Le suivi du dictionnaire Vidal sur plus d’un siècle

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  • Blog Dr JPDM – Autres liens à consulter  sur le dictionnaire Vidal
  • Centenaire du Vidal (1914-2014) ou l’histoire du livre de chevet des cyclistes et des autres sportifs – publié le 13.01.2016
  • Dictionnaire Vidal 2016 – Les mêmes erreurs perdurent depuis 2004 – publié le 09.02.2016
  • Dopage et Guronsan – le Vidal enfin se met à jour en 2017, soit 13 ans après le changement de réglementation de la caféine qui date de… 2004 (mise à jour) – publié le 13.02.2017
  • Le manque de professionnalisme de la lutte antidopage française – publié le 15.02.2017
  • Dopage – Le Nasacort® en question… – publié le 15.02.2017
  • Dopage – Le dictionnaire Vidal collabore à la lutte antidopage depuis 32 ans – publié le 11.04.2017

Le manque de professionnalisme de la lutte antidopage française

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[publié le 15 février 2017]

L’AFLD et le ministère des Sports devraient être sanctionnés pour leurs informations contradictoires.

 Depuis 1986, par étapes successives, la France se targue de mettre le paquet sur la prévention, notamment grâce à la collaboration du dictionnaire Vidal : en début d’ouvrage, liste indicative des spécialités pharmaceutiques françaises contenant des produits dopants et, pour chaque spécialité médicamenteuse renfermant un principe actif pouvant entraîner un contrôle positif, une mise en garde aux sportifs les informe de ce risque dans chaque Résumé des caractéristiques du produit (RCP) concerné.

Mais là où le bât blesse, c’est que depuis l’édition 2005 les informations concernant le dopage sont contradictoires entre la liste placée en tête du Vidal et les RCP de ce même dictionnaire.

Prenons pour exemple le Nasacort®, un spray nasal dont la composition comporte un glucocorticoïde, la triamcinolone, molécule inscrite dans la liste de l’Agence mondiale antidopage (AMA).

Sur la nomenclature du ministère des Sports, page 27, où sont listées les spécialités commençant par N, on constate l’absence du Nasacort®. En revanche, dans le RCP de la même spécialité, il est indiqué page 1865 : « L’attention des sportifs sera attirée sur le fait que cette spécialité contient un principe actif pouvant induire une réaction positive des tests pratiqués lors de contrôles antidopage »

Ces deux informations contradictoires page 27 et 1865, datant de 1998 et toujours présentes dans l’édition 2017 du Vidal, font pour le moins désordre, voire amateur !

Comment un médecin « lambda » et a fortiori un sportif peuvent-il comprendre un message dont la clarté n’est vraiment pas évidente ?

Ajoutons que la notice du médicament figurant dans le conditionnement (boîte) présente depuis 2005 les mêmes erreurs que celles des RCP du Vidal.

 Vidal 2017 : trois substances – caféine, phényléphrine et tétracaïne – sont prohibées par erreur !!!!!

 trois-subs

Liste des spécialités pharmaceutiques présentes dans le Vidal 2017 avec la mise en garde aux sportifs alors quelles ne sont pas considérées comme dopantes par l’AMA. Certaines ne figurent plus en liste rouge depuis… 2005

POST-IT

Contribution du dictionnaire Vidal à une meilleure connaissance des risques de contrôle positif

1986

Publication annuelle de la liste des substances prohibées dans le cadre des compétitions sportives (DCI) (nomenclature fournie par le ministère des Sports)

1989

Mention d’une mise en garde aux sportifs

Depuis le 7 septembre 1988, les fabricants de médicaments ont un an pour faire figurer sur la notice de leurs spécialités pharmaceutiques contenant des substances dopantes une mise en garde destinée aux sportifs. Le Journal officiel du 7 septembre publie un avis du ministère de la Santé par lequel il demande aux fabricants de spécialités pharmaceutiques contenant des substances susceptibles de rendre positifs les résultats des tests pratiqués sur des sportifs, lors de contrôle antidopage, d’ajouter sur la notice destinée aux utilisateurs, ainsi que dans la documentation destinée à l’information médicale une mise en garde ainsi libellée : « Sportifs, attention : cette spécialité contient un principe actif pouvant induire une réaction positive des tests pratiqués lors de contrôles antidopage ». Le Journal officiel publie ensuite la liste des produits touchés par cette obligation. Les produits sont classés par classes pharmacologiques : stimulants (les anorexigènes y figurent), narcotiques, stéroïdes anabolisants, bêtabloquants, diurétiques.

2001

Liste des substances prohibées dans le cadre des compétitions sportives. Elle figure au début du Dictionnaire et comporte à la fois le nom des spécialités et les DCI.

Depuis décembre dernier, le site du Vidal (Vidal.fr) a fait le ménage en actualisant les mises en garde aux sportifs sauf que pour les substances délivrées par ordonnance la mention n’est pas accessible au grand public.

On attend depuis l’édition papier 2005 que le Vidal soit en accord avec le Code mondial antidopage, ce qui n’est pas encore le cas avec la dernière édition sortie au début de l’année 2017.

Compte tenu des modifications récentes (décembre 2016) apparues sur vidal.fr, il est probable que le Vidal 2018 contiendra enfin les mentions exactes.

vidal-2018

A priori en 2018, le Vidal tirage papier sera enfin à jour

Dopage – Le Nasacort en question….

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[publié le 15 février 2017 – mis à jour le 17 février 2017]

Courrier de lecteur :

 Bonjour Dr de Mondenard

J’aurais juste une question à vous poser vis-à-vis du Nasacort. Est-ce que l’on peut suspecter ce médicament d’être utilisé à des fins de dopage, si oui à quelle concentration ?

Bien cordialement.

Dr JPDM – Le Nasacort® est un spray nasal renfermant de la triamcinolone acétonide, une substance appartenant à la famille des glucocorticoïdes. Ceux-ci :

–       sont interdits lorsqu’ils sont administrés par voie orale, intraveineuse, intramusculaire, rectale.

–       sont autorisés par inhalation et par voie auriculaire, ophtalmologique, nasale, dermatologique et anale.

Liste du ministère des Sports et RCP du Vidal : une différence qui interpelle…

 vidal

 Dans la réglementation officielle du ministère des Sports depuis sa mise sur le marché en 1998, le Nasacort® n’est pas mentionné en liste rouge ; en revanche dans le Résumé des caractéristiques du produit (RCP) pour le Nasacort®, le Vidal comporte toujours en 2017 la mise en garde présente dès le début de sa commercialisation :

L’attention des sportifs sera attirée sur le fait que cette spécialité contient un principe actif pouvant induire une réaction positive des tests pratiqués lors de contrôles antidopage.

 Dans le même dictionnaire Vidal, depuis 1986, figure au début de l’ouvrage une liste des substances prohibées. Le Nasacort® n’y est pas mentionné.

Liste indicative des spécialités pharmaceutiques françaises contenant des produits dopants. Etablie en collaboration avec le ministère des Sports d’après la liste 2017 des substances et méthodes interdites, approuvée par le comité exécutif de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Mise à jour du 1er décembre 2016

 Réglementation AMA : un seuil à 30 ng/ml depuis 2005

Ce défaut de coordination pousse au crime car le tricheur, fort de l’absence en toutes lettres du Nasacort® dans la liste va le consommer sans restriction. Il faut ajouter que l’Agence mondiale antidopage (AMA) en 2005 a établi pour les glucocorticoïdes un seuil de 30 ng/ml. Cela signifie que le médicament est autorisé seulement si le sportif l’utilise conformément au résumé des caractéristiques du produit (indications, posologie/mode d’administration…). Dans le cas contraire, tout sportif est passible d’une sanction disciplinaire dès lors que le résultat analytique d’un prélèvement urinaire réalisé lors d’un contrôle antidopage révélerait une concentration supérieure à une valeur-seuil – ici 30 ng/ml – établie par l’Agence mondiale antidopage. Le seuil a été déterminé afin de ne pas sanctionner ceux qui se soignaient avec des préparations locales. Normalement, le sportif traité à la bonne posologie par Nasacort® suspension pour pulvérisation nasale n’atteint pas 30 ng/ml.

Pour mémoire, au tournant des années 1998-2004 avant l’instauration du seuil, les sportifs ‘’feintaient le contrôle’’ de la façon suivante.

‘’L’expert’’ Philippe Gaumont

 gaumont

 C’est Philippe Gaumont qui en témoigne dans Le Monde du 15 mars 2004 :

« Il n’y a pas de produits masquants, seulement des « ordonnances masquantes ». Pour la cortisone ou les corticoïdes, il suffit d’avoir une bonne justification thérapeutique pour que les contrôles positifs deviennent négatifs. Voilà comment ça se passe : le médecin de l’équipe t’envoie voir un allergologue, c’est obligatoire. Celui-ci constate que tu es sensible aux acariens et te prescrit un spray. On avait la consigne à chaque fois de demander à tout prix du Nasacort® (triamcinolone acétonide). Pourquoi ? Car c’est un spray qui permet de masquer la cortisone. Quand on va au contrôle, on déclare qu’on est allergique aux acariens, qu’on a une prescription de Nasacort® et qu’on en a pris le matin par voie nasale. Et à côté, on a pu se faire tranquillement une injection de Kenacort® retard (produit interdit contenant lui aussi de la triamcinolone acétonide) car, au contrôle, on ne sait pas faire la différence entre le spray et l’injection.

Ensuite, le médecin t’envoie vers un dermatologue. Tu te grattes un peu les testicules avec du sel pour lui montrer que tu as des rougeurs et il te prescrit six mois de Diprosone® (bétaméthasone) en pommade. Comme ça, derrière tu peux te faire du Diprostène® (interdit, contenant lui aussi de la bétaméthasone) en injectable sans risquer non plus d’être positif. »

Pour augmenter la confusion, le site de l’AFLD précise bien que le produit Nasacort® peut entraîner un résultat positif.

afld-nasacort

Site Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), 15 février 2017

Décryptage

–       Le Nasacort® contient de la triamcinolone glucocorticoïde pouvant entraîner un contrôle positif.

–       Le Nasacort® est autorisé par pulvérisation nasale car si l’on suit correctement la posologie, on ne doit pas dépasser le seuil urinaire qui est de 30 ng/ml.

–       Néanmoins, lorsqu’on pratique des spécialités sportives à fortes contraintes thermiques avec déshydratation importante (cyclisme, marathon, boxe…) et que le test antidopage a lieu dans l’environnement immédiat de l’épreuve, en raison de la densité urinaire élevée, l’athlète peut dépasser le seuil de 30 ng/ml sans qu’il ait forcé, dans un but de dopage, sur la dose de Nasacort®.

Vous le comprendrez facilement, pour des raisons éthiques, il ne m’est pas possible de répondre à la derrière partie de votre question.

 

 

 

 

Dopage et Guronsan – Le Vidal enfin se met à jour en 2017, soit 13 ans après le changement de réglementation de la caféine qui date de… 2004 ! (mise à jour)

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[publié le 13 février 2017]

vidal

La caféine – en tant que substance interdite aux sportifs – ne figure plus dans le Code mondial antidopage depuis 2004. Et pourtant, le dictionnaire Vidal continuait toujours à diffuser dans ses pages la mise en garde aux sportifs que cette substance peut provoquer un contrôle positif.

Pendant 13 ans – pas moins – on pouvait se poser la question : à quoi servent l’Agence du médicament (ANSM), l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) et le ministère des Sports qui, à chaque affaire, se gargarisent d’axer leur action sur… la prévention ?

 POST-IT 

 Sans mon intervention, on en serait toujours au même point. Affligeant.

Au final, on peut se poser la question : à quoi servent les conseillers scientifiques ainsi que les médecins des commissions médicales antidopage des fédérations françaises, sans oublier tous les pseudo-experts dont la principale spécialité consiste à ‘’activer  les éoliennes’’ ? Visiblement, ils ne consultent pas le Vidal. 

 Une notice de retard

Dès 2005 – par l’intermédiaire du bimestriel Sport et Vie – j’avais alerté les instances antidopage de cette absence de mise à jour (Guronsan® : une notice de retard).

sport

En 2015, dans le mensuel Cyclosport Magazine n° 109, j’étais revenu à la charge avec un article de deux pages. Comprenant que les responsables de cette carence ne lisaient ni Sport et Vie ni Cyclosport, courant 2015, j’ai téléphoné à l’AFLD pour l’aviser de la persistance de cette « erreur chronique » mais personne de l’Agence n’a bougé.

En 2016, j’ai donc réitéré mes coups de téléphone à la responsable des Résumés des Caractéristiques des produits (RCP) du Vidal et enfin au laboratoire pharmaceutique concerné.

Bingo ! Au début de l’année 2017 est parue la 93e édition du gros dictionnaire rouge des médicaments avec, ENFIN, UNE INFORMATION ACTUALISÉE.

Guronsan® : Attention « Ce médicament contient de la caféine qui n’est plus considérée comme substance interdite dans les tests antidopage. Néanmoins, elle fait partie du programme de surveillance de l’Agence mondiale antidopage. Elle peut être recherchée dans les urines des sportifs pour déceler un éventuel mésusage. »

 Autorisée mais toujours stimulante sur le système nerveux central (SNC)

Précision importante : depuis 2004, la caféine présente dans le Guronsan® ne peut entraîner de sanction tant que cette dernière ne sera pas réintégrée dans la liste rouge.

Depuis 2004, la caféine fait partie du programme de surveillance de l’AMA (section 1. Stimulants)

ama

 

POST-IT 

 Produits dopants autorisés par l’Agence mondiale antidopage (AMA)

Depuis 2004, l’AMA autorise un certain nombre de produits dopants sans que le sportif consommateur ne risque quoi que ce soit comme sanction. Ces drogues de la performance parfaitement connues de la part des tricheurs, figurent dans un programme de surveillance. C’est ce que j’appelle la liste jaune = pas de suspension, qui en 2017, comporte un minimum de 13 produits dopants autorisés  dont la caféine

A lire également sur ce blog  d’autres textes consacrés au Guronsan® 
–     La désinformation dure depuis 11ans (publié le 4 décembre 2015)
–       Dictionnaire Vidal 2016 : les mêmes erreurs perdurent depuis 2005 (publié le 9 février 2016)
–       Euro – Le Guronsan® l’arme des Bleus contre l’Allemagne (publié le 13 juillet 2016)

 

 

 

Dopage et Guronsan – Le Vidal enfin se met à jour en 2017, soit 13 ans après le changement de réglementation de la caféine qui date de… 2004 !

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[publié le 12 février 2017]

vidal

La caféine – en tant que substance interdite aux sportifs – ne figure plus dans le Code mondial antidopage depuis 2004. Et pourtant, le dictionnaire Vidal continuait toujours à diffuser dans ses pages la mise en garde aux sportifs que cette substance peut provoquer un contrôle positif.

Pendant 13 ans – pas moins – on pouvait se poser la question : à quoi servent l’Agence du médicament (ANSM), l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) et le ministère des Sports qui, à chaque affaire, se gargarisent d’axer leur action sur… la prévention ?

Une notice de retard

Dès 2005 – par l’intermédiaire du bimestriel Sport et Vie – j’avais alerté les instances antidopage de cette absence de mise à jour (Guronsan® : une notice de retard).

sport

En 2015, dans le mensuel Cyclosport Magazine n° 109, j’étais revenu à la charge avec un article de deux pages. Comprenant que les responsables de cette carence ne lisaient ni Sport et Vie ni Cyclosport, courant 2015, j’ai téléphoné à l’AFLD pour l’aviser de la persistance de cette « erreur chronique » mais personne de l’Agence n’a bougé.

En 2016, j’ai donc réitéré mes coups de téléphone à la responsable des Résumés des Caractéristiques des produits (RCP) du Vidal et enfin au laboratoire pharmaceutique concerné.

Bingo ! Au début de l’année 2017 est parue la 93e édition du gros dictionnaire rouge des médicaments avec, ENFIN, UNE INFORMATION ACTUALISÉE.

Guronsan® : Attention « Ce médicament contient de la caféine qui n’est plus considérée comme substance interdite dans les tests antidopage. Néanmoins, elle fait partie du programme de surveillance de l’Agence mondiale antidopage. Elle peut être recherchée dans les urines des sportifs pour déceler un éventuel mésusage. »

 Autorisée mais toujours stimulante sur le système nerveux central (SNC)

Précision importante : depuis 2004, la caféine présente dans le Guronsan® ne peut entraîner de sanction tant que cette dernière ne sera pas réintégrée dans la liste rouge.

Depuis 2004, la caféine fait partie du programme de surveillance de l’AMA (section 1. Stimulants)

ama


POST-IT :

 Produits dopants autorisés par l’Agence mondiale antidopage (AMA)

Depuis 2004, l’AMA autorise un certain nombre de produits dopants sans que le sportif consommateur ne risque quoi que ce soit comme sanction. Ces drogues de la performance parfaitement connues de la part des tricheurs, figurent dans un programme de surveillance. C’est ce que j’appelle la liste jaune = pas de suspension, qui en 2017, comporte un minimum de 13 produits dopants autorisés  dont la caféine

 

 

A lire également sur ce blog  d’autres textes consacrés au Guronsan®
–     La désinformation dure depuis 11ans (publié le 4 décembre 2015)
–       Dictionnaire Vidal 2016 : les mêmes erreurs perdurent depuis 2005 (publié le 9 février 2016)
–       Euro – Le Guronsan® l’arme des Bleus contre l’Allemagne (publié le 13 juillet 2016)

 

 

 


A lire également sur ce blog  d’autres textes consacrés au Guronsan® 
–     La désinformation dure depuis 11ans (publié le 4 décembre 2015)
–       Dictionnaire Vidal 2016 : les mêmes erreurs perdurent depuis 2005 (publié le 9 février 2016)
–       Euro – Le Guronsan® l’arme des Bleus contre l’Allemagne (publié le 13 juillet 2016)

 

 

 

Dictionnaire Vidal 2016 : les mêmes erreurs perdurent depuis 2005 !

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Récemment, sur ce blog, je vous faisais part des carences du dictionnaire des médicaments Vidal qui dans les RCP (résumé des caractéristiques du produit) mentionnait que le Guronsan® (caféine) et les pastilles Drill® (tétracaïne) notamment ne devaient plus depuis 2004 comporter – par rapport au dopage – la mise en garde aux sportifs. En effet, à cette date, l’Agence mondiale antidopage (AMA) avait retiré des interdictions : caféine, tétracaïne et aussi phényléphrine.

Le Vidal 2016 vient de sortir en début d’année et les RCP des médicaments contenant caféine, tétracaïne et phényléphrine sont toujours affublées de la mise en garde aux sportifs. De même, les notices dans les boîtes des médicaments sont toujours obsolètes depuis 2004.

VIDAL 2016

 

Précisons que les RCP du Vidal sont sous le contrôle de l’Agence du médicament. Donc, en vérité, c’est cette Agence d’Etat qui doit être montrée du doigt pour son manque de professionnalisme.

Solutricine maux de gorge : Amaury Leveaux nous enfume…

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En quelques lignes pour lecteur pressé
Amaury Leveaux, en avril 2015, lors de la tournée médiatique qui a suivi la sortie de son livre « Sexe, drogue et natation » et pour faire le buzz - le thème du dopage étant toujours très prisé des journalistes - s’est répandu dans la presse et les plateaux TV qu’un banal produit pour soigner les maux de gorges, Solutricine® à la tétracaïne était, dans le cadre d’une compétition, interdit aux sportifs. Sauf que le médicament en question n’est plus prohibé par le Code mondial antidopage depuis 2004, soit onze ans. Bonjour, la désinformation du quadruple médaillé olympique. Mais encore plus fort, aucun des intervieweurs ne l’a repris pour lui dire qu’il nous racontait des âneries.

En avril 2015, le quadruple médaillé olympique sort un ouvrage intitulé « Sexe, drogue et natation » avec un sous-titre racoleur : « Un nageur brise l’omerta ».

LEVEAUX

Le triton se plante

Dès l’entame des 249 pages, Leveaux s’insurge contre les biographies à l’eau de rose ainsi que des interviews bidon. Sauf que dans son bouquin, on peut lire erreurs et contrevérités à la pelle. Grâce à cet opus, il va mobiliser l’espace médiatique pendant quelques semaines. A l’occasion d’un entretien dans Voici du 13 mai 2015, le triton retraité depuis fin 2013, aborde le thème du dopage, un sujet rarement évoqué par le milieu de la natation. Malheureusement pour lui, il va se planter copieusement en nous parlant d’un produit dopant prohibé qui, en réalité, ne fait plus partie de la liste depuis … 11 ans. Bravo pour le scoop !

Reprenons ce que déclare Maumau (son surnom initié par Philippe Lucas) à propos du sujet qui fâche : « Un jour, quand je nageais (international de 2004 à 2013), j’avais mal à la gorge, on me dit ‘’prends un comprimé de Solutricine®’’. Je dis : ‘’pas possible, c’est sur la liste’’. On me répond : « Mais, c’est bon, tu le prends le soir et le lendemain matin ça part dans les urines direct’’. C’est anecdotique mais révélateur. »

N’est plus en liste rouge depuis 11 ans

Sauf que, et cela peut servir à tous les sportifs de compétition pratiquant l’automédication, Solutricine® maux de gorge utilisé en cas d’irritation peu intense de la gorge, d’aphtes et de petites plaies de la bouche, n’a figuré sur la liste des produits interdits du ministère des Sports que de 1995 à 2005 et pour cette raison, depuis onze ans, ne peut entraîner un contrôle positif puisque les anesthésiques locaux ont été retirés de la liste rouge édictée par l’Agence mondiale antidopage (AMA) le 1er janvier 2004 (dont l’un la tétracaïne est présent dans Solutricine® maux de gorge, comprimés à sucer, le produit mis en cause par Leveaux) !

Dans le dictionnaire Vidal – répertoire des médicaments français dont la couverture est rouge vif – Solutricine® maux de gorge à la tétracaïne depuis le début de sa commercialisation en 1995 et ce jusqu’en 2005 a figuré sur la « liste indicative des spécialités pharmaceutiques françaises contenant des produits dopants », placée en début d’ouvrage et communiquée officiellement par les services du ministère des Sports. Depuis 2005, et encore aujourd’hui en 2016, Solutricine® à la tétracaïne (comprimés à sucer) ne fait plus partie de la liste rouge.Mais, curieusement, tout comme les pastilles Drill® du footballeur masqué (voir par ailleurs dans le blog) pour Solutricine® maux de gorge à la tétracaïne dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) publié dans les mêmes éditions du Vidal entre 2005 et 2015, on peut lire la mention : « L’attention des sportifs sera attirée sur le fait que cette spécialité contient un principe actif (anesthésique local) pouvant induire une réaction positive des tests pratiqués lors de contrôles antidopage. » SOLUTRICINE%20TETRACAINE%200,2MG

Réglementation des anesthésiques locaux (AL)

Liste Comité international olympique (CIO) : de 1980 à fin 2003, les AL sont soumis à certaines restrictions et sont inscrits sur la liste rouge.

Liste Agence mondiale antidopage (AMA) : depuis le 1er janvier 2004, les AL ne sont plus considérés comme des substances dopantes et ne font plus partie de la liste rouge.

Les spécialités Solutricine® tétracaïne (comprimés à sucer et solution pour pulvérisation locale) sont apparues dans les pharmacies en 1995 pour les comprimés à sucer et en 2000 pour la pulvérisation locale. Les résumés des caractéristiques de ces produits (RCP) comportent dès 1995 pour la première et de 2000 à 2009 (année de son retrait du marché) pour la seconde, la mise en garde aux sportifs.

En 2004, la liste rouge du ministère des Sports publiée au début du Vidal dans les pages « Informations de l’AFSSAPS » comporte toujours la présence des deux spécialités de Solutricine® à la tétracaïne car le bouclage du dictionnaire des médicaments s’arrête au 31 octobre 2003. A cette date, la réglementation de l’AMA n’a pas encore été entérinée par la France. En revanche, dès le Vidal 2005, les deux Solutricine® à la tétracaïne ont été supprimées des listes ministère des Sports présentent dans le Vidal de 2005 à 2015.

Liste ministère des Sports : Vidal 2005

LISTE AL  Solutricine® tétracaïne n’y figure plus

Malheureusement pour les pratiquants licenciés dans une fédération, la mention « Mise en garde aux sportifs » est en 2015 toujours inscrite dans les RCP du Vidal et dans la notice présente dans les boîtes de Solutricine® à la tétracaïne comprimés à sucer (la commercialisation de la forme en pulvérisation a été arrêtée en 2009).

Les contradictions du Vidal 

9782850912061FS

En clair, au début du Vidal, dans les pages « Informations pratiques » comportant la liste rouge officielle des interdictions, Solutricine® n’est pas référencé comme substance prohibée alors que dans la notice du médicament placée dans le corps de l’ouvrage, à la lettre S, on lit la mise en garde aux sportifs. Cette aberration se retrouve également dans la notice placée dans la boîte du médicament. Ce défaut d’harmonisation dure depuis dix ans et concerne la majorité des spécialités contenant un anesthésique local. Le responsable de ce mastic sera-t-il sanctionné ? Pas sûr…

Quoi qu’il en soit, on constate que le staff technique d’Amaury Leveaux du Lagardère Racing Club ( ?) ou de l’équipe de France ( ?) (ce n’est pas précisé dans la biographie du quadruple médaillé olympique) qui lui donne la martingale pour ne pas être positif avec Solutricine® maux de gorge n’est pas très professionnel puisque lui aussi ignore que ce médicament n’est plus prohibé depuis 2004. D’autre part, on constate que l’Agence du médicament ne fait pas son boulot car la rédaction des Résumés caractéristiques des produits (RCP) présents dans le Vidal sont de sa responsabilité.

Anesthésiques locaux : ils sont tous autorisés

Au final, pour réparer les carences des instances antidopage et gouvernementales françaises mais aussi Sanofi-Aventis France, le laboratoire commercialisant Solutricine® maux de gorge tétracaïne,   nous publions la liste des 29 spécialités pharmaceutiques concernées par les anesthésiques locaux (soit 67,4%) dont la mention aux sportifs figure toujours par erreur dans le Vidal 2015. En revanche, il faut préciser que sur 43 médicaments à base d’anesthésiques locaux présents dans le Vidal, 14 – soit 32,5% – ont intégré que ces substances ne sont plus prohibées depuis 2004 et ne comportent plus la mise en garde aux sportifs.

AL