[publié le 21 avril 2017]
Lors de la Commission d’enquête sénatoriale sur l’efficacité de la lutte contre le dopage, Bernard Laporte successivement joueur, entraîneur, secrétaire d’Etat aux Sports, manageur du RC Toulon, a été reçu au Palais du Luxembourg, le 10 avril 2013.

Bernard Laporte lors de son audition au Sénat, le 10 avril 2013
Il ne savait pas que le Captagon® était interdit…
Après avoir prêté serment, il a dû réponde aux questions sur le dopage formulées par le rapporteur Jean-Jacques Lozach.

Bernard Laporte et Jean-Jacques Lozach, rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale sur le dopage, 10 avril 2013
L’une d’elles concernait son cas personnel : « Au cours de votre parcours sportif, avez-vous été confronté à des cas de dopage ? »
Bernard Laporte : « Non, je n’ai jamais eu affaire à un partenaire ni entraîné un joueur qui se dopait. Il y a vingt-cinq ans, quand je jouais, nous prenions tous des cachets de Captagon®, sans savoir que c’était interdit. A revoir les matches, je peux dire que ce n’est pas ça qui nous rendait meilleur ! »
Comme tous les dopés du rugby des années 1970-1990, Laporte avoue qu’il prenait donc bien du Captagon® [NDLR : une amphétamine, le dopant-phare de cette époque, qui, pour Laporte, ne rendait pas meilleur !] Pour toutes les drogues de la performance, le consommateur se défend en expliquant que le produit était inefficace. Ben, voyons !!!
Il faudra qu’il se mette d’accord avec Serge Simon, son vice-président, qui dans L’Equipe, à propos des comprimés de Captagon® racontait « quand tu sais que ce sont des amphétamines, tu te dis que ce n’est pas de la gnognote. »
A-t-il consulté une seule fois la liste des substances illicites ?
Lorsque Laporte met en avant son ignorance de la présence du ‘’Cap’’ sur la liste rouge, on a vraiment du mal à le croire. La fénétylline (Captagon®) figure en toutes lettres dans les interdictions dès 1969. Ainsi, depuis le début de la carrière de Bernard Laporte en 1981 à l’UA Gaillac jusqu’à sa dernière licence de joueur en 1993 au CA Bordeaux-Bègles, le Captagon® est dans la nomenclature fédérale des substances prohibées. De deux choses l’une : où il n’a jamais consulté la réglementation antidopage ou il nous prend pour des billes….
POST-IT – CAPTAGON® (fénétylline) : sur la liste rouge depuis 1969
« Les rugbymen et les footeux des trente glorieuses (1964-1993) étaient très accros au comprimé blanc, non sécable, surnommé Cap »
Ce stimulant du système nerveux central aux effets psychotiques puissants, commercialisé au milieu des années 1960, a rapidement pénétré les milieux sportif et étudiant. Doué de propriétés intéressantes pour accroître les performances des compétiteurs en tous genres : agressivité, confiance en soi, antalgique, antifatigue…
Appartenant dès son introduction au marché du médicament à un tableau, il n’était donc pas disponible à la vente libre (sans ordonnance). A partir de 1978, il était même passé au tableau des stupéfiants nécessitant une ordonnance tirée d’un carnet à souche. C’est pourquoi, dans tous les témoignages recueillis notamment en équipe de France de rugby de 1964 à1993, c’est le médecin lui-même – de la main à la main – qui fournissait le Captagon® aux joueurs du XV de France. Pour faciliter sa prescription, le praticien le présentait comme une vitamine inoffensive.
Depuis deux décennies, le Captagon® n’est plus disponible dans les pharmacies hexagonales mais peut toujours se commander sur internet via des pays extracommunautaires.
Sans avoir fait d’études de médecine ni de pharmacologie, il donne un avis péremptoire sur les drogues de la performance.
Depuis le début de l’année 2000, Bernard Laporte, à plusieurs reprises, a été sollicité pour s’exprimer sur le thème des substances illicites facilitant le rendement sportif.
Notons qu’il défend systématiquement les joueurs impliqués dans des affaires de contrôles positifs ; qu’il a pour idoles ou maîtres à penser des personnages très borderline tels que Lance Armstrong ou Bernard Tapie (voir Citations Bernard Laporte, en fichier joint).
Après la lecture des 39 extraits de presse rassemblés ci-après, nous vous laissons la liberté de croire ou pas à la sincérité de l’ex-secrétaire d’Etat aux Sports sous la gouvernance de Nicolas Sarkozy (président de la République) et François Fillon (Premier ministre).
POST-IT – Les valeurs du rugby : faites votre choix !
1 – Selon Bernard Laporte :
« Les valeurs du rugby : le courage, le partage, l’abnégation, la combativité, le respect, n’ont rien à voir avec celles du football. Quand je vois ces mecs-là se rouler par terre pour obtenir un coup franc alors même que leur adversaire ne les a pas effleurés, ça m’énerve. La simulation, la tricherie n’ont pas de place chez nous. Et l’image des footballeurs est à mille lieues de celle des rugbymen : les grosses voitures, les belles montres, l’argent qui coule à flots ne font pas partie de notre vocabulaire. » [in « Le rugby que j’aime ». – éd. Solar, 2016. – pp 80-81]
Même si c’est en contradiction avec le partage pour l’homme aux ‘’7 bouquins’’, l’égoïsme doit être une valeur cardinale : « Derrière nous, il y a nos partenaires, la ville, la région, tous ces gens qui viennent nous soutenir, match après match, que l’on gagne ou que l’on perde. Le club, c’est leur âme, leur identité. Notre devoir, c’est de leur rendre leur fierté. Leur honneur. On doit faire oublier Toulouse et Clermont. On ne doit parler que de Toulon. Il faut être égoïste : tout gagner et ne rien laisser aux autres. Pour que les gens n’aient pas envie de parler que de nous. Et parce que c’est ça. Le sport de haut niveau, c’est le seul endroit où tu peux, où tu dois, être égoïste. » [in « Le rugby que j’aime ». – éd. Solar, 2016. – p 30]
2 – Selon Mourad Boudjellal :
Le président du RC Toulon, dans son second opus ‘’Un président devrait dire ça plus souvent…’’, consacre un chapitre au thème « Des valeurs du rugby tu te moqueras » :
« Je considère qu’il existe aujourd’hui davantage de valeurs dans le football que dans le rugby où prime l’égoïsme le plus absolu. Les fameuses valeurs du rugby constituent un gros mensonge. J’y suis depuis dix ans et je les cherche encore. Dans toutes les commissions siègent des hommes corrompus moralement, qui n’ont pas la légitimité pour y être à cause de conflits d’intérêts. » [in « Un président devrait dire ça plus souvent… » éd. Robert Laffont, 2017 (p 30)]
Repères Bernard Laporte
Surnoms :
- Bernie le dingue (par Serge Simon)
- Le kaiser
- Eagle IV (pour phonétiquement : ygueule fort)
- Kaiser Soze
Né le 01 juillet 1964 – Rodez (12)
- 1,85 m – 78 kg
- Trois frères, une sœur
- Epouses : Nadine (1re) ; Manon Sieraczek (2e)
- Deux enfants (jumeaux)
- Deux stades portent son nom : Gaillac (Tarn), Cadaujac (Gironde)
- Plus jeune entraîneur de première division à 29 ans (SBUC)
- Plus jeune entraîneur d’une équipe nationale : remporte le premier super grand chelem en 2002
Joueur :
– Champion de France 1991; Finaliste Challenge Yves du Manoir 1991
Entraîneur :
– Stade Bordelais (1993-1995)
– Stade Français (1995-1999)
– Equipe de France (1999-2007)
– RC Toulon (2011-2016)
Palmarès :
- Bègles
- Stade Français
- Champion de France 1998
- Coupe de France 1999
- RC Toulon
- Champion de France 2014
- Coupe d’Europe 2013, 2014, 2015
- Tournoi des 6 Nations 2002 (GC), 2004 (GC), 2006, 2007
- Coupe du monde 2003 (4e), 2007 (4e)
Dirigeant :
– Président de la FFR depuis le 3 décembre 2016

Fichier joint : Citations Bernard Laporte
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