[publié le 16 juin 2017]
L’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) a présenté mardi 13 juin son rapport d’activité 2016. L’Equipe, le quotidien sportif bien connu, commente les principaux points forts en donnant la parole à seulement trois personnalités, toutes appartenant à l’Agence antidopage française.
AFLD : on n’est jamais si bien servi que par soi-même
C’est un peu comme les chiffres du chômage commentés dans la presse en exclusivité et uniquement par le ministre du travail !
Parmi elles, deux non-médecins dont la légitimité pour parler correctement des substances pharmaceutiques et biologiques est nulle.

Bruno Genevois, président de l’Agence française de lutte contre le dopage depuis 2010 ; spécialiste de droit public
De nous annoncer que seulement 1,9% des sportifs contrôlés ont présenté des résultats anormaux, montre bien l’étendue des carences de l’AFLD. Qui peut croire qu’un tel résultat traduit la réalité de la triche biologique française ?
Toutes les enquêtes l’ont démontré : lorsque la police s’en mêle, les chiffres des tricheurs sont d’une autre ampleur.
Parmi les « points forts » distingués par L’Equipe, il y a le paragraphe intitulé « Rugby et cocaïne » : « La consommation de cocaïne [qui n’est répréhensible par les autorités sportives qu’en compétition] est devenue préoccupante dans le rugby et le rugby à XIII. »
En d’autres termes, l’Agence mondiale antidopage (AMA) autorise à l’entraînement les stimulants (cocaïne et amphétamines). Et on veut nous faire croire que le CIO, l’AMA et l’AFLD luttent contre le dopage ?
A l’entraînement aussi !
15 ans de surplace
Dès 2003, à propos du cas de Pieter De Villiers contrôlé positif à la cocaïne et à l’ecstasy (métamphétamine) qui n’avait pas été sanctionné au prétexte que les substances en cause des stimulants étaient prohibées seulement en compétition mais pas à l’entraînement, j’avais dans la presse (Sport et Vie, Sud-Ouest, Le Point) stigmatisé l’absurdité de la règle libéralisant cocaïne et amphétamines à l’entraînement. Dans Le Point du 14 février 2003, j’expliquais que cocaïne et amphétamine n’étaient pas que des drogues récréative ou sociale : « La cocaïne est utilisée dans les salles de musculation pour éteindre la douleur et pousser l’entraînement jusqu’à l’extrême limite. Quant à l’ecstasy, c’est une amphétamine et, à ce titre, elle possède un effet excitant et défatigant également très efficace pour soulever de la fonte. »
Bref, la frontière entre produits stupéfiants et substances dopantes n’existe pas.
Cela fait 15 ans que les sportifs peuvent – avec l’approbation de l’AMA – se doper à l’entraînement en prenant des stimulants réglementairement prohibés seulement en compétition.
Vous avez dit hypocrisie ? Comme c’est bizarre !
A lire – Rugby : la cocaïne, de longue date, est un véritable produit dopant au même titre que les amphets – Blog JPDM, 10 mars 2017