Dopage – Salazar, comme L’Equipe par le passé, fait la publicité de la L.Carnitine

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[publié le 17 mars 2017]

Le quotidien sportif nous l’a fait à l’envers. Ses journalistes s’acharnent sur Alberto Salazar, triple vainqueur du marathon de New York au début des années 1980, mais surtout coach d’une structure d’entraînement top niveau – Nike Oregon Project – qui abrite en son sain la star des pistes d’athlétisme, le Britannique Mo Farah, lui-même quadruple champion olympique 2008-2012 (5 000 m  et 10 000 m).

Un complément expérimental à base de L-Carnitine

 En effet, à plusieurs reprises, les plumitifs de L’Equipe s’en sont pris aux thérapeutiques borderline du natif de La Havane et à son groupe d’athlètes. Par exemple, dans l’édition du 27 février dernier : « Le rapport de l’USADA, obtenu par le groupe de hackers russes Fancy Bears, indique que le coach abusait de médicaments sur ordonnance et administrait un complément expérimental à base de L-Carnitine, un acide aminé présent dans le corps. Le journal affirme avoir vu des documents montrant que Salazar avait administré ce produit par injections à Mo Farah et à une demi-douzaine de coureurs américains et que l’USADA avait conclu que ces traitements avaient « presque certainement » enfreint les règles antidopage. »

L 2

L’Equipe, 27 février 2017

Or, par un effet pendulaire étonnant, le journal créé par Jacques Goddet le 28 février 1946 – il y a 71 ans – a publié de 1987 à 1992 plusieurs publicités sur la fameuse L.Carnitine.

Dépasser vos limites et améliorez vos perfs de 10%

 Des slogans ne laissaient aucun doute sur la finalité du message : « Vous voulez dépasser vos limites ? Faites le plein d’énergie avec la L.Carnitine, la vitamine des grands sportifs américains ».

Autres réclames stimulantes : « Permet aux sportifs :

–       D’augmenter leur endurance,

–       D’améliorer leurs performances de 10% [NDLA : l’EPO, selon la plupart des experts, booste le rendement de 6 à 12%]

–       D’éliminer les crampes,

–       De faciliter la récupération,

–       De brûler les graisses »

 L 3

 Ajoutons qu’en pleine affaire Pedro Delgado (vainqueur du Tour de France 1988 malgré – en cours d’épreuve – un contrôle positif au probénécide interdit officiellement depuis le début de l’année 1987), L’Equipe passe des publicités pour des lecteurs cyclistes : « Roulez à la L.Carnitine ».

Rappelons que même si la Carnitine ne figure pas dans la liste rouge de l’AMA ni dans le programme de surveillance, elle répond parfaitement à la définition d’une conduite dopante puisqu’elle est consommée dans le seul but de performer et non de soigner une affection.

L 1

Publicité publiée pendant l’affaire Pedro Delgado, L’Equipe, 22 juillet 1988

 

 

Dopage – Le Monde confond infusion et perfusion ! Bonjour l’information…

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[publié le 28 février 2017]

lemonde

L’Agence France-Presse, le Monde.fr et L’Equipe, ont répercuté l’information du quotidien britannique Sunday Time révélant des soupçons de dopage formulés dans un rapport de l’Agence antidopage américaine (USADA), mis au jour par le groupe des hackers Fancy Bears, qui affirmait qu’Alberto Salazar – triple vainqueur du Marathon de New York au détours des années 1980 mais surtout coach de l’athlète Mo Farah, quadruple champion olympique du 5 000 m et de 10 00 m – proposait pour améliorer les performances de ses athlètes, des médicaments tels que la L.carnitine injectable (mis sur le marché français en 1988).

mo-farah-alberto-salazar-676938Alberto Salazar, triple vainqueur du Marathon de New York, coach de Mo Farah

Mo Farah suspecté pour une infusion de L.carnitine !

 Mo Farah celebrates winning the men's 5,000m final at the European Championships in Helsinki in June L’athlète Mo Farah, quadruple champion olympique du 5 000 m et du 10 000 m

Ces pratiques douteuses avaient déjà été évoquées en 2015 sans que cela débouche sur une condamnation de la part de l’USADA.

Quoi qu’il en soit, la L.carnitine mise en cause, utilisée par les sportifs depuis les années 1970, n’a jamais figuré sur la liste rouge de l’IAAF (Fédération internationale d’athlétisme). Donc pas de quoi en faire toute une affaire.

En fait ce qui motive mon billet, c’est la mauvaise traduction du mot anglais INFUSION qui perturbe la lecture. En effet, dans le Monde.fr du 26 février, il est écrit que : « Salazar abusait de médicaments sur ordonnance et faisait des expérimentations avec des INFUSIONS d’un complément expérimental à base de l’acide aminé L-carnitine, sur son site d’entraînement dans l’Oregon. »

En français, le mot INFUSION signifie « préparation obtenue en versant de l’eau bouillante sur une substance (végétale par exemple) pour en extraire les principes actifs. Les tisanes de camomille, menthe, tilleul, verveine, thé sont des infusions. »

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       Infusion de mélisse                                          Perfusion intraveineuse

 La bourde du quotidien du soir

 Chez nos voisins d’outre-Manche, le mot infusion signifie à la fois tisane et PERFUSION. Cette dernière associée à la L.carnitine était bien sûr la bonne traduction. Dans l’Hexagone, l’infusion se boit, la perfusion s’injecte. Il est probable que le jargon des sportifs mis sur écoute va dorénavant s’enrichir du code ‘’infusion’’ pour, bien sûr, tromper les enquêteurs.

Au fil des années, il m’a fallu combattre d’autres mastics tels qu’antidopage (sans trait d’union), la nandrolone (au féminin), les stéroïdes anabolisants aux effets diamétralement opposés à ceux des glucocorticoïdes, lateral (côté externe), médial (côté interne proche du plan médian)

Ces différentes erreurs sont symptomatiques d’un manque de professionnalisme des traducteurs des dépêches anglosaxonnes, ce qui doit certainement toucher d’autres paramètres de l’information.