




Le quotidien sportif nous l’a fait à l’envers. Ses journalistes s’acharnent sur Alberto Salazar, triple vainqueur du marathon de New York au début des années 1980, mais surtout coach d’une structure d’entraînement top niveau – Nike Oregon Project – qui abrite en son sain la star des pistes d’athlétisme, le Britannique Mo Farah, lui-même quadruple champion olympique 2008-2012 (5 000 m et 10 000 m).
En effet, à plusieurs reprises, les plumitifs de L’Equipe s’en sont pris aux thérapeutiques borderline du natif de La Havane et à son groupe d’athlètes. Par exemple, dans l’édition du 27 février dernier : « Le rapport de l’USADA, obtenu par le groupe de hackers russes Fancy Bears, indique que le coach abusait de médicaments sur ordonnance et administrait un complément expérimental à base de L-Carnitine, un acide aminé présent dans le corps. Le journal affirme avoir vu des documents montrant que Salazar avait administré ce produit par injections à Mo Farah et à une demi-douzaine de coureurs américains et que l’USADA avait conclu que ces traitements avaient « presque certainement » enfreint les règles antidopage. »
L’Equipe, 27 février 2017
Or, par un effet pendulaire étonnant, le journal créé par Jacques Goddet le 28 février 1946 – il y a 71 ans – a publié de 1987 à 1992 plusieurs publicités sur la fameuse L.Carnitine.
Des slogans ne laissaient aucun doute sur la finalité du message : « Vous voulez dépasser vos limites ? Faites le plein d’énergie avec la L.Carnitine, la vitamine des grands sportifs américains ».
Autres réclames stimulantes : « Permet aux sportifs :
– D’augmenter leur endurance,
– D’améliorer leurs performances de 10% [NDLA : l’EPO, selon la plupart des experts, booste le rendement de 6 à 12%]
– D’éliminer les crampes,
– De faciliter la récupération,
– De brûler les graisses »
Ajoutons qu’en pleine affaire Pedro Delgado (vainqueur du Tour de France 1988 malgré – en cours d’épreuve – un contrôle positif au probénécide interdit officiellement depuis le début de l’année 1987), L’Equipe passe des publicités pour des lecteurs cyclistes : « Roulez à la L.Carnitine ».
Rappelons que même si la Carnitine ne figure pas dans la liste rouge de l’AMA ni dans le programme de surveillance, elle répond parfaitement à la définition d’une conduite dopante puisqu’elle est consommée dans le seul but de performer et non de soigner une affection.
Publicité publiée pendant l’affaire Pedro Delgado, L’Equipe, 22 juillet 1988