Question de lecteur – L’écume aux lèvres souvent en rapport avec des médicaments dopants ?

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[Publié le 9 décembre 2016]

« Nous sommes plusieurs personnes à avoir observé chez des sportifs de haut niveau (par exemple Ole Einar Bjorndalen – quintuple champion olympique en biathlon en 1998 et 2002 – ou Erik Breukink en vélo dans les années 1990) comme chez des coureurs amateurs mais toujours en course, l’apparition d’écume sur le pourtour de la bouche semblable à ce que l’on remarque beaucoup plus souvent chez les chevaux. Pouvez-vous me dire quel est le phénomène qui conduit à cela ? Evidemment, quelque mauvaise langue font rapidement un raccourci avec le dopage. Quand est-il »

 Réponse du Dr JPDM – Les hypersécrétions salivaires en compétition se voient principalement lorsque deux conditions sont réunies : un effort intense en ambiance chaude, associé à la consommation de certains médicaments de la performance.

 Des perturbateurs de la sécrétion salivaire

De très nombreuses substances chimiques modifient la sécrétion salivaire ; les unes l’augmentent, les autres la réduisent. Les premières sont celles qui excitent le nerf parasympathique, comme les amphétamines (stimulants du système nerveux central), ou le modafinil (un stimulant de la vigilance) etc.

L’amphétamine accroît la libération d’acétylcholine par le cortex cérébral et cette dernière intervient dans l’hypersécrétion salivaire. Rappelons que le nerf parasympathique ou vague appartient au système nerveux végétatif dit autonome, celui qui régule les organes internes : cœur, poumons, tube digestif et dont le médiateur chimique est l’acétylcholine.

De plus, les amphétamines, en favorisant l’hyperthermie du corps et donc la déshydratation, potentialisent la stimulation du parasympathique. Dans les années 1950-1960, grande époque des amphéts, de nombreuses photos de coureurs avec la bave aux lèvres témoignent de la consommation d’amines de l’éveil, par exemple, Bernard Gauthier dans le Tour de France 1959, et Ferdi Kubler dans l’étape contre la montre Saint-Etienne-Lyon du Tour de France 1950.

 

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Ferdi Kubler

 

Le Suisse Ferdi Kubler dans la 20e étape du Tour de France 1950, un contre-la-montre entre St-Etienne et Lyon. Il sera le vainqueur  final de la 37e Grande Boucle ; on a l’impression qu’il a mangé de la crème Chantilly sans avoir eu le temps de s’essuyer les lèvres.

‘’Voilà un homme qui vient d’absorber de la Simpamina®’’

Rappelons à ce sujet le diagnostic du Dr Giuseppe La Cava (*), président de la Fédération médico-sportive italienne de 1947 à 1959 : « Quand je vois une photo de Ferdi Kubler, l’écume aux lèvres, je vous dis tout de suite : voilà un homme qui vient d’absorber de la Simpamina® (amphétamine italienne), ce que vous appelez en France « Ortédrine® »

 

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Le même en gros plan

 

Signalons que, dans les années 1990, période de pleine activité d’Erik Breukink, 3e du Tour de France 1990, les amphétamines classiques n’étaient plus utilisées en compétition en raison du risque d’un contrôle positif ; en revanche, il existait des amphétamines apparentées non détectables aux tests antidopage.

Mais bien d’autres substances ne figurant pas pour autant dans la liste rouge, peuvent provoquer des hypersialorrhées (nom médical de l’écume aux lèvres). (*)  L’Équipe, 24.03.1955

 Des hommes politiques sous influence ?

 Rappelons que dernièrement, l’un des candidats à la primaire de la droite s’est singularisé par une hypersialorrhée malvenue qui pourrait avoir été en partie responsable de son échec alors que les sondages en faisaient le favori. Peut-être un problème de médicaments mal dosés ?

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