Ventoux – Défaillance de Jean Malléjac et arrêt de carrière de Kubler. L’Equipe nous la raconte !

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Le 18 juillet 1955, le Ventoux est au menu des géants de la route. La montée s’effectue par Bédoin, le versant sud, le plus dur surtout lorsque le soleil tape. Dans L’Equipe du 14 juillet 2016, Eric Caritoux avec l’aide de l’ancien Tour de France Raphaël Géminiani – fantastique coureur mais baratineur invétéré – nous raconte le malaise de Jean Malléjac sur les pentes surchauffées du géant de Provence. La question est posée par le journaliste de L’Equipe Philippe Brunel : La réputation du Ventoux comme col meurtrier a longtemps été liée au décès de Simpson en 1967. C’est toujours vrai ?

Eric Caritoux : « Avant lui, Malléjac en plein malaise était reparti à l’envers (en 1955) et c’est là aussi que Kubler (vainqueur du Tour 1950) a fini sa carrière. Géminiani me l’a raconté ! Il était dans sa roue et l’avait averti : ‘’Ferdi fais gaffe, le Ventoux c’est pas un col comme les autres’’ et Kubler avait répondu : ‘’Ferdi aussi, pas comme les autres’’. Mais il s’est effondré. »

Nous préférons comme toujours les commentaires des témoins visuels, en l’occurrence le journaliste Georges Pagnoud correspondant du Télégramme de Brest : « Le 18 juillet, lors de la onzième étape Marseille-Avignon (198 kilomètres), le Français Jean Malléjac (1929-2000), l’équipier tricolore de Louison Bobet (futur vainqueur de cette édition) est victime d’une terrible défaillance sur les pentes surchauffées du mont Ventoux.  

Il fallait lui desserrer les mâchoires 

Le journaliste Georges Pagnoud témoin de la scène, raconte : « Il fallait lui desserrer les mâchoires pour essayer de le faire boire et ce n’est qu’un quart d’heure plus tard, après qu’il eut reçu une piqûre de Solucamphre et respiré un ballon d’oxygène, que Malléjac sortit de son évanouissement. Transporté dans l’ambulance, il n’avait pas cependant recouvré complètement ses esprits. Il se débattait, gesticulait, criait, demandait son vélo, voulait sortir, si bien qu’il fallut l’attacher. »

Évacué vers une clinique d’Avignon, Malléjac fut soupçonné d’avoir pioché dans la boîte à pharmacie, mais il protesta véhémentement contre cette accusation. Une enquête judiciaire a même été ouverte, sans résultat d’ailleurs sauf la mise à l’écart d’un lampiste, le soigneur du grimpeur luxembourgeois Charly Gaul mais aussi de Malléjac. En 1981, soit vingt-cinq ans plus tard, le Breton niait toujours s’être dopé. Devant les caméras de télévision d’Antenne 2 et le micro de Jean-Paul Ollivier, il contestait cette accusation : « Je ne vois absolument pas pour quelle raison je serais allé me doper pour une étape aussi dure que celle du Ventoux. » Donc,  si l’on comprend bien Malléjac « la charge » s’avère tout juste suffisante pour un simple échauffement ! Le Gars de Landerneau aurait dû trouver autre chose pour espérer nous convaincre.

Malléjac 1

Mlléjac 2

 

 

 

 

 

 

 

 

Mallejac 3

Difficile au vu de ces trois photos de croire que Malléjac est « reparti à l’envers » à vélo ! C’est plutôt en ambulance que le Français a rejoint un bâtiment médicalisé en Avignon.

Ce n’est que deux ans après le Ventoux que l’Aigle d’Adliswil a pris sa retraite

 En ce qui concerne Ferdi Kubler ce n’est bien sûr pas le Ventoux qui a mis un terme à sa carrière puisque le Suisse sera encore coureur professionnel en 1956 et 1957.

ferdi kublerD’ailleurs, un mois après le TDF 1955, il finira 14e au Championnat du monde et le 11 mars 1956 remportera Milan-Turin.

A mon point de vue, je me répète, mais je préfère les faits, c’est-à-dire la réalité qui est toujours plus intéressante que la légende.