Football et surdose de médicaments anti-inflammatoires et antalgiques

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L’agent d’Ibra, avec sa tirade sur la non-consommation de médicaments par son joueur-vedette, devra faire fonctionner ses méninges beaucoup plus et trouver une explication plus pertinente pour nous convaincre. Agé de 34 ans, le Suédois – pour soigner de nombreuses blessures inhérentes à son activité professionnelle – a dû obligatoirement consommer des anti-inflammatoires en pagaille, sans compter les infiltrations effectuées notamment au moment de son aponévrosite plantaire qui l’avait laissée sur le banc pendant plusieurs semaines.

Les témoignages suivants confirment que pour échapper à son destin de footballeur et aux anti-inflammatoires, il est préférable de jouer assis sur un canapé avec une télécommande !

Dr Michel D’Hooghe (BEL), président de la Commission médico-sportive de la FIFA depuis 1988 :

1.  « Vous évoquez le dopage, mais il s’agit d’un petit problème (…) Le grand problème, sur le plan médical, est l’abus des anti-inflammatoires, avec tous les effets secondaires, aux niveaux rénal, cardiaque, gastrique. » [Le Temps / So Foot, 22.10.2009)

2. Le médecin nous dit que l’urgence est ailleurs ?

« Oui, du côté de l’abus des anti-inflammatoires. On tombe sur des noyaux de 23 joueurs ou 21 d’entre eux (NDLA : 91%) prennent ces médicaments la veille d’un match. Souvent pour masquer des blessures d’ailleurs. Mais certains d’entre eux ont carrément développé une dépendance psychologique à ces substances. Et ils ne se rendent pas compte des dégâts intestinaux ou cardiovasculaires que cela crée. » [DH.be, 17.03.2013]

DHOOGHE

Sandro Donati (ITA), spécialiste de la lutte antidopage : « Le problèmes du foot, c’est l’utilisation répétée d’anti-inflammatoires. On essaie de récupérer les joueurs blessés le plus vite possible.» [in « Idées reçues : le football » de Gaël Anger et Laurent Trupiano. – Paris, éd. la Cavalier bleu, 2006. – 127 p (pp 118-119)]

Jean Fournet-Fayard (FRA), président de la Fédération française de football (FFF) de 1985 à 1993 : « Je sais que l’on utilise beaucoup d’anti-inflammatoires dans notre sport. Ce n’est pas interdit mais des excès peuvent être néfastes et provoquer, à l’extrême, des perforations de la paroi intestinale. » Moralité : tout ce qui est interdit est mauvais mais tout ce qui est mauvais n’est pas interdit. » [L’Équipe, 06.01.1989]

Michel Platini (FRA), footballeur internationale de 1976 à 1987 (72 sélections) .

  1. Questionné sur la Coupe du monde 1986, Platini révèle : « Je suis arrivé blessé et j’ai joué bourré d’anti-inflammatoires. Aurais-je dû ne pas participer alors que j’ai marqué la plupart des buts décisifs ? » [Le Figaro Magazine, 22.11.1986]
  2. Et arrive le Mexique« Là, ce n’est pas compliqué. Ou je joue sur une jambe, bref je claudique. Ou j’accepte un traitement anti-inflammatoire très sévère pour ne plus boiter. Ce que j’ai fait. Mais les anti-inflammatoires m’ont détruit physiquement et mentalement. Je suis rentré lessivé de la Coupe du monde. J’étais une ombre, une loque. » [L’Équipe, 27.05.1987]
  3. Est-ce que le plus dur au Mexique ce n’était pas de se dire que si vous aviez été à 100% de vos moyens la France aurait enfin gagné sa Coupe du monde ? « Non, parce que je reste persuadé que mon meilleur match je l’ai fait contre l’Allemagne. Au niveau physique, j’étais près de mon maximum mais au niveau lucidité mentale, j’en étais très loin. »
  4. Pourquoi ? « Quand on est bourré d’anti-inflammatoires pour ne pas boiter, on ne sait plus où on habite, on raisonne en décalé. » [Le Sport, 20.09.1987]
  5. Vous étiez blessé(France – Brésil 21 juin 1986) : « J’avais un œuf de pigeon sur un genou. Je boitais, J’avais du mal à marcher. C’était l’enfer ! Je prenais des cachets matin, midi et soir. » [L’Equipe 21.06.2011]

PLATINI JOHNSON

Source FIFA : « Pendant la Coupe du monde 2010 de football, quatre joueurs sur dix (40%) ont pris un antalgique avant chaque match et les prises étaient plus fréquentes à mesure qu’ils avançaient dans la compétition. » [Rue 89, 02.10.2013]

Chiffres sur la consommation de médicaments par les manchots

La face « cachets » de la Juventus avant le séjour de Zlatan entre 2002 et 2006

Le procès dit « de la Juventus » a démarré en 2002, après une longue instruction du procureur de Turin, Raffaele Guariniello, à la suite de propos tenus en 1998 par l’entraîneur tchèque de l’AS Roma Zdenek Zeman. Celui-ci avait affirmé qu’il était «temps pour le football de sortir des pharmacies », en dénonçant «l’impressionnante masse musculaire» de certains joueurs de la Juventus.

LIBERATION JUVEEn août 1998, lors d’une perquisition dans les ves­tiaires du Stadio comunale de Turin où s’entraînait la Vecchia Signora, étaient retrouvés 281 sortes de médicaments. « Une quantité incompatible avec une structure non sanitaire mais plutôt la quantité dont devrait être doté un hôpital petit ou moyen », a assuré Gian Martino Benzi, expert cité par l’accusation. « Décou­vrir une telle quantité de médicaments nous a surpris et étonnés. Ou bien les joueurs étaient toujours malades ou bien ils prenaient des médicaments qui allaient au-delà du champ thérapeutique», a ajouté le scientifique.

  • 281 sortes de médicaments
  • Factures médicales multipliées par quatre en cinq ans
  • 75% des médicaments trouvés devaient l’être sur ordonnance

Il a précisé que : « 75 % des médicaments trouvés devaient être prescrits par ordonnance, ce qui était incompatible avec une structure non sani­taire ». Selon l’acte d’accusation qui concerne la période de juillet 1994 à septembre 1998 pendant laquelle la Juve a acquis de nombreux titres, les joueurs recevaient des médicaments sans justification médicale, mais pour améliorer leurs performances athlétiques. Cette surconsommation de drogues pour faciliter le rendement énergétique et musculaire a été confirmée par une autre experte de l’industrie pharmaceutique, citée elle aussi par l’accusation, Annalisa Lanterno, qui a révélé que les factures du club au titre des frais de santé avaient quadruplé entre 1994 et 1998. De plus, aucun des traitements ne figurait sur les dossiers médicaux saisis lors des perquisitions.

Culture de la piqouze

 Témoignage d’Harald Schumacher, goal de Cologne et de la Mannschaft lors du Mondial 1986 : « Outre les médicaments, nous étions assaillis de piqures. Le patron du staff médical, le Pr Heinz Liesen, en injecta personnellement quelque trois mille»  [in « Coup de sifflet » par Harald Schumacher. – Paris, éd. Carrère-Michel Lafon, 1987. – 299 p (p 135)]

COUP DE SIFFLET

 

 

 

Football – Ibra accusé de dopage : lui et son agent nous ”gonflent”

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Dans L’Equipe du 08 avril, Mino Raiola l’agent de Zlatan Ibrahimovic, l’attaquant vedette du PSG, défend son joueur accusé par un médecin suédois – Ulf Karlsson – expliquant que pendant ses années turinoises : « Zlatan a pris 10 kilos en six mois. Je suis convaincu qu’il était dopé. C’est impossible d’arriver à un tel résultat en si peu de temps. »

IBRA ASPIRINEEn effet, Raiola – que L’Equipe nous présente étonnamment comme « toujours aussi percutant » – nous sort la fable éculée à l’infini : « Dans tous les clubs où il est passé, Zlatan n’a jamais pris aucun médicament, même pas de l’aspirine. »

RAIOLA Mino Raiola et Zlatan Ibrahimovic

Pas un seul médicament

Rappelons à ce monsieur ce qu’écrivait Hein Verbruggen, président de l’UCI en soutien à son complice Lance Armstrong lui aussi accusé de dopage et surnommé ‘’le plus emblématique menteur de l’histoire du sport’’ : « Lance Armstrong est la preuve vivante d’un coureur qui ne triche pas. Ce coureur n’utilise pas un seul médicament alors que la presse croit qu’il se dope. »  (1) Ce type d’argument bidon nous est servi régulièrement soit par la fédération et l’entourage ou le sportif lui-même.

Voici quelques exemples glanés dans la presse.

C’est Paul Bergen, l’entraîneur de la nageuse néerlandaise Inge De Bruijn (sept records du monde en deux mois) fortement suspectée de piocher dans l’armoire à pharmacie, qui prend sa défense. Elle « a subi des contrôles comme tout le monde. Elle fait régulièrement l’objet de tests inopinés. C’est une personne qui refuse même de prendre de l’aspirine pour un simple mal de tête ou des médicaments en cas de rhume. »  (2)  De même, Alain Bertholom président de la Fédération française de lutte, se fait l’avocat de Steeve Guénot, champion olympique aux Jeux de Pékin en 2008, sanctionné par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) pour trois ‘’no-shows’’ : « Ce que je peux vous dire, c’est qu’il n’y a pas de dopage derrière ces infractions. Steeve, il ne prendrait même pas un cachet d’aspirine pour soigner des maux de tête. »  (3)

STEEVE GUENOT Steeve Guénot

Dans tous ses états 

Dans le patinage, on se défend aussi très mal. C’est la Russe Marina Klimova, contrôlée positive à la testostérone aux championnats d’Europe de danse sur glace en février 1991 qui veut nous faire croire au Père Noël : « Je suis stupéfaite car je ne prends jamais aucun médicament, même pas de l’aspirine contre les maux de tête. Toutes ces accusations contre moi sont complètement absurdes. »  (4)

La litanie des allergiques à l’aspirine se poursuit avec le Dr Pietro Volpi, médecin de l’Inter Milan à l’époque du Brésilien Ronaldo : « Ce dernier ne peut pas prendre de médicament. Un simple cachet d’aspirine pour apaiser un mal de tête le met dans tous ses états. » (5)  Le bon docteur nous prend vraiment pour des débiles !

Toujours sur le mode « allergique » au dopage, on retrouve l’ancien pistard Michel Rousseau, champion olympique de vitesse en 1956 et champion du monde professionnel en 1958 : « Moi, je ne crains rien. Mon estomac ne me permet pas même l’aspirine et la moindre piqûre me fait tourner de l’œil… » (6)

Pour terminer ce florilège des excuses ‘’incroyables mais fausses’’, nous donnons la parole à Marie-José Pérec, triple championne olympique (1992-1996) : « Je suis une phobique des médicaments. Dans ma salle de bains, il n’existe ni armoire à pharmacie, ni cachets contre le mal de tête ou pour faciliter la digestion. Rhume ou allergie, j’attends que ça passe, tant ça me panique d’avaler le moindre comprimé. » (7)

PEREC Marie-José Pérec

Mon truc à moi c’est l’aspirine

Si les sportifs veulent nous convaincre qu’ils ne consomment aucun ergogène afin d’améliorer leurs résultats, il faut qu’ils arrêtent de nous gonfler en affirmant la bouche en cœur qu’ils ne prennent même pas un comprimé d’aspirine ! Pour terminer par un contrepied dont il a le secret, on renvoie tous ces adeptes de la vie sans aspirine à Laurent Blanc, l’ancien footballeur international (97 sélections entre 1989 et 2000) et coach du PSG depuis 2013 qui, lui, ne carburait qu’à l’aspirine et à la vitamine C : « Moi, j’ai été très clair avec le docteur de l’Inter Milan en arrivant : j’ai bien tenu jusqu’à 34 ans sans créatine, je peux continuer deux ou trois ans ! Mon truc à moi c’est de l’aspirine et un peu de vitamine C. »  (8)

LAURENT BLANC Laurent Blanc

Références

1 – Cybersciences, 25.09.2002; 2 – L’Équipe, 13.06.2000; 3 – Le Monde, 18.12.2014; 4- L’Équipe, 21.02.1991; 5 – L’Equipe, 09.09.1998; 6 – L’Aurore, 14.11.1973; 7 – « Rien ne sert de courir… ». – Paris, éd. Grasset, 2008. – 247 p (p 165): 8 – Le Journal du Dimanche, 19.03.2000