Grandes controverses du Tour de France – L’asphyxie d’Eddy Merckx au sommet du Mont Ventoux en 1970 est-elle due à une véritable défaillance liée à l’effort ou une tactique délibérée pour – grâce à l’ambulance – gagner une heure de temps de récupération ?

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Plusieurs envoyés spéciaux présents sur la route de la 57e édition du Tour commentent la défaillance respiratoire du leader de la course quelques instants après que Le Cannibale ait franchi le sommet de l’obstacle où se situait la ligne d’arrivée de la 14e étape. Certains parmi eux rendent responsables la meute de photographes et de journalistes l’entourant à sa descente de vélo, l’empêchant de récupérer. D’autres, tels Jacques Goddet, parlaient d’un état comateux, voire d’une syncope.

Dopage – Causes : la compétition et la médiatisation sont les deux responsables prédominant de la consommation des médocs de la performance

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C’est la rivalité entre les hommes qui pousse à l’usage de produits illicites. Plus la concurrence est forte, plus il y a de médias, plus la triche rôde. Par ailleurs, les calendriers et l’argent – souvent mis en première ligne – ne sont que des potentialisateurs.

Saga Jean-Marie Leblanc – 6e volet

De sa période de journaliste à L’Equipe jusqu’à l’affaire Festina, soit pendant seize ans si l’on en croit ses écrits, Jean-Marie Leblanc (JML) s’est trompé de cible sur les véritables racines du survoltage artificiel. Etonnant pour un ancien coureur professionnel même de  »petit niveau » puis journaliste pendant dix-huit ans et enfin directeur de la Grande Boucle pendant une durée identique d’avoir un diagnostic manquant autant de pertinence.

Dopage – Dictionnaire des idées reçues. 3e volet de la saga Jean-Marie Leblanc, patron du Tour de France de 1989 à 2006

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Selon Jean-Marie Leblanc (JML), les substances indécelables sont apparues en 1990. En réalité, la presse signale des médocs de la performance échappant aux radars analytiques dès… 1964 !

Et pourtant le grand baratineur JML va marteler, face aux accusations de Willy Voet le soigneur de Festina, qu’il ne s’est jamais dopé, preuves à l’appui. Selon lui, à son époque, les contrôles étaient d’une rare efficacité, il n’y avait aucune substance indécelable disponible et les tests antidopage qu’il a subis étaient négatifs.

 

En raison de l’inefficacité des contrôles antidopage, seuls les retardataires et les ignorants se font prendre par la patrouille. Dès le début des années 1970, un médecin avait stigmatisé les grosses carences des tests antidopage

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Publié le 06 décembre 2016

C’est dans Cyclisme magazine, publication à laquelle j’ai collaboré de 1973 à 1979, que le journaliste Pierre Chany, leader de la rubrique cyclisme à L’Equipe mais aussi intervenant dans le mensuel du vélo, signalait dans le numéro 41 du 06 octobre 1971,

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qu’un disciple d’Esculape très au fait des arcanes des analyses biologiques (mais impossible de retrouver son nom !) affirmait naguère à son confrère Abel Michéa de L’Humanité : « Ceux qui se font prendre dans ces contrôles sont des retardataires ou des ignorants. »

 

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Cyclisme Magazine n° 41, 06 octobre 1971, p 13

 

Vingt-cinq ans plus tard, au moment des Jeux olympiques de Barcelone en 1992, le prince belge Alexandre de Mérode, président de la Commission médicale du Comité international olympique (CM-CIO) depuis 1967 ouvrait enfin les yeux après de multiples discours langue de bois du style : « Les Jeux de Moscou ont été les plus propres ».

 

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Langue de bois  »à fermeture éclair »

 

Dans L’Equipe du 14 août 1992 il admettait enfin que « seuls les plus stupides ou les plus imprudents se font prendre aux tests antidopage ». Belle lucidité !

A partir de cette punchline mérodesque, le quotidien sportif français va régulièrement faire du prince belge l’inventeur de ladite phrase. Sauf, et nous l’avons vu, que de Mérode n’était pas le premier à faire ce constat accablant ni le deuxième, ni le troisième mais… le quatrième. En effet, deux piliers de la lutte antidopage avant de Mérode, avaient stigmatisés l’impuissance des analyses d’urine pour épingler les tricheurs :

Robert Dugal (CAN), chef du laboratoire MRS Santé à Montréal de 1975 à 1992 : « Seuls les athlètes négligents et mal conseillés se sont fait prendre, lors des tests antidopage effectués aux compétitions. »

 

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Robert Dugal, patron du labo antidopage de Montréal de 1975 à 1992

 

[Rapport C.L. Dubin .- Commission d’enquête sur le recours aux drogues et autres pratiques interdites pour  améliorer la performance athlétique .- Ottawa (CAN), éd.  Centre d’édition du gouvernement du Canada.  Approvisionnements et services Canada, 1990 .- 714 p (p 445)]

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Commission d’enquête sur le dopage organisée par le Gouvernement canadien à la suite du contrôle positif de l’athlète Ben Johnson, déchu de son titre au 100 m des JO 1988

Sir Arthur Gold (GBR), Président de la British Olympic Association : « Tant que le dépistage sera ce qu’il est, nous n’attraperons que les imprudents et les mal-conseillés. » [Rapport C.L. Dubin .- Commission d’enquête sur le recours aux drogues et autres pratiques interdites pour  améliorer la performance athlétique .- Ottawa (CAN), éd.  Centre d’édition du gouvernement du Canada.  Approvisionnements et services Canada, 1990 .- 714 p (p 393)]

Au final, et contrairement à ce que racontent les ‘’historiens’’ du dopage, ce n’est donc pas de Mérode le premier à avoir, avec une telle concision, résumé le flop des contrôles des drogues de la performance. Ajoutons que, sans faire preuve de mauvais esprit, cette punchline est toujours d’actualité.