Tour de France – Les mégaveines des cyclistes n’ont rien de pathologique. Ce sont des veines turgescentes dites “athlétiques”

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Pawel Poljanski, le coureur polonais de l’équipe Bora-Hansgrohe, à l’issue de la 16e étape entre Le Puy-en-Velay et Romans-sur-Isère, a pour les âmes sensibles partagé sur Twitter le cliché de ses membres inférieurs au système veineux particulièrement visible. Devant une telle image, faut-il parler de « l’inquiétante photo d’un coureur du Tour » comme la presse en fait état, assimilant ces gros cordons veineux à une probable pathologie d’effort ou de veines turgescentes dites « athlétiques » ?

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Les ‘’étonnants’’ membres inférieurs de Pawel Poljanski à l’issue de la 16e étape du Tour de France. En réalité, des veines turgescentes athlétiques mais non pathologiques

Pourquoi les veines superficielles des sportifs entraînés et affûtés gonflent-elles de façon très visible, notamment après l’effort et à l’arrêt ?

 Les phlébologues répondent qu’à l’occasion du travail musculaire se produit une augmentation considérable du débit de la circulation sanguine de la jambe qui peut aller jusqu’à vingt et même quarante fois son volume normal. La thermorégulation est la cause principale de ce chambardement circulatoire. Au cours de l’effort, les trois quarts de l’énergie dépensée sont convertis en chaleur qui, pour éviter une augmentation de la température centrale, doit être évacuée. Cette tâche est dévolue au système circulatoire. On assiste :

  • à un déplacement du sang vers le territoire cutané correspondant aux muscles en activité,
  • à une augmentation du volume sanguin au niveau du plexus veineux cutané,
  • à une majoration importante du stockage du sang au niveau des veines des membres inférieurs,
  • à une accentuation des échanges thermiques entre les tissus profonds et superficiels : le sang veineux profond, satellite de l’artère qui le réchauffe, se refroidit dans la peau au contact de l’air. L’organisme peut, selon les besoins de la thermorégulation, modifier ces échanges entre la circulation profonde et superficielle.

Selon des spécialistes interrogés par Panorama du Médecin, à long terme, les sports d’endurance entraînent une augmentation progressive du volume plasmatique dont une grande partie est stockée dans le compartiment veineux des membres inférieurs. Cette surcharge hydraulique fonctionnelle de la voie du retour veineux vers le cœur se traduit par une turgescence veineuse appelée veine « athlétique » qu’il convient de distinguer des varices. En effet, ces veines turgescentes sont encore valvulées (les valvules fonctionnent normalement sans fuite à contrecourant), n’ont aucun retentissement sur la trophicité cutanée et n’engendrent aucun trouble fonctionnel.

Sur la photo, on voit que le sportif est allongé. Cette position immobile ne permet plus d’actionner la pompe veineuse plantaire (en marchant, ce système pousse le sang vers le haut) ni la contraction du mollet, soit les deux mécanismes principaux impliqués dans le retour veineux vers le cœur. D’autre part, les veines superficielles au terme de l’étape, à l’arrêt, se dilatent dans le but de faciliter l’évacuation de la chaleur car cette dernière n’est plus éliminée par le déplacement de l’air au contact de la peau lorsque le cycliste est en action. Signalons qu’à la fin d’une étape, la température centrale peut atteindre 40° C.

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