[Publié le 10 mai 2017]
« Comment expliquez-vous la différence poids/taille des coureurs actuels, notamment ceux performant dans les courses par étapes ? J’ai un peu de mal à expliquer qu’avec une maigreur pareille ils aient la musculature nécessaire pour emmener les braquets qu’ils utilisent par ailleurs bien plus importants qu’à une certaine époque où pourtant on avait de vrais athlètes : Bernard Hinault, Eddy Merckx, Miguel Indurain, Felice Gimondi et même Lance Armstrong entres autres.
Ces champions n’avaient pas un rapport poids/taille exceptionnel ; ils avaient un très gros moteur. Aussi, je pense que parmi les coureurs d’aujourd’hui il n’y a pas de champion tel que ceux cités. Les coureurs de classique étant plus musculeux tel Tom Boonen, Fabian Cancellara etc. et n’étant pas des super champions, ils ne peuvent briller en haute montagne. Je pense que Cancellara avec quelques kilos en moins aurait pu rivaliser. Maintenant, il est donc évident que des coureurs avec des moins 15, 16 ou 17 kilos en moins n’ont pas la caisse pour jouer du braquet sur 260 km. »
Réponse du Dr JPDM – Parmi les champions du Tour de France du passé – avant l’ère Armstrong – certains avaient un rapport poids/taille équivalent aux lauréats des Boucles récentes. En comparaison avec Alberto Contador 176/62 (- 14), on trouve :
- Charly Gaul 172/58 (- 14) TDF 1958 ;
- Bjarne Riis 186/69 (- 17) TDF 1996 ;
- Marco Pantani 172/54 (- 18) TDF 1998.

Marco Pantani – Tour de France 1998
Il est vrai que ces trois coureurs ont remporté au total qu’une seule classique :
- Charly Gaul : 0
- Bjarne Riis : 1 (Amstel Gold Race)
- Marco Pantani : 0
Signalons parmi les coureurs athlétiques que vous citez : Eddy Merckx 184/72 (-12) ; Miguel Indurain 188/76 (- 12) ; Felice Gimondi 184/71) (- 13) ; Tom Boonen 192/80 (- 12). Mais parmi eux aucun ne fait 62 (Contador), 65 (Nibali) ou 69 kg (Froome).
POST-IT en chiffres
15 à 20 watts Dans une montée, le meneur dépense 15 à 20 watts de plus que le coureur dans sa roue
15 secondes Selon le coach Antoine Vayer : ‘’un gain d’un kilo sur un vélo ne fait gagner qu’une quinzaine de secondes sur une pente de 10 km à 7%’’. Si la différence est de 3 kg, cela change tout.
Afin d’expliquer les performances actuelles des gagnants du Tour dans les contre-la-montre avec un poids de corps plus faible, il faut prendre en compte trois ’’plus’’ apparus ces dernières années et qui ont changé la donne :
- Le guidon avec des appuis sur les avant-bras et l’amélioration considérable de la diminution de la surface frontale homme-machine face à la résistance de l’air (recherche de la position au CX le plus performant dans un tunnel à vent)
- La tendance ces dernières années des contre la montre accidentés favorisant les grimpeurs. Rappelons l’exception 1958, année où Charly Gaul remporte le Tour parce qu’il est le meilleur grimpeur et qu’on lui met en plus au menu l’ascension du Ventoux clm. Dans les classiques, il n’y a pas au programme ce genre d’exercice.

Charly Gaul – Montée du Ventoux du Tour de France 1958
- Le train. Depuis Armstrong la recherche d’équipiers de top valeur assurant la protection du leader sur le plat et dans les cols fait partie des structures d’une équipe visant la victoire finale dans les grands Tours. Cela existait à l’époque de Coppi et de Merckx mais ces dernières années l’organisation d’un ‘’train’’ est devenu beaucoup plus sophistiqué.