Pourquoi tant de haine ?

Par défaut
Bassons, le coureur propre victime de la pandémie dopante des années Armstrong

Christophe Bassons, l’homme qui a eu le courage de dénoncer le dopage pendant le soi-disant Tour du Renouveau 1999, n’en finit pas de susciter la vindicte du milieu. Après la Fédération française de cyclisme qui lui a collé un constat de carence intempestif lors d’une épreuve de VTT, c’est Laurent Brochard – champion du monde 1997 – qui, dans sa biographie parue en juin 2013, continue de dénigrer son coéquipier chez Festina et Jean Delatour. Or, tout le monde sait depuis le moraliste Nicolas de Chamfort que « En France, on laisse au repos ceux qui mettent le feu, on persécute ceux qui sonnent le tocsin ». Babasse, tel est son surnom donné par ses équipiers, a commencé à indisposer le milieu de la pédale quand il a tenu pendant le Tour de France 1999 une chronique dans Le Parisien où il expliquait que le dopage était omniprésent chez les professionnels. Lance Armstrong, le boss du peloton, est alors intervenu directement auprès du trublion pour que cesse ses allusions ‘’nauséabondes’’ sur l’addiction pharmaceutique de la plupart des géants de la route.

« Fous le camp »

BASSONS

 Flash-back sur cet épisode faisant partie dorénavant de l’Histoire de la Grande Boucle. Le Mazamétain décrit la scène dans son ouvrage « Positif » (éd. Stock, 2000) : « Qu’est-ce que tu fais ? m’a demandé le boss en anglais.

– I make the race, I attack (je fais la course, j’attaque) ai-je grasseyé, avec mon accent du sud-ouest […]

– Tu sais, ce que tu dis aux journalistes, ce n’est pas bon pour le cyclisme.

– Je dis simplement ce que je pense. Je dis qu’il y a du dopage.

– Si tu es là pour faire ça, il vaut mieux que tu rentres chez toi et que tu trouves un autre travail.

– Alors, fous le camp! » .

Soyons précis, L.A. n’a pas dit « fous le camp » à Bassons, mais «fuck you », «Va te faire enculer». Le coureur français l’a raconté dans un entretien accordé à Aujourd’hui/ Le Parisien, postérieur à la publication de son livre.

Bref, ce dialogue retranscrit un échange musclé entre Christophe Bassons, l’ex-Monsieur Propre du peloton, et Lance Armstrong, le 14 juillet lors de la 10e étape Sestrières-l’Alpe-d’Huez du Tour de France 1999. Babasse est le seul coureur de l’équipe Festina, avec Lau­rent Lefèvre à avoir résisté à la tentation du dopage orga­nisé. À l’instar d’un Gilles Delion quelques années plus tôt, le Mazamétain récuse la pseudo-fatalité de la performance à tout prix. La postérité retiendra de Bassons qu’il a osé enfreindre les règles d’un jeu pipé par le cynisme et l’hypo­crisie. En affichant sans ambiguïté ses positions antidopage, il affronte de pleine face un milieu cycliste voué à la loi du silence. Une sortie de route inadmissible pour Armstrong, fraîchement intronisé parrain de la Grande Boucle.

 « C’est mieux qu’il reste chez lui »

 Le 16 juillet 1999, Babasse craque et rend son dossard. Un abandon accueilli avec soulagement par son bourreau, plus donneur de leçons que jamais. « Ses accusations ne sont pas bonnes pour le cyclisme, pour son équipe, pour moi, ni personne, assène Armstrong. S’il pense que le cyclisme fonctionne comme cela, il se trompe et c’est mieux qu’il reste chez lui !» (1) Pendant que le mouton noir rentre à la maison, le monde du vélo, solidaire dans le lynchage, sonne l’hallali. Ambiance réunion au sommet de la mafia, au moment où le padrone (parrain) fait signe d’exécuter le traître de service. Bassons est agoni de toutes parts. Y compris dans sa propre équipe, La Française des Jeux. On n’est jamais mieux achevé que par les siens. Le directeur sportif, Marc Madiot, reprend avec brio le rôle de Tartuffe: « Jusqu’à présent, je n’ai fait que te conseiller sur ta façon de gérer tes relations avec les journalistes. Mais, désormais, je vais être ferme : je ne veux plus que tu parles de dopage avec eux, intime le double vainqueur de Paris-Roubaix. S’ils te posent des questions, dis-leur que tu es ici pour faire du vélo et que tu n’acceptes de parler que de cela.» (2)  Berger attentionné, Madiot recommande la prudence à sa brebis égarée. Tels des loups affamés, les journalistes « n’attendent que ça, les affaires, les coups tordus. Ils profitent de toi » (3), prévient-il. Son coéquipier Stéphane Heulot flaire la poule mouillée derrière l’honorable masque de la vertu. « C’est lâche! [ … ] On est vingt-deux à La Française qui avions tous envie de faire ce Tour. Il a pris la place de quelqu’un et se retire sans véritable raison. Juste à cause de ses « nerfs » comme il dit ! » (4), assassine-t-il. Lorsque, le 16 juillet au matin, le Tarnais se retire de ce «Tour du Renouveau» où visiblement il est loin d’être le bienvenu, avant de quitter son équipe, il fait le tour de la table tendant la main à chacun : « Certaines personnes m’ont tendu de molles phalanges sans lever les yeux : Damien Nazon a refusé mon salut.» (5)

 Double langage

Sans discussion, la palme du double langage revient à Jean-René Bernaudeau.

BERNAUDEAU

Avant de rallier opportunément le camp des croisés de la lutte antidopage, l’actuel directeur sportif de Direct Energie, lui-même ex­-coureur professionnel- ayant déjà eu maille à partir avec le dopage en 1986, lors de l’affaire dite «des Six Jours de Bercy», où il avait reconnu l’achat de deux boîtes d’amphétamines injectables – prônait la tolérance zéro envers les dénonciateurs de la triche ! Le Tarnais raconte le harcèlement dans une chronique quotidienne : « Oui, il n’y a pas que les coureurs qui m’en veulent … Aux Quatre Jours de Dunkerque 2001, le manager de l’équipe Bonjour, Jean-René Bernaudeau, est venu me parler un soir. Il m’a fait la leçon, brutalement. Il m’a dit que Antoine Vayer, mon entraîneur, était un « gros connard », que c’était un mec qui ne valait rien, qu’il n’avait pas sa place dans le milieu [ …]. Ce soir-là, Bernaudeau m’a fait des commentaires incroyables devant tout un tas de personnes. Didier Rous (équipe Bonjour) était là, il a dit: « Laissez-le (Christophe Bassons), c’est un connard. » Ce qui m’a fait le plus mal ce soir-là, c’est que, « après m’avoir dit ça, des gens de l’encadrement de ma propre équipe se sont mis à rigoler … »

ROUS

Mention spéciale retournement de veste à Pascal Chanteur. Le président en exercice du syndicat des coureurs, l’Union nationale des cyclistes professionnels, manque rarement une occasion de pourfendre le dopage. À l’été de1999, il était le premier à se réjouir que Babasse se casse. Seuls Gilles Delion et les repentis du dopage soutiennent sans réserve le paria Bassons. « Ce qui m’a le plus révolté, c’est la réaction du peloton, de ses propres équipiers, s’indignait Delion. Mais qu’est-ce qui les gêne à ce que Bassons se soit inscrit en Monsieur Propre ? [ … ] Dommage que personne n’ait suivi

Les bras levés comme s’ils avaient gagné une course

Lors des Quatre Jours de Dunkerque, une course, à étapes disputée au printemps, le futur vainqueur de l’édition 2001, l’ancien Festina Didier Rous, mène le bal des insultes. Pendant une demi-heure, le peloton s’acharne contre le rebelle de Mazamet. « Chanteur me disait: « T’as fait ta piqûre ce matin ? » J’étais mal, je me suis laissé glisser en queue de peloton, confiait-il dans Libération. Prétendant être malade, j’ai enlevé mon dossard, regardé le commissaire de course, c’est alors que j’ai vu les Chanteur et compagnie remonter vers l’avant du groupe en levant les bras comme s’ils avaient gagné une course. Au circuit des Mines, ce sont mes propres coéquipiers qui sont venus me chercher, alors que j’étais devant. Il y en a même un qui, après avoir longtemps sucé ma roue, m’a fait un grand sourire lorsqu’il a attaqué. Lors du Grand Prix de Rennes, j’avais pris par erreur un gel-douche dans les vestiaires. Il y en a un qui a défoncé la porte de la douche pour récupérer son bien. Ces comportements sont quotidiens. Imaginez la veille d’une course lorsqu’un coureur arrive, alors que nous sommes tous à table, qu’il salue tout le monde sauf moi. C’est violent, j’ai trop de pression sur les épaules, dans mon équipe, dans le peloton.» (6)

Pour moi, Bassons entre dans la catégorie des personnages rares qui, ont une conscience individuelle bien affirmée, et décrite avec justesse par Albert Einstein, Prix Nobel de physique 1921: « Peu d’hommes sont capables d’exprimer une opinion qui diffère des préjugés de leur milieu ambiant. »

La responsabilité des patrons du cyclisme

Pour tenir pendant deux ans, malgré les pressions et les intimidations, il fallait que Bassons soit mentalement très fort. Si Lance Armstrong a donné le coup d’envoi de l’opération «fous le camp », le milieu cycliste tout entier porte une lourde responsabilité dans cette affaire. Les patrons du cyclisme, notamment le président de l’Union cycliste internationale de l’époque, Hein Verbruggen, et Jean­-Marie Leblanc, directeur du Tour de France des années de dérive biologique maximale, ont laissé passer une occasion historique d’adresser un message de fermeté aux coureurs tentés de continuer leurs petits arrangements avec l’éthique. Comme si l’affaire Festina n’avait jamais existé. À quoi bon décréter le Tour du Renouveau si les fraudeurs se sentent protégés par un sentiment d’impunité ? Quand Bassons est descendu de vélo, lors du Tour de France 1999, une partie du peloton a applaudi ! Preuve qu’eux se sentaient soutenus par les plus hautes instances, à l’inverse de Babasse, lâchement abandonné à son triste sort. Voilà comment s’est terminé le Tour du Renouveau. Le 28 juillet, alors que le Tour s’achève, Jean-­Marie Leblanc se fend d’un courrier à Bassons. Usant d’un ton paternaliste, il dépeint un garçon un peu naïf, sous l’emprise de médias manipulateurs. « À mon avis, vous aviez été victime du rôle qu’on avait voulu vous faire jouer de porte-parole quotidien; l’accroche du Parisien était réductrice et paraissait vous en accorder l’exclusivité et je comprends qu’elle ait indisposé d’autres coureurs, sermonne le patron du Tour. En réalité, mes amis du Parisien, involontairement je pense, s’assurent une sorte de scoop, y compris le jour où vous avez quitté le Tour. Je suis un vieux briscard du journalisme et, dès la veille, j’avais deviné leur titre: « Bassons : pourquoi je quitte le Tour ».» Le catholique bon teint ajoute une note empreinte de miséricorde: « Hier dans L’Équipe, où il existe encore des journalistes scrupuleux, j’ai pu redire que vous parlez juste, que vous parlez vrai, mais simplement qu’on vous avait amené à trop parler, ce qui vous a desservi.» (7)

Portrait-robot de la duplicité

Cette réponse de Leblanc correspond au portrait-robot de la duplicité des autorités du cyclisme. Pas de polémique ; attention à ne pas salir l’image du Tour ; le problème n’est pas tant le dopage que celui qui le dénonce. Ce n’est pas nouveau … Il faut croire que Leblanc ne devait pas avoir la conscience tranquille. À juste titre. En tant que directeur de l’épreuve, il est le garant de la régularité de la course. Exercer des pressions psychologiques pour virer Bassons constitue une infraction à la lettre et à l’esprit des règlements sportifs. Armstrong aurait dû être sanctionné. À défaut, Leblanc aurait au moins pu mettre en demeure le pouvoir sportif, l’UCI, d’intervenir, afin de restaurer l’équité sportive. Ils n’en ont rien fait car les autorités sportives ont toujours été du côté du manche, du plus fort, du plus puissant. Armstrong peut compter sur la mansuétude de son ami Hein Verbruggen, qui lui a toujours laissé les mains libres. Qu’importe si les plus faibles sont écrasés par des moyens extra-sportifs. Tant que le spectacle continue. Christophe Bassons n’était pas totalement isolé, il a tout de même reçu le soutien de la ministre des Sports, Marie-George Buffet. « J’ai tenu à lui écrire pour lui témoigner ma sympathie, car je crois qu’il est grand temps que les sportifs rompent le silence !» (8), expliquait la dirigeante communiste. Babasse y a d’ailleurs été sensible. En réalité, l’action de Marie-George Buffet a été pour le moins timorée par rapport au pouvoir et à l’autorité qu’elle représentait. Ça ne mange pas de pain d’envoyer une lettre de consolation. Pourquoi n’est-elle pas intervenue pendant le Tour ? Pourquoi n’a-t-elle pas pris de sanctions contre les fauteurs de troubles et leurs complices au plus haut niveau ? Elle aurait mieux fait d’envoyer un blâme à l’Union cycliste internationale et aux organisateurs, qui ont laissé croupir Bassons.

Dénoncer les abus de pouvoir

Le soutien des médias à Bassons s’inscrit aussi dans ce que j’appelle le portrait-robot de la famille du dopage. Ou comment les différents acteurs, coureurs, autorités sportives, organisateurs, journalistes, se cantonnent dans un rôle qui favorise la pérennisation des pratiques dopantes. Les médias ont laissé s’exprimer Bassons, très bien, mais ils sont restés à l’écume du phénomène. Les journaux auraient dû mettre en demeure les pouvoirs publics à la manière d’Émile Zola avec son célèbre « J’accuse». La presse a le devoir de dénoncer les abus de pouvoir. Surtout quand ils s’exercent à l’encontre d’un sportif qui a eu le courage de dénoncer les tares du système au péril de sa carrière. Au crédit des médias, on peut leur concéder d’avoir interpellé Jean-Marie Leblanc, Hein Verbruggen et Marie-George Buffet sur le cas Bassons. A mon point de vue, ils devaient aller beaucoup plus loin par exemple : lancer un ultimatum au pouvoir sportif, afin qu’il préserve la régularité de la course. Je le répète, le pouvoir cycliste n’a pas levé le petit doigt pour aider Bassons alors qu’il a constamment le mot « éthique » à la bouche. C’est toujours la même histoire, quel que soit le sport. Quand Johnny Hallyday raconte que le footballeur Zinedine Zidane se fait transfuser deux fois par an dans une clinique du Tyrol italien, pas une oreille ne bouge. La Fédération française de football n’interroge pas Zidane. Et le ministère des Sports, chantre autoproclamé de l’antidopage, se garde bien de demander des comptes à notre Zizou national. Idem pour Bassons et Armstrong.

A des années lumière d’un Tour du Renouveau 

PARIA

Pour résumer cet épisode consacré à la chronique du harcèlement moral de la part du boss du peloton et de ses affidés à l’encontre de Bassons, les observateurs indépendants avaient du grain à moudre pour affirmer que pendant le septennat d’Armstrong on était encore à des années-lumière d’un Tour du Renouveau, voire de transition, de la reconstruction, de la rédemption selon les expressions du directeur du Tour de France. Cette logorrhée de formules creuses sans aucun fondement objectif ne pouvait que convaincre les gogos en mal de légende bidon. Lance Armstrong ayant pris sa retraite définitive en 2010, son départ n’a pas éteint instantanément le courroux du milieu à l’encontre du « mouton noir » dénonciateur des performances factices. C’est sa propre fédération qui va s’en charger en prenant un prétexte mal ficelé pour le suspendre. Le 1er septembre 2012, Bassons participe au Championnat de France de VTT marathon à Langon en Bretagne. Victime d’une hypoglycémie, il abandonne au km 73, en prévenant une officielle de son retrait. Désigné tardivement par téléphone pour se présenter au contrôle antidopage, il se trouvait dans l’impossibilité de satisfaire au prélèvement car depuis son arrêt en course, il avait pris sa voiture pour rentrer chez lui dans le Bordelais.En première instance, pour cette carence au contrôle, la commission disciplinaire de la Fédération (FFC) le suspend… un an ! En appel, la sanction tombe à un mois. Me Lapouble, son avocat, stigmatise le comportement de l’instance fédérale : « On a l’impression que tout a été fait pour l’attraper. Christophe Bassons n’est pas parti comme un voleur. Il n’y a rien dans ce dossier et sa suspension en première instance avait tout d’un procès stalinien. »

Blanchi par l’AFLD

Finalement, le Tarnais a été blanchi par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) qui s’était autosaisie du dossier.Le dernier en date à chercher des poux à Bassons afin de décrédibiliser son action antidopage, c’est son ancien coéquipier chez Festina, Laurent Brochard. Le champion du monde 1997 a publié en juin 2013 une autobiographie dans laquelle il aborde sa cohabitation avec Babasse en 2000-2001 au sein de l’équipe Jean Delatour : « Dans cette formation façonnée à mon image, où j’impose ma griffe, je retrouve une vieille connaissance : Christophe Bassons, l’ancien de Festina, est en effet des nôtres. Un recrutement qui n’est pas de mon fait. Depuis « l’affaire », Christophe, Monsieur Propre autopro­clamé, a entamé une croisade antidopage tapageuse qui a le don de m’agacer. Dans son autobiographie, Bassons n’est pas tendre avec moi, me reprochant notamment une hostilité affichée à son égard, et le refus répété d’accepter les bidons qu’il me tendait en course. Ce qu’il écrit est exact.

 BROCHARD 2

Au début de la saison 2000, j’étais résolu à ne pas recevoir ce genre de bidon et à l’ignorer superbement. Je l’en avais d’ailleurs averti. Je ne sais plus si je me suis comporté de la sorte durant toute l’année, mais oui, je l’ai fait. Nous commettons tous des erreurs, et j’ai certainement mal réagi. Mais lui ne m’a guère ménagé davantage en disant beaucoup de choses et en profitant du système. Car j’estime que Christophe Bassons a profité du système. Ce genre de personnage a en effet indirectement tiré parti du dopage, en gagnant de l’argent sur notre dos. Je m’explique : chez Festina, comme d’ailleurs dans toutes les équipes, les gains récoltés durant toute la saison étaient équitablement répartis en fin d’année entre tous les coureurs. Or cet argent, selon lui mal acquis car gagné grâce aux produits dopants, Christophe Bassons n’a jamais craché dessus.

Arrêtons d’ostraciser ceux qui dénoncent le dopage

Bien au contraire, il ne rechignait pas au moment du partage, estimant avoir droit à sa part du butin. S’il avait été fidèle à sa ligne de conduite, Christophe aurait dû refuser de percevoir un pourcentage sur des primes à ses yeux illégalement glanées. Il n’en a rien été. J’appelle cela cracher dans la soupe. Trouvant son attitude illogique au regard de ses convic­tions, je ne lui témoignerai pas ma sympathie durant son passage chez Delatour. Christophe Bassons quittera finalement l’équipe durant la saison 2001, mettant un terme à sa carrière. Bassons mis à part, le courant passe avec tout le monde. » On voit que la tirade de La Broche n’a qu’un but : ostraciser le défenseur d’un cyclisme sans artifice biologique. Que lui reproche-t-il ? De revendiquer sa part des primes. Mais pendant la compétition, Bassons fait son boulot pour l’équipe et, cerise sur le gâteau, il doit – n’étant pas dopé – se dépouiller beaucoup plus que les autres ! Si cette collaboration aux succès des leaders ne lui rapporte que des nèfles, autant le licencier pour faute grave : refus de se doper. Il y a en a qui ferait mieux de tourner sept fois la langue dans la bouche avant de s’exprimer.

J’ajoute un message à l’attention du milieu cycliste : arrêtez d’attaquer ceux qui dénoncent le dopage. Concentrez vos actions sur les tricheurs de tous poils, sur ceux qui se dopent et ceux qui assurent leur logistique. L’adversaire n° 1, ce n’est pas le Tour, ni le cyclisme mais évidemment le dopage !

En clair, comme le fait le milieu cycliste depuis des lustres, faire la guerre aux pompiers plutôt qu’aux pyromanes, c’est consternant d’inefficacité.

Références

(1) L’Equipe, 17 juillet 1999; (2) Positif; (3) Ibid; (4) L’Equipe, 17 juillet 1999; (5) Positif; (6) Libération, 26 juin 2001; (7) Positif; (8) Libération, 26 juin 2001