Dans L’Equipe du 08 avril, Mino Raiola l’agent de Zlatan Ibrahimovic, l’attaquant vedette du PSG, défend son joueur accusé par un médecin suédois – Ulf Karlsson – expliquant que pendant ses années turinoises : « Zlatan a pris 10 kilos en six mois. Je suis convaincu qu’il était dopé. C’est impossible d’arriver à un tel résultat en si peu de temps. »
En effet, Raiola – que L’Equipe nous présente étonnamment comme « toujours aussi percutant » – nous sort la fable éculée à l’infini : « Dans tous les clubs où il est passé, Zlatan n’a jamais pris aucun médicament, même pas de l’aspirine. »
Mino Raiola et Zlatan Ibrahimovic
Pas un seul médicament
Rappelons à ce monsieur ce qu’écrivait Hein Verbruggen, président de l’UCI en soutien à son complice Lance Armstrong lui aussi accusé de dopage et surnommé ‘’le plus emblématique menteur de l’histoire du sport’’ : « Lance Armstrong est la preuve vivante d’un coureur qui ne triche pas. Ce coureur n’utilise pas un seul médicament alors que la presse croit qu’il se dope. » (1) Ce type d’argument bidon nous est servi régulièrement soit par la fédération et l’entourage ou le sportif lui-même.
Voici quelques exemples glanés dans la presse.
C’est Paul Bergen, l’entraîneur de la nageuse néerlandaise Inge De Bruijn (sept records du monde en deux mois) fortement suspectée de piocher dans l’armoire à pharmacie, qui prend sa défense. Elle « a subi des contrôles comme tout le monde. Elle fait régulièrement l’objet de tests inopinés. C’est une personne qui refuse même de prendre de l’aspirine pour un simple mal de tête ou des médicaments en cas de rhume. » (2) De même, Alain Bertholom président de la Fédération française de lutte, se fait l’avocat de Steeve Guénot, champion olympique aux Jeux de Pékin en 2008, sanctionné par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) pour trois ‘’no-shows’’ : « Ce que je peux vous dire, c’est qu’il n’y a pas de dopage derrière ces infractions. Steeve, il ne prendrait même pas un cachet d’aspirine pour soigner des maux de tête. » (3)
Dans tous ses états
Dans le patinage, on se défend aussi très mal. C’est la Russe Marina Klimova, contrôlée positive à la testostérone aux championnats d’Europe de danse sur glace en février 1991 qui veut nous faire croire au Père Noël : « Je suis stupéfaite car je ne prends jamais aucun médicament, même pas de l’aspirine contre les maux de tête. Toutes ces accusations contre moi sont complètement absurdes. » (4)
La litanie des allergiques à l’aspirine se poursuit avec le Dr Pietro Volpi, médecin de l’Inter Milan à l’époque du Brésilien Ronaldo : « Ce dernier ne peut pas prendre de médicament. Un simple cachet d’aspirine pour apaiser un mal de tête le met dans tous ses états. » (5) Le bon docteur nous prend vraiment pour des débiles !
Toujours sur le mode « allergique » au dopage, on retrouve l’ancien pistard Michel Rousseau, champion olympique de vitesse en 1956 et champion du monde professionnel en 1958 : « Moi, je ne crains rien. Mon estomac ne me permet pas même l’aspirine et la moindre piqûre me fait tourner de l’œil… » (6)
Pour terminer ce florilège des excuses ‘’incroyables mais fausses’’, nous donnons la parole à Marie-José Pérec, triple championne olympique (1992-1996) : « Je suis une phobique des médicaments. Dans ma salle de bains, il n’existe ni armoire à pharmacie, ni cachets contre le mal de tête ou pour faciliter la digestion. Rhume ou allergie, j’attends que ça passe, tant ça me panique d’avaler le moindre comprimé. » (7)
Mon truc à moi c’est l’aspirine
Si les sportifs veulent nous convaincre qu’ils ne consomment aucun ergogène afin d’améliorer leurs résultats, il faut qu’ils arrêtent de nous gonfler en affirmant la bouche en cœur qu’ils ne prennent même pas un comprimé d’aspirine ! Pour terminer par un contrepied dont il a le secret, on renvoie tous ces adeptes de la vie sans aspirine à Laurent Blanc, l’ancien footballeur international (97 sélections entre 1989 et 2000) et coach du PSG depuis 2013 qui, lui, ne carburait qu’à l’aspirine et à la vitamine C : « Moi, j’ai été très clair avec le docteur de l’Inter Milan en arrivant : j’ai bien tenu jusqu’à 34 ans sans créatine, je peux continuer deux ou trois ans ! Mon truc à moi c’est de l’aspirine et un peu de vitamine C. » (8)
Références
1 – Cybersciences, 25.09.2002; 2 – L’Équipe, 13.06.2000; 3 – Le Monde, 18.12.2014; 4- L’Équipe, 21.02.1991; 5 – L’Equipe, 09.09.1998; 6 – L’Aurore, 14.11.1973; 7 – « Rien ne sert de courir… ». – Paris, éd. Grasset, 2008. – 247 p (p 165): 8 – Le Journal du Dimanche, 19.03.2000