La gymnaste américaine Simone Biles, grâce à une AUT (Autorisation d’usage à des fins thérapeutiques)accordée par l’AMA pour ce genre de produit (méthylphénidate, proche parent des amphétamines) a engrangé quatre médailles d’or aux Jeux olympiques de Rio en 2016. Alors que l’AMA a été piratée, une information délivrée par les hackers russes faisaient état de cas de dopage masqué par la Fédération américaine. Simone Biles, dont le nom apparaît dans le message, a tenu clarifier la situation.
Depuis le 10 novembre 1999 et sa création dans les suites de l’affaire Festina du Tour de France 1998, l’Agence mondiale antidopage communique à tout va sur ses contrôles soi-disant performants… Ca se discute !
A propos des AUT (Autorisation d’usage à des fins thérapeutiques), selon un sondage très récent Odoxa pour RTL et Winamax, il ressort que 48% des Français interrogés estiment – dans le but de renforcer la lutte antidopage – qu’une interdiction s’avère nécessaire.
La radio RTL, dans le 8e arrondissement de Paris
Problème : il est quasi certain que la majorité des sondeurs, tout comme le public sollicité, ignorent l’alpha et l’oméga à la fois de la définition et de la réglementation des AUT.
Lorsqu’on sait que c’est un incompétent qui pose la question à un ignare, on comprend mieux pourquoi les statistiques contribuent à la désinformation. Que de temps perdu par Odoxa afin de sonder…1003 personnes pour diffuser une statistique sans aucune valeur !
Le dopage est traité dans les médias nationaux (L’Equipe, le Monde, Libé, etc.) par des journalistes ayant comme caractéristique première d’être des ‘’analphabètes du corps’’ et de n’avoir jamais suivi un cursus pour prescrire des médicaments.
A partir de là, comment peuvent-ils sérieusement commenter des affaires de dopage où les substances pharmacologiques sont au cœur du débat. Quand Bradley Wiggins défend la légitimité de son AUT en expliquant qu’il soigne son asthme avec des injections de triamcinolone, aucun journaliste français ne relève l’erreur thérapeutique.
Au final, pour être désinformé sur le dopage, lisez la presse nationale !
L’Equipe, 26 septembre 2016
Y-a-t-il un médecin à la Sky pour nous expliquer depuis quand on soigne l’asthme par une injection intramusculaire de triamcinolone ?
Dans le milieu hippique, on préserve la santé des chevaux en interdisant à un concurrent quadrupède blessé ou malade de trotter ou galoper en compétition même sous médication. Pendant la période de soins, il reste à l’écurie ou au pré et ne retourne sur les hippodromes que les urines et le sang épurés de toute drogue.
Chez l’homme, avec la règle des AUT (Autorisation d’usage thérapeutique) on permet aux athlètes blessés ou malades à continuer à jouer ou à courir sous médication malgré un problème de santé perturbant l’appareil locomoteur – et donc tout en limitant la douleur d’aggraver la pathologie –
Merci au CIO et à l’AMA pour bafouer ainsi l’éthique médicale
N° 35
Les revues spécialisées en sport sont encombrées d’analphabètes du corps qui écrivent sur la diététique, les blessures et les soins alors que leur CV est aussi plat qu’un ECG d’individu en arrêt cardiorespiratoire. Et pourtant le patron du journal, lui aussi ignare sur tous les aspects médico-sportifs, n’y voit rien à redire. Comme le disait si bien Mark Twain : « Faites attention quand vous lirez des articles sur la santé. Vous pourriez mourir d’une faute d’impression. »
Il a reçu des injections de corticoïdes (triamcinolone) – substances prohibées par le Code mondial antidopage – au prétexte qu’il serait asthmatique.
En réalité, et classiquement, cette affection respiratoire chronique est traitée par des corticoïdes inhalés ou en comprimés et non par la triamcinolone injectable invoquée.
Bradley Wiggins, vainqueur du Tour de France 2012
Des hackers russes ont piraté les fichiers de l’Agence mondiale antidopage (AMA) et publié les données de nombreux athlètes de premier plan ayant participé aux Jeux de Rio en août dernier. On apprend ainsi que sous couvert d’Autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT), ces sportifs pouvaient prendre des produits dopants en toute légalité. Rappelons que ce système a été mis en place au début des années 2000 afin que des athlètes ayant une affection plus ou moins chronique puissent se soigner avec des produits figurant dans la liste rouge dans la mesure où il n’existe aucun traitement alternatif efficace non prohibé.
Sauf que les AUT étant sous le contrôle des Fédérations (nationales et internationales) et de l’AMA – des instances qui n’ont jamais démontré qu’elles étaient réellement indépendantes – poussent à la triche. Pour cette raison, le cas de Bradley Wiggins dénoncé par un groupe de hackers, interpelle le médecin que je suis.
L’Equipe, 18..2016
Un traitement de l’asthme spécial Tour de France totalement inapproprié
Dans L’Equipe du 18 septembre, on apprend que Wiggo a reçu des injections d’un corticoïde interdit – la triamcinolone – pour traiter un asthme avant les Tours 2011, 2012 et le Giro 2013. Pour se justifier, le cycliste britannique explique que : « l’injection de triamcinolone est un traitement intramusculaire pour l’asthme approuvé par les autorités sportives » et qu’il avait une AUT pour ce motif.
Sauf que la triamcinolone en intramusculaire n’est pas le traitement de l’asthme mais de la rhinite allergique ainsi que de problèmes rhumatologiques ce qui bien sûr n’est pas la même chose.
Rappelons que l’asthme est lié au spasme, à la congestion et à l’hypersécrétion des bronches. Rien à voir avec l’inflammation de la muqueuse des fosses nasales.
Donc, la triamcinolone connue en France sous le nom de Kenacort retard® n’est pas le bon traitement de l’asthme ; en revanche ce corticoïde pris par voie intramusculaire est un dopant très prisé par le peloton cycliste mais malheureusement pour eux détectable depuis 1999 d’où les AUT qui fleurissent en nombre.
Autre étonnement, on apprend que ce traitement « antiasthmatique » n’a été autorisé que pour les Tours 2011, 2012 et le Giro 2013.
Si on comprend bien, Wiggo a été asthmatique à trois reprises et à chaque fois seulement pendant quelques semaines… avec des injections intramusculaires de triamcinolone surtout destinées à soigner… une rhinite allergique !
En lisant les points de vue de Jérôme Chiotti, David Millar et Philippe Gaumont, vous comprendrez, chers lecteurs, qu’il faut être vraiment naïf pour croire à cette fable. Et pourtant, l’UCI (Union cycliste internationale) et l’AMA (Agence mondiale antidopage) n’y ont vu que du feu.
Au final, se pose la question : doit-on retirer le maillot jaune de vainqueur du Tour 2012 à Bradley Wiggins ?
Triamcinolone injectable : point de vue de trois consommateurs cyclistes qui confirment que c’est un produit dopant performant
A – Jérôme Chiotti, cycliste professionnel de 1994 à 1997, passé aux aveux en avril 2000
Jérôme Chiotti
« C’est trois jours avant Paris-Nice, en 1994, pour ma première année pro chez Catavana que je me suis injecté mon premier corticoïde, un Kenacort 80® (triamcinolone) retard. A ce moment-là, personne ne s’inquiétait de savoir si le coureur en avait vraiment besoin ou pas. » [Aujourd’hui en France, 11.08.2000]
2. « Le Kenacort 80® (triamcinolone) je me l’étais procuré chez le pharmacien du coin. C’est un équipier qui me l’avait conseillé amicalement : « Si tu veux suivre gamin, c’est le minimum ». Cent pour cent de l’équipe fonctionnait aux « corticos », des néo-pros aux plus anciens. » [Aujourd’hui en France, 11.08.2000]
3. “ J’ai acheté des seringues à insuline. Il faut un peu se contorsionner pour se piquer seul au bon endroit dans la fesse. Mais il suffit de l’avoir vu faire une fois pour se débrouiller. Comme il s’agit d’un médicament à effet retard, plus les journées passaient sur Paris-Nice, plus les charges de travail augmentaient et mieux je me sentais. » [Aujourd’hui en France, 11.08.2000]
4. « Utilisé à des fins médicales, le Kenacort retard® (triamcinolone) est réputé être actif pendant trois semaines. C’est ce qui en fait « le » produit idéal pour le Tour de France.» [Aujourd’hui en France, 11.08.2000]
5. « Il n’est pas conseillé d’en faire plus de deux par saison, sous risque de se « cramer ». J’ai vu des coureurs en faire six, voire sept, en pure perte. En ce qui me concerne, je m’étais injecté la moitié de la dose trois jours avant Paris-Nice, puis l’autre moitié en milieu de semaine. J’avais renouvelé l’expérience sur le Midi Libre. » [Aujourd’hui en France, 11.08.2000]
6. « Les corticoïdes, ça file la pêche ; ça permet d’aller au-delà de ce qu’on peut faire. » [Aujourd’hui en France, 11.08.2000]
B – David Millar, cycliste professionnel de 1997 à 2014, passé aux aveux en 2004
David Millar
1. Avant de tomber dans le cadre de l’affaire Cofidis, l’Ecossais David Millar avoue qu’il a lui-même obtenu une AUT pour un motif infondé : « Si tu voulais être dans le système, tu jouais et moi j’ai joué. J’utilisais de la Ventoline® (salbutamol). Je croyais que j’avais de l’asthme parce que j’avais des problèmes de bronchite mais depuis j’ai fait des tests et je n’ai rien. Comme tu crois que cela te donne un avantage, alors tu en prends. Maintenant, je n’ai plus rien dans mon carnet médical. » [Le Parisien, 04.10.2006]
2. Tout n’est pas réglé non plus. On parle du retour des corticos… « Ça m’inquiète beaucoup. C’est tellement facile, les corticos (certaines voies d’administration de ces anti-inflammatoires sont autorisés, d’autres non). J’en ai pris. Et, pour moi, c’est ce qui faisait le plus de différence. Presque plus que l’ÉPO. »[L’Equipe Magazine, 2012, n° 1563, 30 juin, p 12]
3. Pourquoi ? « Ça t’assèche. Aujourd’hui, c’est un miracle si j’arrive à descendre sous les 77 kilos. Une injection de Kenacort®(triamcinolone) et je suis à 75 après une semaine, dix jours ! Tu t’imagines le niveau de performance. Deux kilos à ce niveau-là, c’est énorme. Et en course, ça te rend plus fort. La première fois que j’en ai pris après la Vuelta 2001, c’était sur un chrono. J’avais tellement de force que tous mes tendons me faisaient mal. » [L’Equipe Magazine, 2012, n° 1563, 30 juin, p 12]
C – Philippe Gaumont, cycliste professionnel de 1994 à 2004, passé aux aveux en 2004
Philippe Gaumont
Témoignage de Philippe Gaumont, licencié de l’équipe Cofidis : « Il n’y a pas de produits masquants, seulement des « ordonnances masquantes ». Pour la cortisone ou les corticoïdes, il suffit d’avoir une bonne justification thérapeutique pour que les contrôles positifs deviennent négatifs. Voilà comment ça se passe : le médecin de l’équipe t’envoie voir un allergologue, c’est obligatoire. Celui-ci constate que tu es sensible aux acariens et te prescrit un spray. On avait la consigne à chaque fois de demander à tout prix du Nasacort® (triamcinolone acétonide). Pourquoi ? Car c’est un spray qui permet de masquer la cortisone. Quand on va au contrôle, on déclare qu’on est allergique aux acariens, qu’on a une prescription de Nasacort® et qu’on en a pris le matin par voie nasale. Et à côté, on a pu se faire tranquillement une injection de Kenacort® (produit interdit contenant lui aussi de la triamcinolone acétonide) car, au contrôle, on ne sait pas faire la différence entre le spray et l’injection.
Ensuite, le médecin t’envoie vers un dermatologue. Tu te grattes un peu les testicules avec du sel pour lui montrer que tu as des rougeurs et il te prescrit six mois de Diprosone® (bétaméthasone) en pommade. Comme ça, derrière tu peux te faire du Diprostène® (interdit, contenant lui aussi de la bétaméthasone) en injectable sans risquer non plus d’être positif. » [Le Monde, 15.03.2004]
Dans L’Equipe de ce jour, un articulet nous signale que le chef de l’état russe s’en prend aux Autorisations d’usage thérapeutique (AUT) figurant dans la réglementation antidopage du CIO et de l’AMA : « Comment des sportifs sains peuvent également prendre des médicaments interdits aux autres ? »
L’Equipe, 17.09.2016
Tu as raison, Vladimir, mais tu n’es pas crédible ! Tu ferais mieux de balayer devant ta porte.
Le président du Comité international olympique, Thomas Bach, a encensé Vladimir Poutine pour la bonne tenue des JO de Sotchi
Pour rappel, sous ta haute autorité, les sportifs de ton pays prenaient pratiquement tous du meldonium censé protéger le cœur notamment de l’infarctus ou de l’angine de poitrine, alors qu’eux non plus n’étaient pas malades. C’est un remake de la parabole de la paille (AUT) et la poutre (meldonium).
Mais au final comment un analphabète du corps (Poutine) peut-il avoir un avis recevable sur ce thème ?…
Vladimir Poutine, chef de l’état russe et ”ministre des sports” de son pays
POST IT
Au moment de l’affaire du meldonium, Poutine nous avait expliqué que les athlètes russes se soignaient et qu’ils étaient blancs comme neige.
Pourquoi la lutte antidopage hippique interdit-elle toutes les substances en considérant qu’un cheval malade ou blessé – le temps d’être soigné – reste au pré ou à l’écurie et ne peut reprendre la compétition que lorsqu’il n’est plus sous traitement et que les substances médicamenteuses ont été éliminées ?
Chez l’homme, dans le cadre d’une compétition, il est possible de prendre des produits dopants pour traiter des affections aussi banales que tendinites (infiltration de glucocorticoïdes), irritation bronchique, inflammation cutanée, etc.
Les sœurs Williams
Les sœurs Williams citées par les hackers ‘’russes’’ mais avec elles de nombreux autres sportifs ayant participés aux jeux de Rio en août dernier, sont ‘’dénoncés’’ comme ayant des autorisations d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) permettant l’usage légal de corticoïdes lors des compétitions. En dehors des AUT, ces substances font partie de la liste rouge. Il y a une forte probabilité que les deux sisters des courts aient lu la biographie d’André Agassi « Open » parue en 2009 et comportant de nombreux passages où le King de Las Vegas explique en long et en large le soutien inestimable de ces substances, à la fois anti-inflammatoires puissantes et euphorisantes.
éditions Plon, 2009
A l’époque de la carrière d’Agassi les corticoïdes ne sont pas interdits ni recherchés par les instances du tennis, donc il n’est pas nécessaire d’obtenir des AUT. En 2004, l’Américain ne manque pas d’air pour glorifier la lutte antidopage sur les courts : « Une des choses que l’on peut dire, c’est que notre sport est à la pointe – ou l’un de ceux les plus à la pointe de la lutte contre le dopage. Je suis certain grâce aux contrôles antidopage de l’ATP que les performances de mes adversaires ne sont pas améliorées par des produits interdits. Je suis persuadé de jouer contre des gens clean. » [Associated Press, 13.01.2004]
Agassi et le dopage – Un spécialiste des médications de soutien prohibées
Une contamination accidentelle aux amphétamines
En novembre 2009, à l’occasion de la sortie de sa biographie ‘’Open’’, André Agassi, le lauréat de huit titres en Grand Chelem, fait des aveux a posteriori d’un contrôle positif à la métamphétamine, un stimulant, lors d’un tournoi en septembre 1997. L’ATP accepte « l’excuse-bidon » d’une contamination à son insu du joueur américain. Il n’a pas eu la moindre sanction ou même une simple réprimande.
Des injections de corticoïdes ‘’en rafale’’
« La négociation tourne largement autour du coup de fouet, une injection de cortisone qui calme momentanément la douleur. Mais avant que le coup de fouet fasse effet, il provoque lui aussi ses propres souffrances. J’ai reçu une de ces piqûres il y a quelques jours, je serai donc capable de jouer ce soir. C’était la troisième injection cette année, la treizième de ma carrièreet de loin la plus inquiétante. » (p 13)
« C’est à peine si je peux tenir un téléphone, alors une raquette ! Pourtant j’ai envie d’y aller (…) Et puis j’ai un titre à défendre. Je n’ai pas le choix. Juste avant de partir, Gil Reyes prend un rendez-vous chez un médecin réputé être le meilleur de Seattle, pour qu’il m’administre de la cortisone. L’injection fait de l’effet. Je débarque en Europe capable de remuer le poignet sans douleur. » (p 228)
« Au cours des derniers mois, Gil a durci ma préparation physique. Il m’a fait subir un régime de guerrier spartiate et je me sens affuté comme une lame de rasoir. J’ai aussi droit à une piqûre de cortisone, ma troisième de l’année. Il est recommandé de ne pas en dépasser quatre par an. Il y a des risques, préviennent les médecins. On ne connaît pas les conséquences à long terme de la cortisone sur la colonne vertébrale et le foie. Mais je m’en fous. Du moment que mon dos se tient à carreau. » (p 467)
« Au premier jour, je joue contre le Roumain Andrei Pavel. Mon dos m’agrippe à la moitié du match, mais même sir je dois me tenir raide comme une baguette, j’arrive à me dégoter une victoire. Je demande à Darren Cahill de prendre les dispositions pour une injection de cortisone le lendemain. Malgré cette piqûre, je ne sais pas si j’arriverai à disputer mon prochain match » (p 483)
Au moment de sa retraite, Agassi – non sans humour – envisage d’appeler son futur chien Cortisone ! « Pour les enfants, la retraite est synonyme d’animal domestique. Nous leur avons promis, Stefanie Graff et moi, que lorsque je cesserai l’entraînement et que nous ne courrons plus à travers le monde, on achètera un chien. On pourrait peut-être l’appeler Cortisone. » (p 15)
Ce n’est pas sûr qu’il ait tenu sa promesse de donner le nom de cortisone à son cabot !
Dans les ouvrages médicaux sérieux respectant le serment d’Hippocrate, à aucun moment il n’est signalé dans les indications thérapeutiques de la cortisone qu’elle doit être absorbée ou injectée dans l’environnement immédiat de l’effort ou dans un but de performance.
Dès 1980, le Comité international olympique avait déjà ‘’injecté’’ le ver dans le fruit en tolérant les injections d’anesthésiques locaux ou de glucocorticoïdes « seulement dans le but de permettre à l’athlète de poursuivre la compétition ». En 1998, j’avais souligné dans la revue Sport et Vie cette carence du CIO et de sa commission d’analphabètes du corps.
Sport et Vie, 1998, n° 48, mai-juin, p 27
POST-IT
La comparaison avec la lutte antidopage exercée dans le sport hippique où la quasi-totalité des médications sont prohibées en compétition (je le répète : on peut et doit soigner les chevaux en dehors des courses) n’est pas hors sujet. Cette réglementation très stricte n’a qu’un but : préserver la santé des chevaux.
Cette différence d’objectif avec les hommes (AUT = autorisation de tricher et de se doper) montre bien que l’amélioration de la race humaine n’est pas la préoccupation du Comité international olympique.
Signalons que dès 1906, et même avant, le leitmotiv de la Société des courses se concentre sur la santé des quadrupèdes. C’est ce que nous explique le journaliste Fernand Bidault dans La Vie au Grand Air : « L’amélioration de la race chevaline nous intéresse beaucoup plus qu’une amélioration semblable de la race humaine. La constatation d’un record suffit à notre bonheur. Et il est logique que la descendance des athlètes à deux pieds ne soit pour nous l’objet d’aucune étude, puisque nous n’y attachons aucun prix. » [La Vie au Grand Air, 1906, n° 423, 27 octobre, p 790]
Les chevaux mieux soignés que les hommes
Gustave Barrier (FRA), inspecteur général des Ecoles vétérinaires : « Il faut combattre le ‘’doping’’, non tant parce que c’est une manœuvre déloyale qui fausse le résultat des courses, que parce qu’il constitue un danger pour le cheval qui le subit, et porte atteinte à l’intégrité de ses aptitudes génésiques, s’il doit être ultérieurement utilisé comme reproducteur. » [Congrès hippique, 19.06.1913]
Jean-Philippe Bouchard (FRA), journaliste à France Football : « Si la prise de conscience – récente et médiatique – au sujet du dopage s’amplifie, le monde du sport va se trouver confronté à une alternative qu’il n’avait pas réussi à ignorer jusque-là : bannir réellement le dopage ou l’officialiser. Refuser le dopage, comme tous les bons sentiments l’exigent, c’est d’abord tenter de le détecter. C’est loin d’être le cas. Aujourd’hui, les moyens de détection chez les chevaux sont plus importants que chez les hommes. » [Marianne, 10.11.1997]
Dr Stanislas Burstin (FRA), médecin fédéral de la FFF : « On est frappé de stupeur à l’idée de l’inertie face au dopage, des athlètes, comparée à la sévérité des mesures et à l’efficacité du contrôle des courses de chevaux. » [France Football Officiel, 26.07.1960]
Daniel Courtot (FRA), laboratoire de toxicologie de l’école vétérinaire de Lyon : « Faire effectuer à un cheval une épreuve alors qu’il serait dans l’impossibilité de concourir sans l’aide d’anesthésiques locaux pour masquer une boiterie, est un procédé dangereux. En effet, l’origine de cette boiterie peut être une lésion dont la gravité ne peut que s’accroître à la suite d’un effort physique. » [Daniel Courtot. – le dopage chez le cheval. – Paris, éd. André Leson, 1977. – 59 p (p 33)]
Dr Georges Maylin (USA), professeur associé de toxicologie à l’Université Cornell (USA) : « Les hommes serviraient la plupart du temps de “cobayes” dans l’utilisation des drogues avant qu’elles ne deviennent d’un usage courant dans les courses hippiques. » [L’Équipe, 03.01.1981]
Test de la fonction cardiorespiratoire chez un cheval à l’effort