Aujourd’hui, c’est sur le physique que la hiérarchie et la sélection des sportifs s’opèrent. Dans le tennis, les musculairement denses, les bien taillés, les gabarits prennent le pouvoir. Or, le dopage agit en priorité sur la force, la puissance, la vitesse, la détente verticale, la célérité de la mise en action, les démarrages et les accélérations à répétition, l’endurance et la résistance. Au final, il n’y a aucune raison physiologique, morphologique, technique, tactique ou mentale qui ferait que le dopage serait inopérant chez les tennismen. Ce constat est également valable pour tous les sports, notamment ceux dont les acteurs clament haut et fort que le dopage est inefficace dans leur spécialité.
La perfusion au service de la performance : c’est interdit… depuis 2005
La lutte antidopage ne peut être exercée que par des organismes indépendants. La preuve lors des Internationaux d’Australie en janvier 2013, Gilles Simon – en vue de son huitième de finale face à Andy Murray – bénéficie d’une perfusion de récupération. Or, ce genre de coup de pouce est prohibé par l’Agence mondiale antidopage (AMA) depuis 2005. Elle figure dans le groupe des méthodes interdites M2. Manipulation physique et chimique au paragraphe 2. « Les perfusions intraveineuses et/ou injections de plus de 50 ml par période de 6 heures, sauf celles reçues légitimement dans le cadre d’admissions hospitalières, les procédures chirurgicales ou lors d’examens cliniques. »
Dans le cas du français, c’est le médecin du tournoi qui l’a mis sous perfusion à la sortie des courts après son match fleuve face à Gaël Monfils. Si, médicalement, la perfusion était justifiée, en aucun cas elle ne devait autoriser Gilles Simon à poursuivre l’Open d’Australie.
Pour moi, c’est une dérive de la réglementation à mettre sur le compte de la Fédération internationale de tennis qui a été incapable de la faire respecter. Comme pour la liste rouge de l’AMA concernant la perfusion, c’est exactement le même principe de précaution qui anime le monde du rugby lors des commotions cérébrales où, systématiquement à la suite d’un traumatisme crânien avec altération de la conscience, un protocole établissant le degré de perturbation cognitif du sujet traumatisé, est empêché de reprendre la partie, voire de rester au repos plusieurs semaines.
Dans le cas du tennis, ce n’est pas la tête qui a pris un coup mais le corps. Si médicalement la perfusion s’impose, en aucun cas elle n’est destinée à permettre au joueur de continuer le tournoi ce qu’a fait Simon et probablement que ce dernier croit dur comme fer qu’il n’a pas transgressé le code mondial antidopage !
Perfusion de récupération (vestiaire) = dopage
Perfusion thérapeutique = mise au repos