Rugby – Le mot dopage toujours inconnu de Rugby mag, la revue fédérale

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[publié le 19 juin 2017]

Depuis son élection à la présidence de la FFR le 3 décembre dernier, Bernard Laporte, dit Bernie le dingue – surnom qui lui a été attribué par son bras droit Serge Simon, également responsable de la revue fédérale – en six numéros et 324 pages – de janvier à juin – n’ont jamais fait imprimer le mot dopage ni publier le moindre article sur le thème qui fâche la plupart des sportifs de haut niveau.

 

rugby mag

Rugby mag n° 1164, juin 2017

 

 

Or, le docteur Serge Simon, le nouveau vice-président de la FFR, en octobre 2000 dans Le Quotidien du Médecin, avait bien identifié que « le meilleur ami du dopage, c’est le silence ».

D’ailleurs, à la même époque, à plusieurs reprises, Simon avait stigmatisé la loi du silence comme frein à tout changement de comportement :

 

simon

Serge Simon, ancien international de rugby, champion de France à deux reprises, médecin de formation, vice-président de la FFR – Spécialiste d’addictologie et de psychopathologie dans le sport

 

POST-ITDr Serge Simon : libérer la parole

 « On s’est heurté au phénomène que nous voulions dénoncer, c’est-à-dire la loi du silence. Même anonymement, des personnes sollicitées n’ont pas voulu nous parler. De douze entretiens prévus, on est passé à six. On a failli laisser tomber. Et puis, on y est allé quand même. » [Sud-Ouest, 08.10.2000]

« Malgré tout ce qui a été dit sur le sujet, l’essentiel est encore enfoui dans le silence glacé de l’hypocrisie. « La grande famille » du sport, avec ses rites, ses codes, ses signes de reconnaissance, ne peut pas fonctionner sans cette logique de l’omerta, véritable clef de voûte de l’édifice. » [in « Paroles de dopés » avec Yves Bordenave. – Paris, éd. J.C Lattès, 2000.- 210 p (p13)]

« L’une des bonnes façons d’aborder le problème du dopage consiste à libérer la parole, à écouter les sportifs. » [Le Quotidien du Médecin, 2001, n° 6835, 16 janvier, p 13]

Donc, l’ancien président de Provale (2001-2006 et 2012-2014) est pour libérer la parole mais visiblement pas dans Rugby mag.

Pourtant, après la parution du récent rapport de l’AFLD (Agence française de lutte contre le dopage) pour l’année 2016 indiquant que la prise de cocaïne est préoccupante dans le rugby, toujours aucune information, ni mise en garde sur cette substance qui n’est pas que festive mais également dopante.

On ne demande pas à une fédération d’épingler les dopés – ce serait la définition du conflit d’intérêt – mais de faire de la prévention. Or, sur ce plan là, Rugby mag reste absent.

Signalons à tous ceux qui croient au Père Noël – et ils sont nombreux dans ‘’le rugby des pardessus’’ – que le dopage est forcément présent sur les prés et que ce n’est certainement pas en le niant qu’il va disparaître.

En tout cas cela préoccupe le conseiller scientifique de l’AFLD qui s’en fait l’écho dans L’Equipe : « Je pense que c’est une consommation courante et qu’elle n’est pas seulement récréative. Une excitation du système central dans un sport comme le rugby peut à l’évidence avoir des conséquences sur les performances. »

POST-ITRemember : 15 ans de surplace

Dans mon blog le 16 juin dernier, je rappelais qu’il y a déjà près de 15 ans, dans la presse, j’avais dénoncé l’absurdité d’autoriser à l’entraînement le dopage aux stimulants (cocaïne, amphétamines). Précisons que c’est sous l’ère de Marie-George Buffet, ministre des Sports de juin 1997 à mai 2002, que ce ‘’mastic’’ invraisemblable a vu le jour le 27 mars 2002.

Quoi qu’il en soit, rien n’a changé depuis cet arrêté. C’était prévisible puisque c’est le monde du sport qui contrôle la lutte antidopage. Qui peut être assez débile pour se tirer une balle dans le pied ? Par exemple, le monde du rugby ne s’est jamais révolté pour dénoncer ce tour de passe-passe qui autorise la cocaïne et les amphétamines comme dopant de l’entraînement !

Voici le texte du blog publié il y a trois jours : « Dès 2003, à propos du cas de Pieter De Villiers contrôlé positif à la cocaïne et à l’ecstasy (métamphétamine) qui n’avait pas été sanctionné au prétexte que les substances en cause des stimulants étaient prohibées seulement en compétition mais pas à l’entraînement, j’avais dans la presse (Sport et Vie, Sud-Ouest, Le Point) stigmatisé l’absurdité de la règle libéralisant cocaïne et amphétamines à l’entraînement. Dans Le Point du 14 février 2003, j’expliquais que cocaïne et amphétamine n’étaient pas que des drogues récréative ou sociale : « La cocaïne est utilisée dans les salles de musculation pour éteindre la douleur et pousser l’entraînement jusqu’à l’extrême limite. Quant à l’ecstasy, c’est une amphétamine et, à ce titre, elle possède un effet excitant et défatigant également très efficace pour soulever de la fonte. »

Bref, la frontière entre produits stupéfiants et substances dopantes n’existe pas. Cela fait 15 ans que les sportifs peuvent – avec l’approbation de l’AMA – se doper à l’entraînement en prenant des stimulants réglementairement prohibés seulement en compétition. Vous avez dit hypocrisie ? Comme c’est bizarre ! »

A lire – Rugby : la cocaïne, de longue date, est un véritable produit dopant au même titre que les amphets – Blog JPDM, 10 mars 2017

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