


Ce n’est pas la première fois que le zéphire s’invite de façon tonitruante dans la Grande Boucle au point d’obliger les organisateurs à neutraliser, voire à modifier, une partie du parcours.
Le mont Ventoux dit aussi mont chauve
C’est Jacques Goddet, l’ancien patron de la course entre 1947 et 1987, qui signale dans ses mémoires, à cause du vent, la neutralisation de la 11e étape Montpellier-Argelès-sur-Mer du Tour 1973 :
Face au vent, dans les roues, ”on se la coule”
“Le meilleur règlement du monde est bien incapable de tout prévoir à l’intérieur d’un sport confronté à tant d’impondérables. Je me rappelle qu’en 1973, durant l’étape Montpellier-Argelès-sur-Mer, nous dûmes, Félix Lévitan et moi, prendre, avec l’accord du président du jury, une décision imprévisible, totalement anormale: accorder le droit, plus exactement ordonner, à tous les coureurs de rouler collés aux voitures suiveuses, disposées à cet effet en file serrée sur le côté de la route où soufflait le vent, formant ainsi un rempart. Une tramontane de cyclone s’était levée ! Il était devenu indispensable de s’abriter contre son souffle dévastateur, si violent qu’il clouait littéralement sur la route nos pourtant vaillants pédaleurs. La course fut ainsi neutralisée. Nous risquions en effet de ne pas pouvoir joindre notre ville-étape, ou tout au moins d’y parvenir à une heure où la fée TV se fût évaporée de la ligne d’arrivée. Le peloton entier se fût-il auto-éliminé ? Ce fut en tout cas le spectacle le plus insolite jamais vu dans mes cinquante-trois Tours! Les spectateurs, réfugiés derrière les platanes pour ne pas être balayés, semblèrent en comprendre le pourquoi. » [Jacques Goddet. – L’Équipée belle. – Paris, éd. Robert Laffont-Stock, 1991. – 526 p (p 188)]