Il a perdu un mois plein ! Dorénavant, son parcours pour être prêt pour le Mondial au Qatar s’écrit en pointillés…








L’articulation d’un genou comporte 2 ménisques (interne et externe), 2 ligaments croisés (antérieur et postérieur), 2 ailerons rotuliens (interne et externe) et 2 ligaments latéraux (interne et externe).
Mais on a aussi deux pieds, deux hanches, deux jambes. Il est rarissime que lors d’un match de foot ou de rugby, on abîme les deux à la fois. Or, c’est seulement dans L’Equipe où on se rompt les deux croisés en même temps.
Dans la vraie vie des stades, 90% des ruptures concernent le ligament croisé antérieur.
Pourquoi écrire correctement : le sportif X s’est rompu le ménisque interne ou externe, la jambe droite ou gauche, la hanche droite ou gauche au singulier et les croisés au pluriel ?
La preuve pas les textes : échantillonnage des analphabètes en anatomie.
Ci-dessous quelques exemples puisés dans L’Equipe où l’on nous sert la ‘’mort’’ des croisés au pluriel.
19.11.2016, p 26 Foot – rupture des ligaments croisés de Morgon
19.11.2016, p 32 Foot – Carasco qui a été opéré d’une rupture des LC survenue le 23.01.2016
02.05.2017, p 18 Rugby – Patricio Albacete (rupture des LC)
03.05.2017, p 26 Rugby – Vincent Martin (idem)
22.05.2017, p 39 Foot – Zlatan Ibra (idem)
29.05.2017, p 24 Foot – Zlatan Ibra (idem)
27.05.2017, p 8 Foot – Alexandre Letellier (idem)
Inversement, lorsque le Belge Eden Hazard – joueur de Chelsea – se fracture la cheville droite, il n’est pas mentionné dans L’Equipe (05 juin 2017, p 15) que ce sont les deux chevilles.
POST-IT
Journalistes dits sportifs, arrêtez d’écrire « lésions des croisés » alors que la plupart du temps, c’est un seul qui est touché. Les lecteurs méritent une information correcte. Ce sont eux qui vous paient !!!!
Chaque genou comporte 2 ménisques, 2 croisés, 2 latéraux, 2 ailerons. Il est rare qu’on pète les deux à la fois.
Comme disait le philosophe et homme politique Mahatma Gandhi : « L’erreur ne devient pas vérité parce qu’elle se propage et se multiplie ».
1907 – Tour de France – Marcel Cadolle (FRA) : carrière brisée
Texte du journaliste Achiel Van den Broeck : « Marcel Cadolle, puissant jeune coureur, se cassa le genou dans le sprint final à Nîmes et fut de ce fait perdu à tout jamais pour le sport cycliste (…) Ce fut alors que dans la septième étape Nice-Nîmes, au sprint final le pauvre Marcel Cadolle toucha si durement un chariot rangé sur le bord de la route qu’il se cassa le genou d’une façon si malheureuse que toute la science humaine ne pourrait plus jamais le rendre apte au sport cycliste dont il était à ce moment déjà, quoique fort jeune encore, un des plus brillants sujets(…)
… Suite : en fichier joint – Des géants de la route à la rotule cassée (PDF)
POST-IT
Le 05 avril dernier, Alaphilippe chute à 50 km de l’arrivée à Saint-Sébastien et, difficilement, termine l’étape à 16 minutes des favoris. Le lendemain, malgré la douleur qui le handicape, il boucle les 174 km de la 4e étape en terminant à… 12 mn 29 du gros de la troupe.
Au total, il a roulé 224 km avec un genou récalcitrant.
Après sa chute violente sur le genou droit, Alaphilippe a donc fait en deux jours 224 km en course. Il est probable que c’est cette « prolongation » avec sa blessure qui a été responsable des suites chirurgicales et de sa longue indisponibilité.
Chaque sport a son talon d’Achille (la zone la plus exposée aux lésions)
– Boxe : traumatisme crânien, fracture des métacarpiens
– Cyclisme : genou (cartilage rotulien)
– Course à pied : tendinite d’Achille
– Football : lésions musculaires de la cuisse, ligament croisé antérieur du genou
– Rugby : en dehors des entorses du genou, des lésions musculaires, on constate de plus en plus de commotions cérébrales.
– Sprinteurs (100 m) : lésion des ischio-jambiers
– Tennis : épicondylite (tendinite du coude)
Julian Alaphilippe après son opération du genou droit
POST-IT
Lors d’une chute avec choc direct du genou sur le macadam, un trottoir, un ralentisseur…, on risque :
- Une fracture de la rotule,
- Une lésion du cartilage,
- Une contusion ou une rupture du tendon quadricipital ou rotulien
- Une meurtrissure du surtout fibreux rotulien
Pour les 1, 2, 3, continuer à rouler s’avère très difficile, voire impossible
En ce qui concerne le Français de l’équipe Quick-Step, lors de sa chute, il a tapé fort le ‘’surtout fibreux rotulien’’, tissu faisant le lien entre le tendon quadricipital de la cuisse qui s’attache sur le haut de la rotule et le tendon rotulien qui part de la base de cet os en forme de galet pour se fixer sur le haut du tibia. Il est clair que la répétition des milliers de fois de la flexion du genou a aggravé la lésion. C’est un peu comme si vous aviez une plaie sur le dos de la main et qu’avec une pierre ponce, plusieurs fois par jour, vous frottiez la zone à nue. Facile à comprendre qu’avec un tel traitement (continuer à rouler seul), il y a très peu d’espoir que la partie du corps traumatisée cicatrise rapidement.
Une image pour comprendre pourquoi lors du pédalage ça tire un max sur le ”surtout rotulien”
Avec, après la gamelle, un arrêt immédiat des efforts cyclistes de compétition associés à des soins médicaux adaptés (ne pas tirer sur la zone), il est probable que le puncheur de Montluçon aurait repris beaucoup plus tôt.
Problème : c’est qu’en course, un professionnel victime d’une chute n’a qu’un objectif : récupérer son vélo si celui-ci est intact ou celui d’un équipier, voire un mulet et repartir pour rejoindre le plus rapidement possible le paquet dans lequel il se trouvait juste avant la chute.
On a vu à plusieurs reprises des cyclistes – malgré une fracture (comme par exemples : clavicule, omoplate, hanche, etc.) – continuer la course jusqu’à son terme. Seulement, pour Alaphilippe, manque de chance, c’est le genou et dans cette situation il est trop risqué de continuer à pédaler. C’est là que le staff compte tenu de son expérience de ce genre de traumatisme et des conséquences pour la suite de la saison doit intervenir et faire preuve de fermeté en lui imposant l’arrêt immédiat.
L’Equipe, 07 avril 2017
POST-IT
Mieux on connaît son corps, mieux on sait s’en servir
RETRO : La rotule ”cassée” d’Albert Bouvet
Cyclo Coach, 2011, n° 18, août-septembre, pp 44-45