Dopage – Piqûre de rappel à propos de l’ignorance abyssale de la presse sportive sur les substances illicites impliquées dans l’amélioration des performances des athlètes

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Lecteurs du blog, je propose quelques cas tout en sachant qu’il faudrait des dizaines de pages pour en faire le tour complet.

 

GRAND TEMOIN : Jacques Marchand

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Un grand merci à Jacques Marchand d’avoir accepté de témoigner sur la presse sportive des années 1960 confrontée au grand fléau du dopage déjà omniprésent dans son sport de prédilection mais aussi dans beaucoup d’autres spécialités sportives. Quarante ans de suivi des affaires de dopage m’ont appris qu’il était difficile d’avoir un jugement péremptoire a posteriori. Il est essentiel d’écouter nos prédécesseur s en place pendant la période Goddet-Lévitan-Anquetil-Poulidor.

En raison de votre parcours de puis 1947, vous êtes la bonne personne pour nous éclairer. De tout ce que j’ai lu dans les années 1960, il ressort que les champions (sauf Anquetil) minimisaient les effets du dopage sur la performance en expliquant que les stimulants ne transforment pas un cheval de bois en pur-sang lauréat du GP de l’Arc de Triomphe ! De même, les médecins agissant dans la lutte antidopage des années 1960 à 1980, pour en limiter la publicité et la consommation des protagonistes, ne cessaient de clamer haut et fort que les dopants sont inefficaces et dangereux. En contradiction avec ce message largement répandu, deux hommes vont affirmer l’inverse.

Jacques Anquetil dans l’article du Miroir des Sports du 14.08.1961 surtitré « J. Anquetil met les pieds dans le plat » et Félix Lévitan dans le même hebdo du 20.04.1965 : « Celui qui ne se dope pas est un pauvre type voué par avance à la défaite ». Qui reconnaît donc implicitement que le dopage est réellement efficace. Bonne lecture à tous.

REPERES :  né le 25.02.1921 – Paris 18e (95 ans)

Journaliste sportif depuis 1942. Il débute à L’Echo des Sports. Après la Libération, il est engagé par le quotidien Sports. Ensuite, il collabore à plusieurs titres : à Ce soir, Estuaire Gironde, Libération, Miroir Sprint (1951-1955) avant de rejoindre en 1955 la rédaction de l’Equipe. Il va y rester jusqu’en 1976. Tout d’abord chef des rubriques cyclisme, boxe et basket, il grimpe ensuite dans la hiérarchie du journal pour en être le rédacteur en chef. En 1976, il quitte l’Equipe pour devenir chef de service des sports au Matin (1976-1982). De juin à octobre 1976, il sera le conseiller de la rédaction de l’hebdo Sport Magazine. Parallèlement à ses activités de presse, il interviendra dans les courses cyclistes organisées par l’Equipe et le Parisien. Pendant quinze ans, Jacques Marchand sera la « voix du Tour » sur radio Tour où il commente les faits de courses (échappées, chutes, etc.) à l’attention des directeurs sportifs et des journalistes présents à l’échelon course.

Sous la houlette de l’Equipe et du Parisien Libéré, à partir de 1961, il organise le Tour de l’Avenir et ce jusqu’en 1975. C’est dans cette fonction de directeur de course que je vais être amené à côtoyer quotidiennement Jacques Marchand pendant le Tour de l’Avenir 1972 conduisant le peloton de Merlin-plage sur la côte atlantique à Sochaux dans le Doubs. En tant que médecin de la course et du contrôle antidopage, notre collaboration se poursuivra en 1973 et 1974.

Notre grand témoin jouera également un rôle important auprès de la profession des journalistes sportifs en animant pendant de longues années le centre de formation et de perfectionnement ainsi qu’en occupant le poste de secrétaire général de l’Union syndicale des journalistes sportifs de France. Au total, une vie consacrée aux sports et à la presse éponyme.

TOUR DE L'AVENIR

Ouvrages de Jacques Marchand

 Boxe :

1/ Marcel Cerdan .- Le Miroir des champions, 1948, n° 4,  33  p ;

2/ Laurent Dauthuille .- Le Miroir des Champion, 1951, n° 9, 32 p ;

3/ Mes 421 coups de Théo Médina (souvenirs recueillis par Jacques Marchand) .- éd. SGEE, 1953. – 190 p ; 4/ « Mes 80 rounds » (coll. Jacques Marchand) de Georges Carpentier .- Paris, éd. Olivier Orban, 1976 .- 221 p

5/ Marcel Cerdan. – Issy-les-Moulineaux (92), éd. Prolongations, 2006. – 119 p

Cyclisme :

1/ Collection. Nos Champions. N° 7 : Jean Robic .- Nancy (54), éd. Berger-Levrault, 1955 .- 160 p (pp 106-157) ;

2/ Le cyclisme .- Paris, éd. La Table ronde, 1963.- 254 p

LE CYCLISME

3/ Pour ou contre le Tour de France (avec Pierre Debray). – Nancy, éd. Berger-Levrault, 1967, 160 p 4/ Jacques Goddet : journaliste d’abord .- Anglet (64), éd. Atlantica, 2002 .- 192 p

POUR LE TOUR DE FRANCE

5/ Les patrons du Tour : d’Henri Desgrange à Jean-Marie Leblanc .- Anglet (64), éd. Atlantica, 2003 .- 144 p 6/ Anquetil le rebelle. – Paris, éd. Prolongations, 2007. – 180 p ; 6/ Vélodrame. – Paris, éd. Calmann-Lévy, 2008. – 152 p 7

7/ Quel Tour pour demain ?. – Toulouse, éd. Le Pas d’Oiseau, 2013. –

Presse :

1/ Les défricheurs de la presse sportive. – Biarritz (64), éd. Atlantica, 1999 .- 182 p

2/ Journalistes de sport. – Biarritz (64), éd. Atlantica, 2004. –

la suite…

Le rugby : est-il un sport avec des  »valeurs » ou un combat de rue encensé par la presse sportive ?

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L’Equipe du 11 février revient sur le match France-Irlande 1982 remporté 22-9 par le XV de France sur la pelouse du Parc des Princes. Victoire qui lui évitera la cuillère de bois mais pas les critiques sur sa façon de concevoir le sport. Alors qu’actuellement des pages entières sont consacrées aux commotions cérébrales et à leurs conséquences sur l’avenir mental des joueurs, le quotidien sportif hexagonal glorifie les joueurs dont le seul objectif est de balancer des coups plus ou moins sournois à l’adversaire !

RUGBY-L'EQUIPE

Question de marrons…

 C’est la mémoire de Jean-François Imbernon, l’un des acteurs de ce France-Irlande, qui est sollicitée pour faire revivre ce combat où il est souvent question de « marrons ». Déjà, le titre « Sur ses côtes à pieds joints » montre l’étendue du peu de respect de l’adversaire et des lois du jeu. Une grande partie de l’interview concerne les coups tordus, défendus, pour faire mal. Rappelons qu’à l’époque, le médecin de l’équipe de France distribuait à ses ouailles du Captagon®, une amphétamine qui facilitait l’agressivité et la violence.

On est en 2016 et on glorifie toujours de tels comportements.

Si les joueurs veulent taper sur leurs adversaires, qu’ils prennent donc une licence à la Fédération de boxe, de catch, de sumo ou de MMA…

La première notion que l’on devrait apprendre aux compétiteurs et aux journalistes sportifs c’est le respect du corps. On constate dans l’entretien qu’Imbernon joue la rencontre avec une cheville en vrac,  donc déjà lui-même ne respecte en rien son corps qui est pourtant son partenaire n° 1 pour toute une vie alors comment peut-il respecter celui de l’adversaire ? Au final, le plus désolant – le mot est faible – c’est que le journaliste – lui-même à l’abri des coups – glorifie sans vergogne la castagne.

Le rugby joué avec de tels instincts et une telle mentalité ne m’intéresse pas. Et pourtant on nous ‘’gonfle’’ à longueur d’ouvrages, d’interviews et d’articles sur les valeurs du rugby.

Des valeurs abstraites

A la tirade pour le moins naïve de Bernard Lapasset, ancien président de la FFR (Fédération française de rugby) de décembre 1991 à mai 2008 : « Si nous avons quelque chose à vendre, ce sont nos valeurs. D’autant que nous sommes dans l’air du temps. La solidarité, le respect des autres et des règles, la générosité sont d’actualité. Les chefs d’entreprise s’identifient de plus en plus à ces valeurs-là », je préfère celle de l’animateur de RMC Sports mais aussi international à quatre reprises, Vincent Moscato, qui n’est pas dupe de la nature humaine : « Mais il n’y a pas plus de valeurs au rugby qu’ailleurs ! Le rugby, c’est la vie, c’est une question de pouvoir. Le nombre de trahisons qu’il y a dans ce sport est égal au football ou ailleurs. Dans le rugby, c’est le jeu qui a de la valeur. Mais les hommes… pas plus qu’ailleurs ! Simplement, le jeu a une telle valeur d’exigence, de combat, que des fois, il déteint sur les hommes et leur donne quelques vertus. »

Visiblement, le JEU n’avait pas imprégné à la fois Jean-François Imbernon – le deuxième ligne de Perpignan entre 1972 et 1985 et 23 fois international entre 1976 et 1983 – auteur des propos et Philippe Pailhories, l’envoyé spécial de l’Équipe qui les avait recueillis.

Au final, ce qui nous dérange n’est pas que les rugbymen se tapent dessus à bras raccourcis mais que les plumitifs les mettent en valeur comme des actes commis par « des hommes, des vrais ! »