Dopage – Record toutes catégories : un cycliste testé positif à 12 substances bat d’une courte tête un rugbyman qui, lui, avait pris un cocktail de… 11 produits

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[publié le 07 mars 2017]

En fait, ce sont les sportifs et les personnes âgées qui creusent le trou de la sécu.

Depuis les années 1960, on sait que la médicalisation de la performance a atteint un niveau difficilement dépassable. Dans la confrérie des avaleurs de « dragées de confort », il y a des sportifs boulimiques.

Incroyable mais vrai : 50 comprimés par jour

 C’est ainsi que l’on peut apprendre en lisant l’ouvrage « La Médecine sportive » du docteur américain Gabe Mirkin, que Bob Scharf, le recordman officieux de cette spécialité non encore reconnue par les instances internationales, courait dans les années 1960 à un très bon niveau. Sa dose quotidienne : 50 comprimés sélectionnés dans 19 préparations médicamenteuses différentes.. Pour justifier ce score impressionnant, l’athlète répondait par cette boutade : «  Si elles sont efficaces, je n’en serai que meilleur, sinon, je n’aurai perdu que de l’argent. »

 médecine sportive

 La Médecine sportive. – Les Editions de l’Homme, 1981, 322 p

Cinquante-deux ans plus tard, le demi-d’ouverture bien connu au RC Toulon, Jonny Wilkinson, dans son autobiographie « Mémoires d’un perfectionniste » publiée en 2012, témoigne à propos de la Coupe du monde 2003 en Australie, que l’équipe de Grande-Bretagne était gavée quotidiennement de pilules multicolores : « Certains ont droit à une trentaine de différentes pilules ou comprimés à avaler chaque jour. Ils y tiennent tellement qu’au beau milieu de la nuit on doit se réveiller à intervalles réguliers pour avaler nos doses de protéines ».

Donc, la médicalisation de la performance remonte à des décennies. Pour les deux exemples cités, la plupart des substances ne faisaient pas partie de la liste rouge.

Mémoire d’un perfectionniste. – éditions JC Lattès, 2012, 440 p

12 substances interdites pour un seul homme

En revanche, récemment, deux sportifs – l’un cycliste, l’autre rugbyman – ont atteint des records de consommation de produits dopants. Un pédaleur ‘’allumé’’ dépasse d’une courte tête un rugbyman ‘’survolté’’.

Pour le cycliste, l’affaire s’est déroulée en 2011. C’est RTLsport.be qui la rapporte : « Le Français Alexandre Dougnier a été suspendu trois ans par la Fédération française de cyclisme, après avoir été contrôle positif à pas moins de 12 substances interdites, le 17 mai 2011 à l’occasion d’une épreuve de kermesse à Aubervilliers en France. Ce coureur de 3e catégorie à l’AC Boulogne-Billancourt, présentait dans ses urines des traces de 3’hydroxystanozolol, de 16b-hydroxystanozolol, de 4B-hydroxystanozolol, de 4-méthylhexanamine, de prednisolone, d’oxandrolone, d’épioxandrolone, de tuaminoheptane, de trimacinolone acétonide, de 6B-hydroxymétandiénone et de 17-epiméthandiénone, selon les détails du communiqué de la fédération. »

Le rugbyman dans la roue du cycliste

 En mars 2016, avec ironie, la Gazzetta dello Sport, à propos d’un joueur à XV, salue un véritable record. C’est l’Agence France-Presse via Le Monde qui, le 25 mars 2016, répercute l’information : « Davide Vasta, joueur de l’Amatori Catania, un club de Série B, le troisième échelon du rugby italien, a été contrôlé positif à onze substances interdites lors d’un contrôle hors compétition. Parmi les substances détectées, ce contrôle a permis de déceler essentiellement des anabolisants, notamment la testostérone, le méthandrosténolone, la mestérolone ou la nandrolone. »

Selon le quotidien italien, le onzième produit décelé était probablement utilisé pour « redimensionner les glandes mammaires », le cocktail d’anabolisants ingurgité par le rugbyman pouvant provoquer un développement des seins chez les hommes. Le joueur a été suspendu à titre conservatoire.

Donc, jusqu’à preuve du contraire, c’est le cycliste le recordman du monde et ce pour une molécule de plus.

Alberto Salazar loin derrière

 Sur le même thème de l’hypermédicalisation tous azimuts, L’Equipe du 2 mars 2017, a fait une enquête forcément exclusive visant « la dérive médicamenteuse des athlètes d’Alberto Salazar, coach responsable du Nike Oregon Project (NOP), structure à laquelle appartient le britannique Mo Farah le quadruple champion olympique 5000-10000 m des JO 2012-2016. »

Quand on lit les ordonnances publiées dans L’Equipe à propos des athlètes du Nike Oregon Project Galen Rupp et Shannon Rowbury, il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Salazar joue petit bras.

Le 22 mai 2016, Rowbury, l’athlète américaine spécialiste du 1500 m absorbe les prescriptions de son ordonnance la plus longue qui ne comportent qu’une quinzaine de comprimés. Chiffre très éloigné du marathonien Bob Scharf et des rugbymen de l’équipe d’Angleterre championne du monde 2003.

Une fois de plus, on nous « gonfle » !

    

                                       L’Equipe, 2 mars 2017

POST-IT – Alberto Salazar, un spécialiste des épreuves de fond, au mental jusqu’au boutiste

L’Américain Alberto Salazar, l’un des meilleurs marathoniens des années 1980, a été victime en 1982 d’une hypothermie. Le 19 avril, à l’arrivée du marathon de Boston qu’il avait remporté en 2 heures 8 minutes 51 sec., Salazar dut faire appel aux soins énergiques des médecins pour le… réchauffer. En effet, sa température corporelle tomba à 32°, soit 5° en dessous du niveau thermique de repos et à plus de 6°5 de la température habituelle à la fin d’un 42 km 195 couru par 21° de température ambiante.

Coup de froid : les 4 points boosters

Enveloppé d’épaisses couvertures de laine, l’Américain reçut une perfusion de trois litres de sérum physiologique « enrichi » en dextrose et en sels minéraux. Après 40 minutes de goutte à goutte, sa température remonta progressivement à 36°1. Salazar put alors retourner chez lui.

Alberto Salazar à l’arrivée  du marathon de Boston 1982 a reçu une perfusion de trois litres de sérum enrichie en glucose et sels minéraux

Le cas Salazar n’est pas isolé puisque à l’arrivée de ce même marathon de Boston, nombreux furent les concurrents qui se présentèrent sur la ligne d’arrivée dans le même état que le vainqueur. Dave Costill, physiologiste spécialiste du marathon, a révélé à cette occasion qu’il avait enregistré un 29°4 de température rectale. Ce genre de défaillance survient lorsque quatre facteurs s’ajoutent :

  • ensoleillement direct (absence de nuages qui réfléchissent une partie des rayons),
  • degré hygrométrique bas,
  • fort vent contraire (dès l’arrivée favorise le refroidissement du corps),
  • vitesse de course élevée (lors de l’épreuve de Boston, le meilleur performer mondial (MPM) de l’époque a dû s’employer à fond pour vaincre son compatriote Dick Beardsley, battu seulement de 2 secondes sur… 42 km 195).

L’explication de ce phénomène est la suivante ; lorsque la course arrive à son terme, le coureur, comme ses vêtements, est couvert de sueur. L’évaporation et le refroidissement, en raison du vent, continuent avec la même intensité que durant l’épreuve, alors que la production de chaleur diminue brutalement.

4 ans avant l’hypothermie, il s’était coltiné un coup de… chaud !

 La régulation thermique se trouvant ainsi profondément perturbée, et en très peu de temps, la température du corps qui avait grimpé pendant l’exercice, peut chuter très bas pour atteindre le stade d’hypothermie tel que celui qu’a présenté Salazar lors du marathon de Boston. Pour éviter cette conséquence fâcheuse, il est indispensable de rester actif après l’effort de manière à limiter le refroidissement, par ailleurs inévitable, puisque la chaleur alors produite est beaucoup moins importante que celle dégagée pendant la course.

A l’inverse, Salazar, à l’arrivée de The Falmouth Road Race – épreuve de 7 miles en août 1978 dans l’Etat de Massachusetts –  a été victime d’un coup de chaleur. Sa température corporelle avait atteint 41°5 sous l’action conjuguée d’un temps chaud et humide et d’un effort intense. Pour le refroidir, on avait dû le plonger dans une baignoire de glace et on pensait sa dernière heure arrivée. Ce jour là, son père, qui se trouvait parmi les spectateurs, avait déclaré : « Un jour, à force de faire des efforts aussi inouïs, mon fils mourra. » Le 30 juin 2007, le triple vainqueur lauréat du marathon de Big Apple est victime d’une attaque cardiaque qui nécessite 8 jours d’hospitalisation.

Alberto Salazar (vêtu de noir)  accompagnant Lance Armstrong lors du marathon de New York 2006

Pour l’anecdote, âgé de 48 ans le 5 novembre 2006, Alberto Salazar a accompagné pendant 16 km le cycliste Lance Armstrong lors de son premier marathon de New York. Joan Benoit Samuelson, la championne olympique de 1984, a fait les 16 km suivants et c’est le Marocain Hicham El Guerrouj – champion olympique du 1500 m en 2004 – qui a couru les 10 derniers kilomètres. En raison de ses sanctions pour dopage dans le Tour de France, le temps d’Armstrong – 2 h 59’ 36 sec. – a été effacé en 2012 par les organisateurs de l’épreuve newyorkaise.

 

 

 

 

 

 

L’Equipe – Le Grand Bêtisier XXL continue…

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[publié le 18 février 2017]

En contradiction avec les faits, L’Equipe du 16 février 2017 nous raconte que Lance Armstrong a battu Marco Pantani au sommet du Ventoux, le 13 juillet, lors de la 12e étape du Tour de France 2000 !

Le 16 février dernier, Philippe Brunel nous propose un mastic de gros calibre. Son article intitulé : « Armstrong rattrapé par son passé » s’interroge sur l’utilisation par le Texan d’un vélo à moteur dès sa première victoire finale du Tour 1999.

Des performances artificielles

En place à L’Equipe depuis 1980, Brunel, qui a pourtant fait ses classes sous la houlette de Pierre Chany, une grande plume de la presse sportive, nous sort un résultat inversé inattendu…

Dans son article, l’ancien cycliste amateur de l’AC XXe devenu journaliste, afin d’accréditer sa thèse des performances artificielles du Sanglier d’Austin a listé quelques pistes :

1 – La vitesse de jambes : « On n’avait jamais vu un coureur tourner aussi vite les jambes en montagne, sans accroc, sans discordance dans la pédalée » (voir POST-IT sur la fable de la vitesse de jambes)

2 – Le fait qu’l batte des supergrimpeurs en montagne, notamment Marco Pantani, sur l’emblématique ascension du Géant de Provence : « Et sur le Ventoux, où avait-il (Armstrong) PUISÉ LA FORCE DE BATTRE Marco Pantani, le dopé, qui voyait en lui – de manière prophétique – non pas un coureur cycliste mais un ‘’personnage fictif’, un ‘’héros de bande dessinée’’, une sorte de ‘’Spiderman’’. »

Une bévue inexpliquable…

Cette bévue est d’autant plus étonnante que ce journaliste, fleuron de la rubrique vélo à L’Equipe, spécialiste du cyclisme transalpin, a publié après la mort de Pantani un livre complet sur le lauréat du Tour 1998. Rappelons la passe d’arme entre Marco Pantani et Lance Armstrong dans le final de la 12e étape Carpentras-Le Mont Ventoux le 13 juillet 2000.

A la télévision, en plan serré comme en large, on voit bien que, le petit Italien a du mal à suivre mais l’Américain – bien que plus fort  – ne lui dispute pas le sprint à fond. Et Pantani gagne l’étape !!!

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Au passage de la ligne d’arrivée, 1er Pantani, 2e Armstrong

classementTour de France 2000 – Les vainqueurs d’étape – Marco Pantani gagne la 12e devant Lance Armstrong

Le lendemain, dans L’Equipe du 17 février 2017 qui suit la publication du papier de Brunel sur l’éventuel vélo à moteur utilisé par le Cauchemar de Greg LeMond, on ne trouvera aucun errata. Visiblement, dans le quotidien basé à Boulogne-Billancourt, tout le monde s’en fout des lecteurs. Ou alors ils fonctionnent comme François Fillon : « N’avoue jamais » … que tu t’es planté.

POST-IT

Armstrong : la fable de la vitesse de jambes abracadabrantesque

Dès 1955, Jean Leulliot, un journaliste féru de technique cycliste, avait décrit à propos de Charly Gaul – un grimpeur exceptionnel souvent stimulé aux amphétamines – des cadences de pédalage de 110 à 115 tours-minute qui, quarante-quatre ans plus tard, ne seront pas dépassées par l’Américain :

Charly Gaul :

Texte du journaliste Jean Leulliot : « Charly Gaul est le seul coureur à qui le qualificatif de phénomène puisse être accordé. Le Luxembourgeois, âgé seulement de 22 ans, a adopté les principes des cyclotouristes et cela lui a réussi à merveille. Il pousse de petits développements et, grâce à un entraînement intensif, il tourne les jambes à une grande vitesse. Il ne pousse pas… il tourne. Sa cadence tours-minutes est beaucoup plus élevée que celle des autres coureurs. Le nombre de tours-pédales est de 60 tours-minutes, ce qui correspond aux pulsations du cœur. Or, Charly Gaul, quand il attaque dans un col, tourne à 110 ou 115 et sur le plat il tourne à 70-75. L’emploi des petits développements lui donne une efficacité fantastique dans ses démarrages en montagne. Il n’est pas rare de le voir employer 47 x 25, soit 3,95 m en montagne, alors qu’en ce passage Louison Bobet employait 47 x 21, soit 4,70 m.Presque toujours, Gaul s’est servi de 50 centimètres de moins que le champion du monde. » [Route et Piste, 03.08.1955]

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Charly Gaul dans le col du Galibier, Tour de France 1955

Lance Armstrong :

Lance Armstrong évoque souvent l’augmentation de sa fréquence de pédalage pour expliquer sa force, notamment en montagne : « C’est comme si on disait à quelqu’un qui n’a jamais utilisé un ordinateur qu’il suffisait d’appuyer sur les touches pour savoir s’en servir. On a beaucoup dit qu’il effectuait 110 ou 115 coups de pédale par minute mais, pendant le contre-la-montre entre Fribourg et Mulhouse (Tour 2000), il tournait plutôt à 100 à 105 coups de pédales à la minute. » [Antoine Vayer. Le Monde, 22.07.2000]

Des bourdes à répétition

 Ce coup de moins bien de Brunel va être précédé d’une bourde de très haut niveau le 10 octobre dernier, signée par un autre rédacteur du fameux quotidien sportif et qui évoque la sortie involontaire et définitive de Ronaldo, le footballeur brésilien lors de la finale du Mondial 1998 au Stade de France.

Ainsi, selon ce journaliste sportif, le Fenomeno – l’attaquant vedette de la Seleçao – aurait quitté le terrain en plein match pour avoir fait une crise d’épilepsie provoquée par des infiltrations de corticoïdes quelques heures avant le début de la rencontre.

La bévue était tellement énorme que l’on pouvait penser qu’il l’avait fait exprès !

Visiblement, à L’Equipe, on a la mémoire qui flanche.

Méforme passagère ou mal plus profond ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lance Armstrong, du temps de sa gloire, brocardait à  »tours de roues » ses accusateurs

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Lance Armstrong

 

Avant ses aveux de dopage, Lance Armstrong (LA) brocardait ses accusateurs :

  • Les scientifiques : « Ils ne distinguent pas la droite de la gauche»
  • LA Confidentiel, livre coécrit par Pierre Ballester et David Walsh et publié en 2004 aux éditions de La Martinière : « Des vraies conneries »

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.  Avant sa sortie du peloton en 2011, Lance Armstrong n’avait confiance dans les tests antidopage uniquement lorsqu’ils étaient négatifs. En revanche, la présence d’EPO dans ses urines du Tour 1999 analysées rétroactivement en 2004 par le labo antidopage français (LNDD) ne lui convenaient plus – alors que jusque là LA louait le professionnalisme du LNDD – et là ipso facto après la révélation par L’Equipe en août 2005 des violations des règles antidopage, le Yankee faisait passer subitement la structure analytique française de la première place mondiale au statut de lanterne rouge des labos estampillés Comité international olympique.

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Le laboratoire national de dépistage du dopage (LNDD) basé à Chatenay-Malabry (92)

 

 

TDF – Greg LeMond – pour rabaisser Lance Armstrong au niveau d’un coureur de rang inférieur – s’appuie sur la physiologie qu’il a apprise dans L’Equipe. Quelle imposture !

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L’entretien de L’Equipe du 18 juillet signé Philippe Brunel était consacré à Greg LeMond redevenu, par la grâce de l’UCI, le seul américain lauréat du Tour.

 

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L’Equipe, 18 juillet 2016

 

 

  •  Le VO2 max : on écrit bien le pour le volume maximal d’oxygène
  • A notre connaissance, Ed Coyle n’a jamais été sanctionné par l’UCI

Une grande partie de l’interview est consacrée au suivi physiologique d’Armstrong par Ed Coyle (directeur du laboratoire de performance humaine de l’université du Texas à Austin).

 

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Greg Lemond

 

La Pintade (surnom du triple vainqueur du Tour) s’appuie sur les chiffres du VO2 max d’Armstrong fournis par Ed Coyle pour affirmer qu’avec ce faible niveau, le Texan ne pouvait atteindre 475 à 500 watts en montagne pendant trente minutes même avec de l’EPO ou une transfusion sanguine.

 

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Lance Armstrong lors d’un test d’effort

 

Sauf que les tests effectués par Coyle l’étaient en période de faible activité cycliste [janvier, novembre, août 1997 (époque à laquelle Armstrong était convalescent de son cancer des testicules)]. Il faut savoir que pendant cette période, les chiffres du VO2 max peuvent chuter de 30%.

Donc, toute la démonstration du Kid de Sacramento, physiologiste autoproclamé, tombe à l’eau !

 

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Greg Lemond lors d’un test d’effort

 

Un coureur expérimenté comme LeMond devrait savoir qu’à l’intersaison, les chiffres d’un bilan d’aptitude physiologique sont ‘’mauvais’’. Par exemple, en dehors du VO2 max, le pourcentage de graisse double : de 5-6% pendant la saison, il passe à 10-11%, voire plus, l’hiver. Pour être à la fois plus précis et plus clair, je renvoie les lecteurs à un article que j’avais rédigé pour le n° 100 de la revue bimestrielle Sport et Vie de janvier-février 2007.

Ce texte analysait l’ouvrage « LA Officiel » paru en juin 2006. Il est probable que LeMond s’est inspiré des commentaires de Michaël Ashenden, un hématologue orienté vers les manipulations sanguines, qui, visiblement, n’a jamais assuré un suivi de VO2 max tout au long de la saison d’un cycliste de compétition ! ..

POST-IT

Dans cet article, mon but n’est pas de faire passer Lance Armstrong pour un ‘’mec bien’’, respectueux de l’éthique mais de montrer que l’on peut faire dire n’importe quoi avec les chiffres, notamment ceux du VO2 max des champions. Des résultats peuvent être biaisés par le manque de rigueur des hommes de laboratoire pratiquant les tests mais aussi par l’interprétation erronée des chiffres comme c’est le cas ici par Greg LeMond et Michael Ashenden ; celui-ci a pourtant un cursus de physiologiste mais probablement pas celui d’un spécialiste assurant le suivi médical d’un cycliste de compétition tout au long de la saison.

LA OFFICIEL (critique livre)Télécharger le dossier complet

« Le système de dopage le plus sophistiqué, le plus professionnel et le plus efficace que le sport ait jamais vu… »

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En réalité, il était haut de gamme mais pas plus avangardiste que celui de ses adversaires directs ou des Allemands de l’Est des années 1980

 Dans son rapport, l’USADA s’arrange avec les faits pour glorifier la réussite de son action antidopage.

Le 10 octobre 2012, le fameux rapport sur les activités biologiques occultes de Lance Armstrong et de sa bande est mis en ligne un peu avant 14 heures. Il fait 202 pages. Annexes comprises, ce rapport s’étalait sur plus de 1 000 pages. Tout était là, même la question de George Hincapie à Armstrong : « Je peux t’emprunter de l’ÉPO ? » et la réponse de son capitaine de route : « Oui ».

Armstrong avoue dès 1996

Dans son pavé, l’USADA qualifiait le dopage au sein de l’US Postal de « programme le plus perfectionné, le plus professionnel et le plus efficace que le sport ait jamais vu ». Sauf que le 27 octobre 1996, dans une pièce de l’Indiana hospital, Armstrong avait révélé à ses médecins – mais aussi devant témoins, notamment Frankie Andreu , son coéquipier, et Betsy l’épouse de ce dernier – qu’il avait pris de l’hormone de croissance sous sa forme humaine, de l’ÉPO, de la testostérone, des stéroïdes anabolisants et de la cortisone. Ce jour-là, il ne parlera pas de transfusions sanguines que l’ÉPO remplace efficacement dans la mesure où elle ne sera décelable qu’en 2001. Après cette date, il passera aux transfusions sanguines. Toutes ces drogues sont parfaitement connues des cadors du peloton ; donc rien de bien révolutionnaire. Détaillons les produits consommés par Lance Armstrong durant toute sa carrière, de 1992 à 2010.

 Le quintet de la dope

Transfusions sanguines – Elles ont été expérimentées au début des années 1970, notamment en athlétisme. En 1976, un coureur du Tour de France reçoit trois transfusions échelonnées durant les trois semaines de course, remporte trois étapes et, au général, termine sur le podium. En 1984, aux Jeux de Los Angeles, l’équipe américaine sur piste voit certains de ses membres subir une homotransfusion, c’est-à-dire avec un sang compatible (un parent donneur). Au final, l’équipe américaine rafle neuf médailles sur quinze possible. Cinq de ses médailles sont en or. Ces faits étaient antérieurs de huit ans aux débuts professionnels de Lance Armstrong.

Erythropoïétine (ÉPO) – Les premiers témoignages de consommation d’ÉPO dans un but de performance, remontent aux Jeux de Calgary en 1988. La démonstration de l’efficacité de cette hormone multiplicatrice de globules remonte au printemps 1994 lorsque l’équipe Gewiss place trois de ses coureurs sur le podium après avoir lâché tous leurs rivaux.

Testostérone (hormone mâle) – Cette substance hormonale fabriquée prioritairement par les testicules ‘’fréquente’’ les enceintes sportives depuis le début des années 1950. Elle a été prohibée à partir des JO 1984 parce que quatre ans plus tôt à Moscou, des tests expérimentaux effectués a posteriori des compétitions olympiques et dans un but d’optimisation des recherches analytiques avaient montré que 10 à 15% des médaillés olympiques des deux sexes avaient recours à la testostérone. A l’époque d’Armstrong et afin de déjouer plus facilement les contrôles, le seul changement concernait le mode d’administration du produit qui d’injectable ou en comprimés, s’appliquait dorénavant localement par l’intermédiaire d’un gel cutané.

Glucocorticostéroïdes ou en langage du peloton ‘’les corticos’’ – Ces produits anti-inflammatoires, anti-douleurs, euphorisants sont dans la pharmacie itinérante des géants de la route depuis… le début des années 1960. Donc, rien de bien nouveau pour les corticoïdes qui bien que prohibés par l’UCI depuis 1978, n’ont été décelables qu’à partir de 1999 (1er cas positif d’Armstrong sur le Tour blanchi par l’UCI).

Hormone de croissance (hGH) – Substance à la fois anabolisante (épaississement musculaire) et lipolytique (fonte des graisses), elle pénètre les paddocks athlétiques aux JO de 1980. Alors qu’elle est interdite par le CIO en 1989, à ce jour les laboratoires agréés ont toujours beaucoup de mal à la détecter en raison de son passage sanguin ultrarapide. A notre connaissance, le premier et seul coureur positif à l’hGH lors d’un contrôle est l’Allemand Patrik Sinkewitz épinglé le 27 février 2011.

Comme on peut le constater, les différentes drogues de la performance utilisées par Armstrong et certains de ses lieutenants n’étaient pas plus sophistiquées que celles de ses prédécesseurs en jaune mais aussi de ses adversaires directs tels que Jan Ullrich, Marco Pantani, Alex Zülle, Ivan Basso. Signalons à l’attention de Travis Tygart, le patron de l’USADA, un avocat qui cause sur les substances dopantes sans avoir une quelconque légitimité pour donner un avis médical supérieur à celui des piliers du « Bar des sportifs », que les produits utilisés dans un but d’orgie motrice n’aient pas beaucoup changé en trois décennies, a surtout permis aux médecins dopeurs de se perfectionner afin d’accroître les solutions pour déjouer les contrôles.

Article publié dans Cyclosport Magazine, n° 98, juillet 2014