ciment, trottinant, son vélo sur l’épaule et les pieds nus. Les chroniqueurs de l’époque révèlent ne pas savoir où il avait perdu ses chaussures. La photo de son parcours pédestre publiée dans La Vie au Grand Air n’apporte pas la preuve qu’il soit pieds nus.

DELOFFRE                                  EQUIPE

 

Tour de France et course à pied du leader : plus de 10 km pour Christophe, la roue avant à la main, le reste du vélo sur le dos

 E. CHRISTOPHE

 Tour 1913 – Eugène Christophe, en haut du Tourmalet, est virtuel leader de l’épreuve. Quelques centaines de mètres après avoir abordé la descente, il casse sa fourche et se retrouve à pied à traîner son vélo et sa roue avant pour rejoindre la forge de St-Marie-de-Campan, 14 kilomètres plus loin.

Cri-Cri témoigne de son périple devenu un fait mythique de la Grande Boucle : « À quelques kilomètres du sommet du col du Tourmalet, je descendais pour changer de développement et Philippe Thys en profitait pour me distancer. J’atteignis le haut de la montagne avec quelques centaines de mètres de retard sur mon concurrent, mais, au classement général, j’avais environ une demi-heure d’avance sur lui. [NDLA :en réalité 17 min 8 sec.)

 J’étais en tête du classement général

 Donc, à ce moment précis de la course, je me trouvais en tête du classement général et il me restait, dans l’étape, pour améliorer ma situation, les cols d’Aspin et de Peyresourde.

Je pensais à tout cela au commencement de la descente, quand soudain, « adieu veau, vache, cochon, couvée », je sentis ma direction se bloquer. Un rapide coup d’œil sur l’avant de mon cadre me permit immédiatement de constater que ma fourche s’affaissait. (…)

J’étais à 2 000 mètres d’altitude et à 17 kilomètres du premier village, où il me serait possible de trouver un atelier pour réparer ma fourche. Le règlement ne m’autorisait ni à changer de machine, ni à en emprunter une momentanément. Il me fallut parcourir ces 17 kilomètres avec mon vélo sur le dos, en portant ma roue. J’essayai de courir, de prendre au plus court par les sentiers, mais cela ne dura pas longtemps, car je glissais avec mes souliers cyclistes sans talons, et je risquais de descendre plus vite que je ne l’aurais voulu. Au bout d’un certain temps, les camarades lâchés à l’Aubisque me passaient en bolides dans la descente. C’est à ce moment que j’éprouvai le plus de peine. Je ne pus m’empêcher de pleurer comme un enfant en voyant mes efforts annulés et ma première place perdue à tout jamais. J’étais prêt à abandonner. (…)

 J’allais courbé en deux, ma roue avant me servant d’appui

 Alors, toujours à pied, je continuai mon calvaire. Je ne puis dire combien les derniers kilomètres me parurent longs, combien mon vélo me parut lourd. J’allais courbé en deux, ma roue avant me servant d’appui comme une canne. Je venais de courir 255 kilomètres, dont trois cols très durs,  après six étapes de 2 261 kilomètres en onze jours. Imaginez combien le coup me paraissait pénible. J’arrivai enfin chez un charron-forgeron de Sainte-Marie-de-Campan et, n’ayant pas le droit de changer le tube de ma fourche, je me mis en devoir de raccorder les deux morceaux cassés. Pour percer mes trous de goupille avec le matériel pas très moderne dont je disposais, il me fallut faire tourner la machine à percer par le forgeron. Cela me valut 10 minutes de pénalisation de la part des commissaires qui surveillaient mon travail, et ce, sur la réclamation des constructeurs concurrents qui étaient également présents [NDLA : officiellement 3 minutes]. Je n’étais plus a dix minutes près, c’est entendu, mais cela ne m’en parut pas moins mesquin. La question commerciale l’emportait un peu trop sur le côté sportif.

 FORGE

 

 Une fois ma fourche réparée et remontée avec la moitié des billes en moins, je demandai à la patronne de lui acheter un morceau de pain et du beurre. Cette brave femme ne voulut point accepter mon argent. Elle ne se doutait pas qu’elle risquait de me faire encore pénaliser par ces commerçants rapaces qui épiaient tous mes mouvements. » [Eugène Christophe (FRA), in « Mes mémoires » .- Le Miroir des Sports, 1923, n° 143, 29 mars, p 197]