Dopage- Affaire Ophélie Claude-Boxberger versus AFLD, zone d’ombre et pataquès. Décryptage

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Ophélie Claude-Boxberger (OCB), la steepleuse de Montbéliard, a été contrôlée le 18 septembre à son domicile, au retour d’un stage d’un mois (15 août-15 septembre) à Font-Romeu mais n’a reçu la notification de son test non-négatif que le 05 novembre, soit 48 jours plus tard

Antidopage – AFLD : bilan 2016 commenté par L’Equipe. Cette dernière donne la parole à… trois personnes de l’Agence. Bonjour l’analyse impartiale des résultats des contrôles !

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[publié le 16 juin 2017]

L’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) a présenté mardi 13 juin son rapport d’activité 2016. L’Equipe, le quotidien sportif bien connu, commente les principaux points forts en donnant la parole à seulement trois personnalités, toutes appartenant à l’Agence antidopage française.

AFLD : on n’est jamais si bien servi que par soi-même

C’est un peu comme les chiffres du chômage commentés dans la presse en exclusivité et uniquement par le ministre du travail !

Parmi elles, deux non-médecins dont la légitimité pour parler correctement des substances pharmaceutiques et biologiques est nulle.

 

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Bruno Genevois, président de l’Agence française de lutte contre le dopage depuis 2010 ; spécialiste de droit public

 

De nous annoncer que seulement 1,9% des sportifs contrôlés ont présenté des résultats anormaux, montre bien l’étendue des carences de l’AFLD. Qui peut croire qu’un tel résultat traduit la réalité de la triche biologique française ?

Toutes les enquêtes l’ont démontré : lorsque la police s’en mêle, les chiffres des tricheurs sont d’une autre ampleur.

Parmi les « points forts » distingués par L’Equipe, il y a le paragraphe intitulé « Rugby et cocaïne » : « La consommation de cocaïne [qui n’est répréhensible par les autorités sportives qu’en compétition] est devenue préoccupante dans le rugby et le rugby à XIII. »

En d’autres termes, l’Agence mondiale antidopage (AMA) autorise à l’entraînement les stimulants (cocaïne et amphétamines). Et on veut nous faire croire que le CIO, l’AMA et l’AFLD luttent contre le dopage ?

STOP COCAINE    AMPHETAMINES

A l’entraînement aussi !

15 ans de surplace

Dès 2003, à propos du cas de Pieter De Villiers contrôlé positif à la cocaïne et à l’ecstasy (métamphétamine) qui n’avait pas été sanctionné au prétexte que les substances en cause des stimulants étaient prohibées seulement en compétition mais pas à l’entraînement, j’avais dans la presse (Sport et Vie, Sud-Ouest, Le Point) stigmatisé l’absurdité de la règle libéralisant cocaïne et amphétamines à l’entraînement. Dans Le Point du 14 février 2003, j’expliquais que cocaïne et amphétamine n’étaient pas que des drogues récréative ou sociale : « La cocaïne est utilisée dans les salles de musculation pour éteindre la douleur et pousser l’entraînement jusqu’à l’extrême limite. Quant à l’ecstasy, c’est une amphétamine et, à ce titre, elle possède un effet excitant et défatigant également très efficace pour soulever de la fonte. »

Bref, la frontière entre produits stupéfiants et substances dopantes n’existe pas.

Cela fait 15 ans que les sportifs peuvent – avec l’approbation de l’AMA – se doper à l’entraînement en prenant des stimulants réglementairement prohibés seulement en compétition.

Vous avez dit hypocrisie ? Comme c’est bizarre !

 

A lire – Rugby : la cocaïne, de longue date, est un véritable produit dopant au même titre que les amphets – Blog JPDM, 10 mars 2017

Dopage – Le Nasacort en question….

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[publié le 15 février 2017 – mis à jour le 17 février 2017]

Courrier de lecteur :

 Bonjour Dr de Mondenard

J’aurais juste une question à vous poser vis-à-vis du Nasacort. Est-ce que l’on peut suspecter ce médicament d’être utilisé à des fins de dopage, si oui à quelle concentration ?

Bien cordialement.

Dr JPDM – Le Nasacort® est un spray nasal renfermant de la triamcinolone acétonide, une substance appartenant à la famille des glucocorticoïdes. Ceux-ci :

–       sont interdits lorsqu’ils sont administrés par voie orale, intraveineuse, intramusculaire, rectale.

–       sont autorisés par inhalation et par voie auriculaire, ophtalmologique, nasale, dermatologique et anale.

Liste du ministère des Sports et RCP du Vidal : une différence qui interpelle…

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 Dans la réglementation officielle du ministère des Sports depuis sa mise sur le marché en 1998, le Nasacort® n’est pas mentionné en liste rouge ; en revanche dans le Résumé des caractéristiques du produit (RCP) pour le Nasacort®, le Vidal comporte toujours en 2017 la mise en garde présente dès le début de sa commercialisation :

L’attention des sportifs sera attirée sur le fait que cette spécialité contient un principe actif pouvant induire une réaction positive des tests pratiqués lors de contrôles antidopage.

 Dans le même dictionnaire Vidal, depuis 1986, figure au début de l’ouvrage une liste des substances prohibées. Le Nasacort® n’y est pas mentionné.

Liste indicative des spécialités pharmaceutiques françaises contenant des produits dopants. Etablie en collaboration avec le ministère des Sports d’après la liste 2017 des substances et méthodes interdites, approuvée par le comité exécutif de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Mise à jour du 1er décembre 2016

 Réglementation AMA : un seuil à 30 ng/ml depuis 2005

Ce défaut de coordination pousse au crime car le tricheur, fort de l’absence en toutes lettres du Nasacort® dans la liste va le consommer sans restriction. Il faut ajouter que l’Agence mondiale antidopage (AMA) en 2005 a établi pour les glucocorticoïdes un seuil de 30 ng/ml. Cela signifie que le médicament est autorisé seulement si le sportif l’utilise conformément au résumé des caractéristiques du produit (indications, posologie/mode d’administration…). Dans le cas contraire, tout sportif est passible d’une sanction disciplinaire dès lors que le résultat analytique d’un prélèvement urinaire réalisé lors d’un contrôle antidopage révélerait une concentration supérieure à une valeur-seuil – ici 30 ng/ml – établie par l’Agence mondiale antidopage. Le seuil a été déterminé afin de ne pas sanctionner ceux qui se soignaient avec des préparations locales. Normalement, le sportif traité à la bonne posologie par Nasacort® suspension pour pulvérisation nasale n’atteint pas 30 ng/ml.

Pour mémoire, au tournant des années 1998-2004 avant l’instauration du seuil, les sportifs ‘’feintaient le contrôle’’ de la façon suivante.

‘’L’expert’’ Philippe Gaumont

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 C’est Philippe Gaumont qui en témoigne dans Le Monde du 15 mars 2004 :

« Il n’y a pas de produits masquants, seulement des « ordonnances masquantes ». Pour la cortisone ou les corticoïdes, il suffit d’avoir une bonne justification thérapeutique pour que les contrôles positifs deviennent négatifs. Voilà comment ça se passe : le médecin de l’équipe t’envoie voir un allergologue, c’est obligatoire. Celui-ci constate que tu es sensible aux acariens et te prescrit un spray. On avait la consigne à chaque fois de demander à tout prix du Nasacort® (triamcinolone acétonide). Pourquoi ? Car c’est un spray qui permet de masquer la cortisone. Quand on va au contrôle, on déclare qu’on est allergique aux acariens, qu’on a une prescription de Nasacort® et qu’on en a pris le matin par voie nasale. Et à côté, on a pu se faire tranquillement une injection de Kenacort® retard (produit interdit contenant lui aussi de la triamcinolone acétonide) car, au contrôle, on ne sait pas faire la différence entre le spray et l’injection.

Ensuite, le médecin t’envoie vers un dermatologue. Tu te grattes un peu les testicules avec du sel pour lui montrer que tu as des rougeurs et il te prescrit six mois de Diprosone® (bétaméthasone) en pommade. Comme ça, derrière tu peux te faire du Diprostène® (interdit, contenant lui aussi de la bétaméthasone) en injectable sans risquer non plus d’être positif. »

Pour augmenter la confusion, le site de l’AFLD précise bien que le produit Nasacort® peut entraîner un résultat positif.

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Site Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), 15 février 2017

Décryptage

–       Le Nasacort® contient de la triamcinolone glucocorticoïde pouvant entraîner un contrôle positif.

–       Le Nasacort® est autorisé par pulvérisation nasale car si l’on suit correctement la posologie, on ne doit pas dépasser le seuil urinaire qui est de 30 ng/ml.

–       Néanmoins, lorsqu’on pratique des spécialités sportives à fortes contraintes thermiques avec déshydratation importante (cyclisme, marathon, boxe…) et que le test antidopage a lieu dans l’environnement immédiat de l’épreuve, en raison de la densité urinaire élevée, l’athlète peut dépasser le seuil de 30 ng/ml sans qu’il ait forcé, dans un but de dopage, sur la dose de Nasacort®.

Vous le comprendrez facilement, pour des raisons éthiques, il ne m’est pas possible de répondre à la derrière partie de votre question.