Conduite dopante – L’inhalation d’ammoniaque dans un but stimulant toujours présente dans les patinoires de hockey sur glace mais aussi dans d’autres enceintes sportives

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Un jeune joueur canadien de hockey a bu de l’ammoniaque lors d’un match le dimanche 24 novembre dernier. Le liquide avait été amené par des coéquipiers qui désiraient, pour améliorer leurs performances sportives, l’inhaler au moment de pénétrer sur la glace.

Les hockeyeurs, des adeptes convaincus du coup de pouce de l’inhalation d’ammoniaque sur la perf

A la suite de la révélation de ce cas d’ammoniaque ingéré par un joueur des Panthères Midget de Granby (hockey sur glace), la presse canadienne s’est réveillée en rangs serrés afin de solliciter l’avis de pseudo-experts pour nous débiter des platitudes d’un autre âge.

Selon un expert canadien, l’inhalation d’un sel d’ammoniaque n’est pas plus efficace qu’une ‘’bonne gifle’’. Pas sûr que les sportifs gobent cette fable !

Dans la Voix de l’Est, la journaliste Marie-Eve Martel donne la parole à deux soi-disant spécialistes de l’antidopage : « Il aurait pu demander à son copain de lui donner une claque dans la face ; ça lui aurait fait le même effet » illustre Claude Goulet, qui s’intéresse aux déterminants psychosociaux du dopage et de l’amélioration des performances sportives dans le cadre de ses recherches. « Ça n’a aucune utilité et ça ne devrait pas être encouragé. Ça ne donne strictement rien, c’est un stimulant qui procure un petit boost d’adrénaline qui ne dure que quelques instants. Après, c’est fini. » confirme pour sa part le Dr Alain Poirier, directeur de la Santé publique de l’Estrie (Québec).

Comme souvent avec les incompétents, il se contredit quelques lignes plus loin. Un produit qui n’a qu’un effet mineur sur les sportifs devient capable de ressusciter les pertes de connaissances : « L’inhalation d’ammoniaque a longtemps été une pratique médicale utilisée pour réanimer un patient après une perte de conscience. Mais ce n’est plus recommandé, précise le médecin, car ça donne un choc au patient. Sa réaction rapide, si son état est précaire, peut nuire davantage qu’aider. »

Idée reçue : « pas sur la liste donc sans effet sur la perf »

Un autre avis du même tonneau explique que si la substance était efficace, elle serait prohibée par l’AMA. Pas sûr que cela soit la bonne explication.

Il faut rappeler aux ignorants les trois critères qui font qu’un produit consommé dans un but de performance peut se retrouver en liste rouge :

  1. Amélioration de la performance,
  2. Contraire à l’éthique sportive, et médicale,
  3. Potentiellement dangereux pour la santé.

Rappelons que les sels d’ammoniaque sont inhalés par les sportifs depuis, au moins, … 1891 ! Cette pratique a d’abord surtout contaminée le noble art mais ensuite s’est répandu dans l’alpinisme, les six jours cyclistes, l’haltérophilie, le football, la lutte, le tennis, le hockey sur glace…

Ammoniaque ou alcali volatil

Solution aqueuse de gaz ammoniac (gaz dissout dans l’eau) incolore, à odeur pénétrante et aux propriétés alcalines, d’où son nom d’alcali volatil. L’ammoniaque s’emploie en inhalation par voie orale sous forme de 5 à 6 gouttes dans un verre d’eau. Elle influe sur le système nerveux central par excitation de la muqueuse nasale et de cette façon agit comme stimulant. A ce jour, elle fait toujours partie de la panoplie des soigneurs de boxe, d’haltérophilie et de hockey sur glace.

Dès le début de la lutte antidopage au mitan des années 1960, le seul discours des médecins pour décourager les sportifs, était de leur affirmer que les ‘’médocs énergisants’’ étaient inefficaces. Ainsi, on pouvait lire dans la presse sportive les avis des gardiens de l’éthique affirmant haut et fort que :

  • les amphétamines n’amélioreraient pas les performances,
  • les anabolisants n’avaient aucun effet pour prendre du muscle,
  • les corticoïdes étaient un non-sens pour booster son potentiel, etc.

Inutile de préciser que ces ‘’sapiteurs à la manque’’ s’étaient copieusement discrédités auprès de la gent sportive adepte des ‘’grains marginaux pharmaceutiques’’.

D’autres substances boostant les perfs ne sont pas sur la liste rouge

Ajoutons, pour enfoncer le clou, que de nombreuses substances plus performantes que les sels d’ammonium, elles non plus ne sont pas listées dans la nomenclature officielle des interdictions :

  • La triméthylxanthine (caféine)
  • Les hormones thyroïdiennes
  • Le Neoton® (créatine injectable)
  • La trinitrine (vasodilatateur coronarien)
  • Le Viagra® (sildénafil) (vasodilatation des vaisseaux sanguins pulmonaires)
  • Etc. (liste ouverte)

Au final, se référer à l’AMA, pour classer une substance en liste rouge ou l’écarter, n’est pas la bonne réponse. Par exemple, la caféine – un stimulant utilisé larga manu depuis bien au-delà d’un siècle par tous les athlètes de la planète et encore aujourd’hui – a été prohibé par le CIO de 1982 à 2004 pour être ensuite retirée des substances illicites afin de faire plaisir à Coca-Cola, le sponsor n° 1 de l’olympisme.

A la fois efficace et ‘’licite’’

Toutes les substances dopantes qui ont la faveur des sportifs doivent être à la fois efficaces et non décelables (ou autorisées). Même si l’ammoniaque volatil ne figure pas sur la liste des produits illicites, il est inhalé pour stimuler la respiration mais aussi la détermination tout autant que la concentration. Dans les enceintes sportives, sa présence remonte à la fin du XIXe siècle. C’est donc un procédé ancien mais toujours d’actualité, notamment à l’occasion des compétitions internationales d’haltérophilie. Dans cette spécialité, on voit lors des retransmissions télévisées, les compétiteurs, particulièrement ceux appartenant aux Pays de l’Est, inhaler de l’ammoniaque juste avant de se présenter sur le plateau face à la barre. Pour l’anecdote, signalons que certains pour booster l’effet de l’ammoniaque se donnent en plus des… gifles !

Un footballeur russe sniffe-t-il de l’ammoniaque ?

Dans le but de mieux performer

Quoi qu’il en soit, c’est bien dans un but de performance que les boxeurs, les hommes forts, les footballeurs russes et les hockeyeurs canadiens utilisent l’ammoniaque volatil.

Comme pour l’oxygène en bonbonne respiré avant le match ou à la mi-temps dans les vestiaires à l’abri des regards indiscrets, on nous affirme que l’ammoniaque volatil n’est pas efficace.

Mais constamment, les experts antidopage lorsqu’ils sont incapables de détecter une substance utilisent cette défense en affirmant que le gain marginal obtenu est ‘’peanuts’’

En raison de notre expérience du milieu de la compétition de haut niveau, nous avons toujours privilégié l’avis des consommateurs-sportifs sur les bénéfices de la pharmacopée face à celui, opposé, du camp de l’antidopage niant mordicus la pertinence de l’ammoniaque volatil sur les prouesses athlétiques.

POST-IT

 Les publicités sportives sur le Net stimulent l’achat des compétiteurs.

« Vous cherchez un stimulant légal avant de tenter un record ou vous réveiller avant une séance ? Essayez notre ammoniac pour avoir un boust d’adrénaline immédiat. Notre produit est puissant et légal ».

Réclame en ligne le 17 décembre 2019

En tout cas, lors du Mondial de foot 2018 en Russie, les footballeurs nationaux de la Sbornaïa ont, sans état d’âme, sniffé de l’ammoniaque avant leur huitième victorieux contre l’Espagne puis contre la Croatie en quarts de finale du Mondial.

Par ailleurs, la récente affaire canadienne a libéré la parole de certains qui, à l’occasion de la confusion d’un jeune joueur de hockey sur glace qui a pris pour une boisson énergétique un flacon destiné à inhaler un sel d’ammoniaque, ont révélé que les professionnels de la crosse et de la rondelle, étaient des adeptes de cette stimulation par voie aérienne.