Antidopage – Les ratés inadmissibles de la prévention et le silence assourdissant du contrepouvoir de la presse !

Par défaut

Histoire d’une injustice cent pour cent intolérable 

Alors que les laboratoires Servier et un pharmacien d’officine n’ont pas fait leur job, un lutteur a pris quatre ans ferme de suspension pour un produit non dopant (pas la moindre preuve scientifique d’un effet boostant – même minime – sur la performance) et bien qu’il ait été induit en erreur à la fois par les laboratoires Servier et l’apothicaire.

Antidopage – Dans le cas du lutteur Zelimkhan Khadjiev, on constate que les instances s’acharnent en priorité sur le sportif et non exclusivement contre le dopage. Son parcours face aux règles en est un exemple consternant.

Par défaut

Le Vastarel®, la substance incriminée, est un produit non-dopant confirmé par l’absence d’études scientifiques. Les informations de prévention du dictionnaire Vidal et de la notice du médicament lui-même – pourtant obligatoires selon la directive du ministère de la Santé – sont inexistantes mais au final c’est seulement le sportif qui est sanctionné – ici lourdement – en prenant 4 ans de suspension. En revanche, les laboratoires pharmaceutiques malgré leur non-respect de la réglementation de prévention, eux, ne sont jamais mis en cause ni condamnés !

Dopage – Le dictionnaire Vidal collabore à la lutte antidopage depuis 32 ans

Par défaut
[publié le 11 avril 2017]

1986 –  Liste des substances prohibées dans le cadre des compétitions sportives (DCI) (nomenclature fournie par le ministère des Sports)

1989 –  Mise en garde aux sportifs – Depuis le 7 septembre 1988, les fabricants de médicaments ont un an pour faire figurer sur la notice de leurs spécialités pharmaceutiques contenant des substances dopantes une mise en garde destinée aux sportifs.

Le Journal officiel du 7 septembre publie un avis du ministère de la Santé par lequel il demande aux fabricants de spécialités pharmaceutiques contenant des substances susceptibles de rendre positifs les résultats des tests pratiqués sur des sportifs, lors de contrôle antidopage, d’ajouter sur la notice destinée aux utilisateurs, ainsi que dans la documentation destinée à l’information médicale une mise en garde ainsi libellée : « Sportifs, attention : cette spécialité contient un principe actif pouvant induire une réaction positive des tests pratiqués lors de contrôles antidopage ».

Le Journal officiel publie ensuite la liste des produits touchés par cette obligation. Les produits sont classés par classes pharmacologiques : stimulants (les anorexigènes y figurent), narcotiques, stéroïdes anabolisants, bêtabloquants, diurétiques.

2001 –  Liste des substances prohibées dans le cadre des compétitions sportives. Elle figure au début du Dictionnaire et comporte à la fois le nom des spécialités et les DCI.

 

vid

Collection VIDAL

 

Quand on est médecin en libéral, on a droit à un exemplaire du dictionnaire Vidal chaque année. Depuis 1973, je les ai tous conservés. Figurent sur la photo les 45 volumes de 1973 à 2017, plus 1914, 1933, 1950, 1959, 1963 à 1970, 1972

 

VIDAL 2017

Dictionnaire Vidal 2017

 

 

 

 

 

 

 

 

Centenaire du Vidal (1914-2014) ou l’histoire du livre de chevet des cyclards et des autres sportifs

Par défaut

Le Dictionnaire Vidal, la bible du dopage des Al Capone de la seringue aux Eliot Ness de l’antidopage

Le dictionnaire Vidal fête ses 100 ans.

VIDAL 2

A sa naissance, en 1914, le Dictionnaire des spécialités pharmaceutiques pesait 120 grammes et comportait 340 « fiches thérapeutiques ». Un siècle plus tard, le Dictionnaire Vidal a grossi de quatre kilos et présente près de 3 000 monographies. Mais surtout, depuis 1986, le gros livre rouge participe à la prévention du dopage en informant médecins et patients sur le mésusage des médicaments par rapport à la compétition.

VIDAL 3

Le gros livre rouge des médecins et … des accros de la performance

 Dès 1914, le corps médical français est informé sur les médicaments commercialisés et disponibles en pharmacie par un livre de couleur rouge qui dès sa première édition n’a cessé de s’agrandir et de s’épaissir et dont l’inventeur, Louis Vidal (1878-1945), qui n’était ni médecin, ni pharmacien, mais un visionnaire à l’origine d’une véritable croisade en faveur de l’abandon par le médecin de ses habitudes ancestrales de « formulation » des substances au profit de la prescription de spécialités détenues par le pharmacien et à lui fournies par des laboratoires. C’est dans ce contexte que le sieur Vidal investit dans les fiches pharmacologiques qu’il crée en faveur de produits dont elles véhiculeront composition, propriétés, indications, posologie et prix auprès de l’ensemble des médecins du territoire, leur libellé étant uniformisé.

Novatrices, ces fiches connaissent un véritable succès, mais elles n’en présentent pas moins l’inconvénient d’être peu pratiques dans leur classement. C’est donc sur la demande de nombreux médecins qu’elles vont être reliées en un rouge « Dictionnaire des spécialités pharmaceutiques » signé de Louis Vidal et de son associé Henri George, publié pour la première fois en 1914, au prix de 3 francs-or (10 euros d’aujourd’hui).

L’évolution du Vidal est rapide. En 1914, la première édition format poche (8 x 12 cm) compte 131 laboratoires annonceurs et 336 produits. En 1933, les chiffres explosent puisque 689 annonceurs y décrivent 7 304 produits.

Quant à la 90e édition parue au début de cette année 2014, elle comporte dans ses 3 500 pages aux dimensions multipliées par 7 (23 x 30 cm), près de 3 000 monographies proposant 5 800 médicaments provenant de 348 laboratoires. Les chiffres du tirage connaissent eux-mêmes une progression constante : 4 000 exemplaires en 1922, 18 000 en 1932 mais à partir de 1946, alors que depuis son origine le Vidal est adressé gratuitement aux médecins, est créée une édition payante afin de permettre aux pharmaciens, chirurgiens-dentistes, vétérinaires, caisses de sécurité sociale etc., de se le procurer. Ainsi, l’édition de 1953 est adressée gratuitement à 30 306 praticiens et 10 000 exemplaires sont vendus, ces chiffres passant rapidement en 1963 à 45 142 pour les premiers et 17 427 pour les seconds, en 1973 à 50 000 et 55 000, en 1983 à 73 000 et 77 000, en 1989 à 85 000 et 86 000 et en 2013 à 105 000 et 120 000. Depuis décembre 1989, il existe aussi une édition informatisée. Par ailleurs, le Vidal a inspiré la création de nombreux dictionnaires de spécialités pharmaceutiques, à l’étranger, dont la Rote-List en Allemagne (1935), le PDR – Physan’s desk reference – aux Etats-Unis (1947), le Data Sheet Compendium en Grande-Bretagne (1956), le Compendium en Suisse (1978), le Compendium en Belgique (1983), et le REFI en Italie (1991).

Même si tout cet historique ne concerne pas directement tous les licenciés de l’Hexagone, à partir de 1986 le Vidal va apporter sa contribution à l’information des cyclistes mais aussi de tous les sportifs, via leurs médecins, sur les substances prohibées lors des compétitions sportives. En effet, c’est pendant le ministère d’Alain Calmat, l’ancien patineur devenu chirurgien, que sera décidé d’inclure chaque année la liste des substances prohibées en pratique sportive. De 1986 à 2000, la liste figurant en début d’ouvrage ne comportait que les dénominations communs internationales (DCI) depuis 2001 a été ajouté la liste des spécialités pharmaceutiques interdites (noms commerciaux des médicaments). Autre innovation d’importance apparue dans l’édition du Vidal 1989, la mention pour sportifs incluse dans la fiche du médicament à la rubrique mise en garde : « L’attention des sportifs sera attirée sur le fait que cette spécialité contient un principe actif pouvant induire une réaction positive des test pratiqués lors des contrôles antidopage ».

 La malédiction du Vidal

En 1914, dans la première édition du Vidal, figure la fiche d’un médicament : le Kolayo®, une association de caféine et de cocaïne, destiné à régénérer et réguler le fonctionnement des organes sécréteurs. A la rubrique ‘’indications’’, en dehors de l’anémie, de la dépression ou des longues convalescences, le Kolayo® est proposé comme « Tonique et stimulant pour cyclistes ». Dès le début de son histoire, le vélo est associé au dopage… avec les touristes et les chasseurs.

KOLAYO

Cette information se trouve également dans la notice présente dans le conditionnement. Aujourd’hui, à moins d’être illettré, il n’est plus possible d’invoquer l’ignorance pour prendre un produit pharmaceutique, se retrouver positif (ve), clamer son innocence, rappeler son militantisme contre le dopage et taxer d’incapables les spécialistes qui font la liste. Rappelons que le Vidal est la lecture de chevet favorite de tous ceux qui veulent bouster leurs performances par la chimie.

VIDAL 4

Article écrit fin août 2014 et publié dans Cyclosport Magazine n° 100, octobre 2014

Dictionnaire Vidal « Libres-échanges »

Depuis le milieu des années 1960, les sportifs en général et les cyclistes en particulier consultent le Dictionnaire Vidal à la recherche des médicaments pouvant booster leurs performances. Florilège de commentaires sur le gros livre rouge.

Philippe Boyer (FRA), pistard, champion de France du km 1983, 1985, 1986, 1987 et vice-champion du monde en 1985 : « Au téléphone, le bon docteur François Bellocq dressa la liste des commissions. Des corticoïdes, mais pas n’importe lesquels, du Synacthène®, du Célestène®, des produits délivrés seulement sur ordonnance et indétectables aux contrôles. Mon Vidal ne me quittait pas. J’y cherchais alors les symptômes associés à la prise de ces médicaments : des allergies provoquant rougeurs et gonflements. Nous n’avons fait ni une ni deux : je me frottai les yeux et déboulai dans la première officine de Salbris : « J’ai oublié mon Célestène® à Paris. Je ne peux plus respirer… » Emu par ma détresse, le pharmacien me délivra tout ce dont Bellocq nous avait parlé. Cette farce de potache avait fonctionné à merveille. Nous étions prêts pour Los Angeles. » [in « Champion, flic et voyou ». – Paris, éd. de La Martinière, 2003. – 235 p (pp 92-93)]

Bernard Chalchat (FRA), président directeur des laboratoires Ciba-Geigy, France, et membre de l’Académie nationale de pharmacie : « De nombreux coureurs et soigneurs avaient fait du dictionnaire Vidal leur livre de chevet, au point d’en connaître certaines monographies sur le bout des ongles. Pour eux, aujourd’hui, Internet a très avantageusement remplacé le Vidal. Sans compétences particulières, ils peuvent y trouver publications scientifiques, recettes, produits, modes d’emploi et approvisionnement à domicile, permettant à leurs propres risques, un dopage court-circuitant le corps médical et la distribution pharmaceutique. » [Le Quotidien du Médecin, 27.11.2000]

Stéphane Desaulty (FRA), athlétisme : 3000 m steeple et cross, sanctionné pour dopage en 2003 : « Pour l’EPO, j’avais acheté le Vidal qui est la vraie bible des sportifs. La page de l’Eprex, je la connaissais par cœur : la pharmacologie, la posologie… Ensuite, je suis allé acheter des tampons à Carrefour et j’ai fabriqué de fausses ordonnances avec lesquelles je me rendais dans les hôpitaux. » [L’Equipe Magazine, 23.08.2014]

Dr Yannick Guézennec (FRA), physiologiste de l’effort et chercheur au laboratoire de santé des armées (IMASSA) : « C’est la foire à la pharmacie. La plupart des sportifs qui se dopent utilisent la dernière édition du Vidal (le dictionnaire des médicaments) étudient rapidement les propriétés des nouveaux médicaments en fonction de l’effet recherché et se font leur petit cocktail. » [Le Monde, 13.10.1987]

Marc Iorio (FRA), athlète de niveau national, spécialiste du 400 m haies de 1984 à 1994 : « A force la dope ça devient une véritable culture. Tu te tiens au courant de ce qui marche et des derniers arrivages. On a tous un Vidal et on connaît parfaitement les listes de substances et leurs appellations. L’athlétisme n’est pas au niveau du vélo, mais il faut bien l’avouer, c’est pas mal. » [in Bordenave Y. et Simon S. .- Paroles de dopés .- Paris, éd. J.-C. Lattès, 2000 .- 210 p (p 134)]

Désiré Letort (FRA), cycliste professionnel de 1965 à 1973 :

  1. « J’ai tout compris en 1965 à la suite d’une chute dans Paris-Bruxelles. On s’est retrouvés à 50 par terre. Et qu’est ce que j’ai vu ? des « fléchettes » (des seringues) et de la « topette » (des dopants) répandus partout sur la route. Les gars essayaient de ramasser les seringues, les ampoules. Je ne m’imaginais pas que c’était à ce point-là. Mais je m’y suis mis, comme tout le monde. Comme j’avais envie de savoir ce que je prenais, j’ai étudié le Vidal. J’étais devenu un peu le spécialiste. » [L’Équipe Magazine, 1994, n° 647, 16 juillet, p 46 ; L’Express, 23.07.1998] 
  2. « Aujourd’hui avec une grande honnêteté, Désiré Letort reconnaît : ‘’Comme les autres, j’ai pris des amphétamines, une thérapie très mal employée à l’époque ; je connaissais le Vidal par cœur, j’étais devenu un passionné de médecine.’’ ».

[in « Gaston Plaud, un gentleman du cyclisme » par Serge Brard et Jean-Claude Fillaud. – Mérigny (36), Association des amis de Mérigny et de ses environs, 2009. – 239 p (p 133)]

Dr Jean-Pierre de Mondenard (FRA), médecin du sport : « Seuls quarante-cinq groupes de substances sont interdits, soit trois cents médicaments sur les onze mille contenus dans le Vidal, le dictionnaire qui donne la liste de tous les produits pharmaceutiques. Si un médecin ne peut rien trouver dans les 10 700 restant pour soigner une rhinite, qu’il se reconvertisse ! »       [Télé 7 Jours, 04.08.1984]

Dr Patrick Nédélec (FRA), médecin antidopage sur le Tour de 1982 à 1994, médecin des équipes Castorama (1995), Gan (1996) : « Pendant mes deux ans à la tête d’une équipe, la demande était incessante, par des coureurs qui connaissaient le Vidal mieux que moi ! Ils s’arrangent pour l’avoir, ils le feuillettent, ils m’appellent ensuite : « Tiens ce produit-là, tu crois vraiment… ». Psychologiquement, ils ont besoin de quelque chose à tout prix. »[Le Journal du Dimanche, 10.11.1996]

 Claude Sudres (FRA), manageur de l’équipe cycliste Gan-Mercier de 1972 à 1976 : « Les coureurs vivent avec le Vidal comme compagnon, ce répertoire des médicaments, et cherchent des produits qui pourraient les aider. Ils font des expériences. »[L’Équipe, 27.10.1976]

PLUSIEURS VIDAL