L’examen clinique, un temps fort pour cibler un contrôle antidopage chez les sportifs ayant un comportement suspect ou un discours langue de bois.

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L’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) a présenté mardi 13 juin son rapport d’activité 2016. L’Equipe, le quotidien sportif bien connu, commente les principaux points forts en donnant la parole à seulement trois personnalités, toutes appartenant à l’Agence antidopage française.
C’est un peu comme les chiffres du chômage commentés dans la presse en exclusivité et uniquement par le ministre du travail !
Parmi elles, deux non-médecins dont la légitimité pour parler correctement des substances pharmaceutiques et biologiques est nulle.
Bruno Genevois, président de l’Agence française de lutte contre le dopage depuis 2010 ; spécialiste de droit public
De nous annoncer que seulement 1,9% des sportifs contrôlés ont présenté des résultats anormaux, montre bien l’étendue des carences de l’AFLD. Qui peut croire qu’un tel résultat traduit la réalité de la triche biologique française ?
Toutes les enquêtes l’ont démontré : lorsque la police s’en mêle, les chiffres des tricheurs sont d’une autre ampleur.
Parmi les « points forts » distingués par L’Equipe, il y a le paragraphe intitulé « Rugby et cocaïne » : « La consommation de cocaïne [qui n’est répréhensible par les autorités sportives qu’en compétition] est devenue préoccupante dans le rugby et le rugby à XIII. »
En d’autres termes, l’Agence mondiale antidopage (AMA) autorise à l’entraînement les stimulants (cocaïne et amphétamines). Et on veut nous faire croire que le CIO, l’AMA et l’AFLD luttent contre le dopage ?
A l’entraînement aussi !
Dès 2003, à propos du cas de Pieter De Villiers contrôlé positif à la cocaïne et à l’ecstasy (métamphétamine) qui n’avait pas été sanctionné au prétexte que les substances en cause des stimulants étaient prohibées seulement en compétition mais pas à l’entraînement, j’avais dans la presse (Sport et Vie, Sud-Ouest, Le Point) stigmatisé l’absurdité de la règle libéralisant cocaïne et amphétamines à l’entraînement. Dans Le Point du 14 février 2003, j’expliquais que cocaïne et amphétamine n’étaient pas que des drogues récréative ou sociale : « La cocaïne est utilisée dans les salles de musculation pour éteindre la douleur et pousser l’entraînement jusqu’à l’extrême limite. Quant à l’ecstasy, c’est une amphétamine et, à ce titre, elle possède un effet excitant et défatigant également très efficace pour soulever de la fonte. »
Cela fait 15 ans que les sportifs peuvent – avec l’approbation de l’AMA – se doper à l’entraînement en prenant des stimulants réglementairement prohibés seulement en compétition.
Vous avez dit hypocrisie ? Comme c’est bizarre !
A lire – Rugby : la cocaïne, de longue date, est un véritable produit dopant au même titre que les amphets – Blog JPDM, 10 mars 2017
La cocaïne et un vrai dopant. Lire ci-dessous les bonus attendus :
Rugby – Des franchissements de ligne suspects
POST-IT – Les bonus attendus : effets recherchés par les sportifs.
- Accentuer l’acuité cérébrale afin de mieux percevoir et plus vite la lecture du jeu (sports d’équipe, tennis, etc.)
- Exalter vigilance et mémorisation
- Stimuler l’humeur : euphorie
- Ajuster les réflexes
- Jouer relâché pour libérer ses coups le long des lignes (tennis)
- Tenter des coups (tennis) ou des tirs (football, basketball) « impossibles »
- Se sentir imbattable, invincible, pourvu de forces décuplées (sports d’équipes et individuels)
- Franchir les barrières, les obstacles ou les parois qu’en temps normal seraient jugées hors des limites humaines (alpinisme, escalade)
- Tous ces « avantages » sont obtenus pour une durée de 20 à 40 minutes après avoir reniflé une dose de cocaïne
- Augmenter l’endurance sans viatique nutritionnel surajouté
- En musculation, permet de mieux supporter les sensations douloureuses au cours des dernières répétitions des séries très intenses, ce qui aide le sportif à se dépasser. De plus, elle sensibilise les muscles à l’action du système nerveux, ce qui augmente la force (rugby, haltérophilie, sports dans lesquels la masse physique peut faire la différence…).
Le docteur Claude Olievenstein, l’un des grands spécialistes des drogues, expliquait il y a près de 40 ans les effets favorables de la coke sur la performance :
La prise de coke est-elle compatible avec l’effort sportif de haute compétition ?
« Bien sûr ! La cocaïne a un effet excitant et défatigant. Lorsque l’intoxication n’est pas dans sa phase avancée, elle donne des réflexes mieux ajustés. Elle procure une euphorie qui se double d’un sentiment de toute-puissance et d’invulnérabilité. Elle augmente la clairvoyance. En cela, ses effets sont assez comparables à ceux des amphétamines. J’ai été, en tennis, surpris plus d’une fois par les dilatations de pupilles… C’était visible à la télévision ! »
Compte tenu qu’elle est facilement détectable, elle est devenue un produit stimulant de l’entraînement et des contraintes de vie de la haute compétition, notamment en raison de la surdose des chocs et autres plaquages sur des années.
Autorisée par l’AMA (Agence mondiale antidopage) dans l’intervalle des compétitions, elle booste les charges d’entraînement et donc le résultat des matches.
Plusieurs joueurs du Top 14 ont eu récemment maille à partie avec la cocaïne, un stimulant souvent plus efficace que les amphétamines. Rappelons que l’AMA distingue des substances interdites seulement en compétition et les autorisent pendant l’entraînement. La cocaïne appartient à cette catégorie et peut être consommée en toute liberté du lundi au samedi si, bien sûr les matches ont lieu le dimanche.
Une règle absurde qui pousse à nous interroger sur la véritable qualification des experts du Comité liste de l’Agence antidopage.
Il y a 14 ans, Pieter De Villiers, un international français d’origine sud-africaine, lors d’un contrôle inopiné au centre de musculation du Stade Français à l’Aquaboulevard, avait été testé positif à la cocaïne et à l’ecstasy (métamphétamine). Il n’avait pas été sanctionné au prétexte que les substances en tant que stimulants n’étaient pas prohibées en dehors de la compétition. Rien n’a donc changé depuis 14 ans dans le petit monde des instances sportives fédérales et antidopage. Aujourd’hui, je n’ai pas besoin de réécrire un article, j’avais dans Sud-Ouest Dimanche et le bimestriel Sport et Vie, ainsi que dans l’hebdomadaire Le Point au début de l’année 2003 déjà, détaillé l’absurdité de la règle libéralisant la cocaïne à l’entraînement.
Au final, on constate que l’Agence mondiale antidopage n’est pas la bonne structure pour lutter efficacement contre le dopage en laissant les sportifs se sublimer pendant les entraînements (certains en ont trois par jour) pour booster leurs performances en compétition.
Merci l’AMA.
POST-IT – Drogue ou dopant ?
Le quotidien L’Equipe a mis 32 ans pour comprendre que la cocaïne dans le sport pouvait être un dopant efficace. Le 21 novembre 1985, deux collaborateurs de la rubrique tennis écrivent sur la cocaïne une page entière titrée « Blanc comme neige ? » et, pour bien montrer dans quel camp ils sont alors qu’ils n’ont aucune légitimité pour donner un avis sur la substance, leurs textes se déclinent sous la manchette : « Dossier drogue ».
L’Equipe, 21 novembre 1985
J’apparais dans un encadré alors qu’aucun des deux plumitifs ne m’a jamais contacté directement. A l’époque, dans les médias, je mettais en garde le milieu sportif dans son ensemble que la cocaïne n’était pas qu’une drogue sociale, récréative ou festive mais aussi un vrai produit dopant. D’ailleurs, elle avait commencé ‘’sa carrière’’ au XVe siècle en tant que soutien de l’effort physique. Par un effet pendulaire dont les journalistes ont le secret, dans L’Equipe du 28 février 2017, ils se sont mis à trois pour titrer leur papier « Il est urgent d’agir » en admettant en chœur que « l’usage [de cocaïne] peut être récréatif mais son action dopante est réelle. »
L’Equipe, 21 novembre 1985